Vous dont le cœur ne peut jamais changer, Bien savez si le ménestrel Mérite les maux qu'il endure; De loyauté, d'aimable courtoisie O mes amis, je veux sur cette rive, Si quelquefois aux danses bocagères, Pressant la tombe solitaire, M. de Longchamp a fait soupirer la romance sur un ton plus brillant. Sans être moins tendre, moins facile, son style a plus d'élévation; avec la même franchise sa douleur a plus d'éclat; mettons le lecteur à méme d'en juger. ᏞᎬ ᎠᎬᏢᎪᎡᎢ, ROMANCE. Il faut partir; adieu, ma Laure; Ces mots: adieu, c'est pour jamais! Le ciel l'ordonne, j'irai vivre Pour moi ne sont pas moins perdus J'observe tout ce que je laisse Pour que tout réponde à mes pleurs. Ces fleurs que j'arrosais moi-même Et toi qui doublais mon ivresse, En doublant à mon œil charmé De celle que je chérissais. M. de Béranger n'a point fait de romance proprement dite; il a élevé ce genre de chansons, comme tous les autres, à la hauteur de son talent; le sentiment patriotique qui le domine s'exhale avec le même charme, soit qu'il chante ses plaisirs, ses espérances, ou ses regrets: quelle romance ancienne ou moderne, française ou étrangère, pourrait-on comparer à celle-ci ? PLUS DE POLITIQUE. Ma mie, ô vous que j'adore, Mais qui vous plaignez toujours Que mon pays ait encore Trop de part à mes amours; Si la politique ennuie Même en frondant les abus, Près de vous, j'en ai mémoire, Je racontais les travaux. A notre France agrandie Moi, peureux dont on se raille, Après d'amoureux combats, J'osais vous parler bataille, Et chanter nos fiers soldats. Sans me lasser de vos chaînes, Du nom de Rome et d'Athènes J'effrayais votre gaieté. Quoique au fond je me défie La France, que rien n'égale, Qui fût à craindre pour vous. Oui, ma mie, il faut vous croire; Sans plus songer à la gloire, Sous une ligue ennemie, DES AUTRES GENRES DE POÉSIES LÉGÈRES. Après avoir rapidement parcouru les différents genres de chansons, et avoir prouvé par de nombreux exemples que l'époque actuelle possède un poëte qui a porté à sa perfection cette branche de notre littérature, je vais m'occuper plus succinctement encore des autres inspirations de la poésie légère. J'ai déja dit que la fable, l'apologue, l'épître, le conte, et même la cantate, considérés comme faisant un corps d'ouvrage, appartenaient à un ordre de poésie plus élevée; néanmoins chacun de ces morceaux, pris isolément, peut trouver sa place dans un recueil de poésies fugitives. Je crois pouvoir me dispenser de parler de la ballade, du rondeau, du triolet, et même du sonnet, dont on ne parle plus depuis long-temps; ainsi ma tâche se réduit à -faire ici mention du madrigal, de l'épigramme, du quatrain, du distique et de l'inscription, dont se compose aujourd'hui (en y comprenant la chanson comme partie principale) le domaine de la poésie légère. LE MADRIGAL. Ce mot vient-il du grec mandra (bergerie), ou de la ville de Madriga, en Espagne? C'est aux étymologistes à prononcer sur cette importante question: s'il fallait me décider, en attendant, je serais assez porté à croire que la ville espagnole, dont les habitants se sont fait une réputation dans ce genre de poésie, a donné le nom au madrigal. Ce petit poëme, qui s'élève rarement au-dessus de six |