Billeder på siden
PDF
ePub

question : quand la loucherie est double, faut-il opérer les deux yeux, et, dans le cas d'affirmative, faut-il ou non opérer les deux côtés dans la même séance? Nous ne suivrons pas M. Baudens dans la solution qu'il donne de ces questions et de quelques autres encore. Car bien que comme il le dise, son enjeu fût très lourd quand il s'est occupé du strabisme, qu'il avait à y perdre un labeur de vingt années de travaux scientifiques, une haute position dans la chirurgie militaire, et la confiance dont l'honore le second fils du roi, cependant nous n'avons trouvé de neuf, à la lecture attentive de sa brochure, que ces trois faits, savoir: qu'il a enrichi la langue française des mots loucherie et anomalique; qu'il a composé une préface dont le style lui sera envié par tous les fourriers de l'armée d'Afrique, et qu'enfin il a exécuté en deux mois de huit à neuf cents opérations de strabisme, le tout sans un seul insuccès !!

4° Du strabisme. Opérations pratiquées pour sa guérison, par ED. SIMONIN.

[ocr errors]

Cette petite brochure éditée à Nancy ne peut être considérée que comme un écho lointain du bruit que fit à Paris l'application de la myotomie à la guérison du strabisme. M. Simonin y fait connaître cinq cas où il eut recours à l'opération avec quelque succès; il admet trois variétés de strabisme, d'après leur origine : 1o strabisme conséquence de l'opacité des milieux de l'œil; 2° strabisme, suite de la portée inégale des yeux; 3° strabisme par contraction musculaire. La première variété doit toujours être respectée; la deuxième peut, dans certains cas, être combattue par une volonté énergique, mais l'opération est destinée à y remédier souvent ; quant à la troisième variété, l'opération seule peut en opérer la guérison.

Le procédé qu'il a suivi dans les cinq cas qu'il rapporte, est, à quelques modifications près, celui de Dieffenbach; ainsi, au lieu d'une seconde airigue, il se sert d'une pince pour soulever la conjonctive, et coupe cette membrane avec un couteau; mais le soulevement du muscle se fait avec le crochet mousse, et sa section s'opère avec des ciseaux.

Ce petit ouvrage a dû donner quelque célébrité à M. Simonin dans la ville où il exerce, et lui amener quelques malades; ailleurs il pourra donner la preuve du bon esprit et de l'adresse de son au

teur.

5o Lettre du chevalier d'Ammon à M. Dieffenbach sur le traitement du strabisme par la myotomie.

Voici enfin un ouvrage sur le strabisme conçu et exécuté dans un but tout scientifique, écrit par un homme savant et honorablement connu, qui n'avait aucun intérêt à dire autre chose que ce qu'il avait vu, et que ce qu'il croyait être la vérité. Nous voulons en donner une analyse complète, celle-ci dût-elle être la critique des autres travaux qui ont été faits sur le même sujet.

Dans sa lettre à M. le professeur Dieffenbach sur le traitement du

strabisme par la myotomie, M. Ammon fait une différence entre la ténotomie et la myotomie oculaire,mais le procédé qu'il emploie répond exactement à celui de Dieffenbach. Après avoir développé les généralités de ce procédé et indiqué ses modifications pour chaque muscle de l'œil, l'auteur passe à l'appréciation des accidents malheureux qui peuvent arriver pendant l'opération. Parmi eux, il compte la contraction spasmodique de l'orbiculaire palpebral qui s'oppose à l'écartement des paupières. Il conseille dans ce cas le repos, en assurant que la reprise de l'opération est mieux supportée. Quand la coujonctive rougit fortement, par suite de l'application des instruments sur les paupières, il conseille de précipiter l'opération. -I arrive quelquefois qu'après avoir écarté les paupières, la graisse, en poussant la conjonctive devant elle, vient former un bourrelet tout autour de l'oeil : l'incision doit alors être faite sur la sclérotique et l'opérateur doit ne pas s'écarter de cette membrane. Il faut éviter une trop grande incision de la conjonctive; si cette incision est trop éloignée de la cornée, il est difficile de tomber sur le muscle qu'on doit couper, et l'on risque de donner lieu à une procidence du tissu cellulaire de l'orbite, à une hémorrhagie, etc. Il faut dans ce cas couper hardiment avec les ciseaux les tissus exubérants, et on voit bientôt si l'on peut se servir de la même incision ou s'il en faut faire une nouvelle. Un praticien évitera facilement une pareille méprise; mais M. d'Ammon avertit qu'il écrit pour les débutants.

***Résultat des observations de l'auteur sur l'état anatomique de la conjonctive et des muscles dans les yeux strabiques. On remarque dans le strabisme convergent que la conjonctive, dans l'angle interne de l'œil, est non seulement d'une pâleur et d'une sécheresse étranges, mais qu'elle est encore plus compacte et plus épaisse que dans l'état normal. M. d'Ammon a observé plusieurs fois des brides de cette membrane entre la sclérotique et la caroncule lacrymale. La conjonctive ne présente rien de cela en d'autres endroits. Quant aux muscles, l'auteur dit avoir quelquefois trouvé que, dans le strabisme divergent et convergent, l'insertion scléroticale des muscles correspondants était un peu plus en arrière ; dans d'autres cas, ces muscles se sont trouvés hypertrophiés, et quelquefois tellement convertis en tissus fibreux qu'ils criaient sous le scalpel; cependant, le plus souvent, ils ne présentèrent aucune anomalie.

Influence de l'opération sur la position, sur le mouvement et les fonctions de l'œil.-Après la dissection de ses muscles, l'œil paraît un peu poussé en avant, les paupières semblent plus bombées et plus écartées. Cette saillie de l'oeil s'observe plus après la résection du muscle droit interne qu'après celle du muscle droit externe. Cet accident a beaucoup d'influence sur la physionomie de l'opéré. Quant à la position de l'œil, elle est différente suivant les cas; quelquefois le centre de la cornée se place au milieu de l'orbite, quelquefois il y a du strabisme opposé, quelquefois il reste comme il était avant l'opération, quelquefois le strabisme se transmet à l'autre œil. Les mouvements de l'œil ne sont pas génés; ils paraissent même plus libres qu'auparavant, et les

[ocr errors]

mouvements vers le côté opéré peuvent s'exécuter dans la majorité des cas. L'auteur considère comme exception les cas_dans lesquels ces mouvements étaient entièrement anéantis. Quelquefois la pupille s'est contractée après l'opération, et, relativement à la vision, l'auteur a observé les phénomènes suivants : 1° une diplopie; 20 quelques malades voyaient plus clair de l'œil opéré'; 30 l'œil était faible après l'opération, mais il se fortifiait avec le temps. Dans le cas où les deux yeux furent opérés à la fois, l'auteur remarqua 10 très rarement la diplopie; 2° les malades voyaient quelquefois plus clair, quelquefois moins clair qu'avant l'opération. Les changements étaient cependant toujours passagers; 3° dans un cas où l'auteur incisa les muscles droits externes des deux yeux, le malade voyait tous les objets moitié plus petits cet état disparut au bout de quelques semaines; 4o la cécité n'a jamais été observée. Suites traumatiques de l'opération. Il arrive très rarement une hémorrhagie. La sécrétion d'une sérosité sanguinolente s'arrète ordinairement quelques heures après l'opération. La douleur est très rare et les paupières ne s'enflamment jamais. On remarque quelquefois après l'opération une infiltration sous-conjonctivale; elle est devenue, dans un seul cas, un véritable chémosis. On voit avec surprise qu'il se forme quelquefois, deux ou trois jours après l'opération, des ecchymosis dans cette partie de la conjonctive qui n'a pas été intéressée dans l'opération. La suppuration n'y a jamais été observée. Peu de temps après l'opération, on voit les bords de la plaie réunis par une lymphe plastique. Dans ces cas, la guérison marche très vite, et dans quelques semaines on voit à peine une légère cicatrice. Mais si la conjonctive a été excisée et si la plaie reste béante, elle se couvre de granulations excessives. Ces granulations sont accompagnées quelquefois d'une sécrétion mucosopurulente. Ces granulations ne different nullement des granulations des autres plaies; elles se sont attachées une fois à la paupière inférieure, où elles formaient des brides assez fortes.

Traitement après l'opération. Il est double, thérapeutique et orthopédique. Quant au premier, l'auteur recommande les fomentations d'eau froide et l'usage des purgatifs salins. Si l'ecchymose persiste, on ajoute à l'eau froide quelques gouttes de teinture d'arnica. Contre les granulations, il recommande la cautérisation avec le nitrate d'argent ou avec le sulfate de cuivre, mais il accorde la préférence à l'acétate de plomb en solution.

Quant au traitement orthopédique, M. Ammon conseille de bander l'oeil sain et de faire exercer celui qui a été opéré. Cependant, il faut se garder de pousser trop loin cet exercice, car l'expérience démontre que l'autre ceil commence à loucher. Quand on a opéré les deux yeux à la fois, les moyens orthopédiques sont inutiles. Ce qui arrive au muscle coupé. Les suites de l'opération ne sont pas toujours les mêmes. Quand on a coupé le tendon du muscle, il se rétracte un peu, et le tendon coupé s'insère un peu plus en arrière sur la sclérotique. Lorsqu'on a incisé la partie charnue, les deux moitiés se rétractent, alors l'espace intermédiaire se remplit de sang coagulé et plus tard de lymphe plastique, et il se forme enfin une cicatrice. Il arrive quelquefois que cette lymphe plasti

édition. Une classification plus rigoureuse a été établie; la matière médicale a pris une plus grande étendue. Cette partie s'est enrichie de nombreux détails de chimie pharmaceutique et d'histoire naturelle médicale; de nombreuses formules y ont été introduites. Ce sont là des améliorations de la plus haute importance pour le praticien, qui a toujours besoin d'un guide qui le conduise, qui lui rappelle sans cesse ce qu'il a appris, et lui apprenne ce que la science a récemment acquis. Ce sont là des conditions que le Traité dont nous donnons l'analyse remplit très bien, et qui vaudront à cette édition le même succès qu'à la première.

Une amélioration de non moindre importance, c'est celle que M. Pidoux a apportée à son ténébreux chapitre sur la médication antiphlogistique; il l'a considérablement abrégé, c'est bien; il aurait pu le supprimer entièrement, c'eût été bien mieux. M. Pidoux a trouvé encore assez de place pour livrer bataille à toute la génération actuelle. A l'en croire, l'école de Paris est le temple de l'ignorance et de l'erreur, et ceux qu'il appelle les statisticiens sont les sacrificateurs qui immolent sans cesse la raison sur l'autel de ces idoles. Depuis longtemps nous connaissons les opinions de M. Pidoux au sujet de l'école de Paris; mais comment se fait-il qu'elles soient soutenues d'une manière aussi tranchante dans un livre sur le titre duquel nous voyons le nom d'un professeur de cette même école? Nous aimons à croire que tout cela s'est fait à l'insu de M. Trousseau, et si jamais il entreprend un autre ouvrage à deux nous lui souhaitons un autre collaborateur que M. Pidoux.

Heureusement que toutes ces opinions sont trop excentriques pour être dangereuses, et qu'elles n'empêchent pas l'ouvrage de contenir ce qu'il importe aux élèves et aux praticiens de savoir, c'est à dire l'histoire des médicaments, leur action, et les cas qui les réclament. Eh bien! si les rêveries de M. Pidoux se trouvent sous nos pas, comme elles ont une physionomie qui leur est propre, il nous sera facile de les reconnaître et de suivre les conseils de J. B. Rousseau au sujet des vers de Lamothe-Houdard.

Faisons les courts, en ne les lisant point.

V... X.

Imprimerie de FÉLIX LOCQUIN, 16, rue Notre-Dame des Victoires.

MÉMOIRES

ET

OBSERVATIONS.

JUILLET 1841.

NOUVELLES RECHERCHES SUR LES MOUVEMENTS ET BRUITS DU COEUR, ET EXAMEN CRITIQUE DES PRINCIPAUX TRAVAUX QUI ONT ÉTÉ PUBLIÉS SUR CE SUJET.

Par J. H. S. BEAU, médecin du bureau central des hôpitaux.

Il y a peu de questions qui aient été aussi agitées dans ces dernières années, que la question des mouvements et des bruits du cœur. Des recherches sur ce point se sont succédé presque sans relâche depuis la découverte de l'auscultation; mais nulle part, elles n'ont été poursuivies d'une manière plus ostensible que dans la Grande-Bretagne. C'est ainsi que nos confrères d'outre-mer, animés par un zèle qu'on ne saurait trop louer, se sont organisés en comités spéciaux, qui s'assemblent de temps à autre, pour forcer en quelque sorte les difficultés du sujet. Mais malheureusement, les obscurités de la science ne sont pas des êtres auxquels on puisse imposer par l'autorité des personnes ou par un pompeux appareil d'expérimentation; et il est presque inutile de rappeler qu'on ne parvient guère à les dissiper, qu'après de pénibles tâtonnements poursuivis dans le silence et dans le secret de la solitude.

Ce sont surtout ces travaux publiés en Angleterre que j'ai le dessein d'examiner ici. Toutefois, je dois dire que je n'ai pas

III-XI.

18

« ForrigeFortsæt »