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S'épouse-t-on six mois trop tard, Faut-il baptiser un bâtard,

C'est le ciel qui l'ordonne,

Les plaintes fort peu me siéraient; Le ciel et Suzon en riraient.

Eh! zon, zon, zon,

Baise-moi, Suzon,

Et ne damnons personne.

Notre maire, un peu mécréant, A maint sermon répond: Néant. Mais que Dieu lui pardonne! Depuis qu'à sa table il m'admet, J'ai su qu'à deux mains il semait,

Sans bruit faisant l'aumône.

Or, la grace ne peut faillir;
Puisqu'il sème il doit recueillir.

Eh! zon, zon, zon,

Baise-moi, Suzon,

Et ne damnons personne.

Je préside à tous les banquets;
A ma fête j'ai des bouquets,
Et l'on remplit ma tonne.
Mon évêque, triste et bigo,

Prétend que je sens le fagot;

Mais, pour qu'un jour, Mignonne, J'aille où les anges font leurs nids Revoir tous ceux que j'ai bénis, Eh! zon, zon, zon,

Baise-moi, Suzon,

Et ne damnons personne.

LA BOUTEILLE VOLÉE.

AIR: La fête des bonnes gens.

SANS bruit, dans ma retraite,

Hier l'Amour pénétra,

Courut à ma cachette,

Et de mon vin s'empara.
Depuis lors ma voix sommeille;
Adieu tous mes joyeux sons.
Amour, rends-moi ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.

Iris, dame et coquette, A ce larcin l'a poussé,

Je n'ai plus la recette Qui soulage un cœur blessé. C'est pour gémir que je veille, En proie aux jaloux soupçons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.

Épicurien aimable,

A verser frais m'invitant,

Un vieil ami de table

Me tend son verre en chantant; Un autre vient à l'oreille

Me demander des leçons.

Amour, rends-moi ma bouteille,

Ma bouteille et mes chansons.

Tant qu'Iris eut contre elle Ce bon vin si regretté,

Grisette folle et belle Tenait mon cœur en gaîté. Suzon n'a point sa pareille Pour vivre avec des garçons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.

Mais le filou se livre;

Joyeux, il vient à ma voix;
De mon vin il est ivre,

Et n'en a bu que deux doigts.
Qu'Iris soit une merveille,
Je me ris de ses façons:
Amour me rend ma bouteille,
Ma bouteille et mes chansons.

BOUQUET

A UNE DAME AGÉE DE 70 ANS, LE JOUR

DE SAINTE MARGUERITE.

AIR: La Catacoua.

LAISSONS la musique nouvelle;

Notre amie est du bon vieux temps.
Sur un air aussi simple qu'elle,

Chantons des couplets bien chantans.
L'esprit du jour a son mérite;
Mais c'est sur-tout lui que je crains.
Ses traits si fins

Me semblent vains;

Pour les entendre, il faudrait des devins.
Amis, chantons à Marguerite

De vieux airs et de gais refrains.

Elle a chanté dans sa jeunesse
Ces couplets comme on n'en fait plus,
Où Favart peignait la tendresse,

Où Panard frondait les abus.

Contre l'humeur qui nous irrite,
Quels antidotes souverains!

Leurs vers badins,

Francs et malins,

Aux moins joyeux faisaient battre des mains. Ah! rappelons à Marguerite

Leurs vieux airs et leurs gais refrains.

C'est un charme que la mémoire :
On se répète jeune ou vieux.

Les refrains forment notre histoire;
Il faut tâcher qu'ils soient joyeux.
Amusons le temps qui trop vîte
Entraîne les pauvres humains;
Et les destins,

Sur nos festin's

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