ÉLÉGIES DE TIBULLE, TRADUITES EN VËRS. ERR PAR C. L. MOLLEVAUT. SECONDE ÉDITION. A PARIS, Sergens. 1808. ELEGIA PRIMA. AD DELIA M. Divitias alius fulvo sibi congerat auro, Et teneat culti jugera multa soli: Quem labor assiduus vicino terreat hoste, Marlia cui somnos classica pulsa fugent, Me mea paupertas vitæ traducat inerti, Dum meus exiguo luceat igne focus; Nec spes destituat, sed frugum semper acervos Rusticus, et facili grandia poma manu. Aut stimulo tardos increpuisse boves. Desertum, oblita matre , referre domum. Et placidam soleo spargere lacte Palem. seu stipes habet desertus ju agris, ÉLÉGIE PREMIÈRE. A DÉLIE. d'un autre en monceaux d'or entasse ses richesses, De ses nombreux arpens recueille les largesses ; D'importunes terreurs poursuivront son sommeil, Et le clairon de Mars hâtera son réveil. Moi, dans ma pauvreté, rien ne trouble mon âine, Pourvu que mon foyer brille d'une humble flamme, Que la riche espérance emplisse mes greniers, Et d'un vin généreux abreuve mes celliers. Dans la saison propice , avec un art facile , Je greffe mes vergers, je courbe un cep docile; Et, sans honte, mon bras, armé de l'aiguillon, Force mes boeufs tardifs à tracer leur sillon. Je rapporte la chèvre ou la brebis plaintive Qu'oublia dans les champs sa mère inattentive; J'aime à purifier mon fidèle pasteur; Palès voit un lait pur couler en son honneur; Je vénère Palès : soit que miné par l'âge , Un tronc paré de fleurs m'offre aux champs son image, : |