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Reprochez à Valsain ses mœurs,
A Lise ses tendres faiblesses,
Au petit Préval ses hauteurs,
Au grand Dorville ses bassesses;
Chacun, malgré son goût distinct,
Va vous répondre, je vous jure,
Tout animal a son instinct,
Et j'obéis à la nature.

Dorimond prétend que le fils
Dont sa femme le rendit père
A tous les défauts réunis,

Qu'il est méchant, fourbe, colère;
« Contre vous il défend ses droits,
Dit-elle à l'époux qui murmure;
« Monsieur, je vous l'ai dit cent fois,
« C'est un enfant de la nature.

La nature dans nos romans
Brille de parures postiches,
Et de cent poëmes charmants
Elle remplit les hémistiches:
Au moyen du Cosmorama,

On nous la montre en miniature,
Et l'on prépare un opéra

Où l'on fait danser la nature.

On ne voit plus ses favoris
Pour les champs déserter la ville;
On vient l'adorer à Paris,
Et son temple est au vaudeville.

Tel auteur qu'attend le sifflet
Se voit applaudi sans mesure,
Quand, à la fin de son couplet,
Il peut amener la nature.

Dans tous leurs écrits nos auteurs

Font l'éloge de la nature;

Dans leurs visites nos docteurs

Font le procès à la nature.

Nos femmes, pour l'habit, les mœurs,
Se rapprochent de la nature;
Mais en revanche nos acteurs
S'éloignent bien de la nature.

CURIOSITE N'EST PAS VICE.

Tous les vices, à ce qu'on dit,
Étaient dans la boîte à Pandore,
La curiosité l'ouvrit,

Soudain on les vit tous éclore.
Je blâme un caprice indiscret;
Mais en faisant cette malice,

Puisqu'elle était hors du coffret,
Curiosité n'est pas vice.

Maman, qu'est-ce donc que

l'amour?

Demande Laurette à sa mère.

La maman prend un long détour,
Et n'éclaircit point le mystère.
Laurette ailleurs va consultant;
On instruit enfin la novice,
Qui s'enhardit en répétant:
Curiosité n'est pas vice.

Jadis on plaçait dans un puits
La vérité, rare merveille;
Mais on a découvert depuis
Qu'elle est au fond d'une bouteille;
C'est là que nous la cherchons tous;
Le fait vaut bien qu'on l'éclaircisse;
Pour nous convaincre enivrons-nous,
Curiosité n'est pas vice.

L'hymen doit méditer son choix.
Églé, qui craint une méprise,
Éprouve un amant chaque mois,
Tant elle a peur d'être surprise.
D'un époux veut-on s'assurer,
Il faut le voir en exercice;
Pour choisir il faut comparer:
Curiosité n'est pas vice.

Je voudrais savoir quel docteur
Croit à son art que je dénie;
Je voudrais savoir quel auteur
Est mécontent de son génie;
De certains ouvrages vantés,
Où Paris bâille avec délice,

Je voudrais trouver les beautés:
Curiosité n'est pas vice.

Je me demande quelquefois,
Quand je n'ai rien de mieux à faire,
Ce que je suis, ce que je vois,
Ce que nous faisons sur la terre.
Sorti de ce monde falot,

De l'autre, où mon espoir se glisse,
Je voudrais savoir le fin mot:

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ÉLOGE DES ORAGES.

Air: Je croyais pouvoir en tous lieux.

Chaque chose a son beau côté;
J'en pourrais citer mille preuves:
C'est une vieille vérité;

Mais en est-il beaucoup de neuves?
Nous faudra-t-il peindre toujours
Un temps calme, un ciel sans nuages?
On a tout dit sur les beaux jours;
Moi, je veux chanter les

orages.

Du printemps les riantes fleurs

Ne sont encor que des

promesses;

Mais dans ses fécondes chaleurs
L'été prodigue les richesses :
L'automne vient pour attrister
Et notre vie et nos bocages;
L'hiver se passe à regretter
La belle saison des

orages.

Errante au milieu des forêts,
La tendre veuve de Sychée,
De la foudre craignant les traits,
Dans une grotte s'est cachée.
Énée, en ces lieux embusqué,
Du moment saisit l'avantage,

POÉSIES LÉGÈRES.

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