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Vous dont le cœur ne peut jamais changer,
Tendres amants, naïves pastourelles,

Bien savez si le ménestrel

Mérite les maux qu'il endure;
Son amie est fausse et parjure.
Pauvre Blondel! pauvre Blondel!

De loyauté, d'aimable courtoisie
Toujours donna bon exemple et leçons;
Toujours disait, en ses douces chansons,
Qu'amour constant est charme de la vie.
Las! pleurez sur le ménestrel;
En perdant maîtresse volage,
Il regrette encor son servage.
Pauvre Blondel! pauvre Blondel!

O mes amis, je veux sur cette rive,
Et parmi vous me choisir un tombeau;
Vous suspendrez à quelque jeune ormeau
Du troubadour la guitare plaintive:
En l'agitant, du ménestrel
Les vents racontant l'aventure,
Répéteront dans leur murmure :
Pauvre Blondel! pauvre Blondel!

Si quelquefois aux danses bocagères,
Parmi les jeux, les innocents plaisirs,
De mon tourment les tristes souvenirs
Font soupirer les folâtres bergères.
En silence, du ménestrel

Pressant la tombe solitaire,
Leur main gravera sur la pierre :
Pauvre Blondel! pauvre Blondel!

M. de Longchamp a fait soupirer la romance sur un ton plus brillant. Sans être moins tendre, moins facile, son style a plus d'élévation; avec la même franchise sa douleur a plus d'éclat; mettons le lecteur à méme d'en juger.

ᏞᎬ ᎠᎬᏢᎪᎡᎢ,

ROMANCE.

Il faut partir; adieu, ma Laure;
Adieu, mes amis les plus chers;
Demain nous serons, dès l'aurore,
Séparés par les vastes mers.
Mon cœur se gonfle et se déchire,
Chaque instant accroît mes regrets;
Sans expirer pourrai-je dire

Ces mots: adieu, c'est pour jamais!

Le ciel l'ordonne, j'irai vivre
Perdu dans un autre univers;
Sans un seul ami pour me suivre,
Et parler de ceux que je perds.
Parents chéris, fidéle amie,

Pour moi ne sont pas moins perdus
Que si j'eusse quitté la vie....;
Et j'aurai les regrets de plus.

J'observe tout ce que je laisse
Avec d'autres yeux qu'autrefois ;
Tout m'attache, tout m'intéresse :
Je tiens à tout ce que je vois.
De mes chagrins l'ame oppressée,
Je parle à tout de mes douleurs;
Et je prête à tout la pensée

Pour que tout réponde à mes pleurs.

Ces fleurs que j'arrosais moi-même
Loin de mes yeux vont se flétrir;
Fidele au bon maître qu'il aime,
Mon chien peut-être va mourir.
Sensibles à mon infortune,
Mes amis d'abord me plaindront.
Puis chassant l'idée importune,
Avant ma mort ils m'oublieront.

Et toi qui doublais mon ivresse,

En doublant à mon œil charmé
Tous les attraits de ma maîtresse
Dans les bras de son bien-aimé,
Glace, ton cristal infidéle
Va sourire à d'autres objets;
Et peut-être es-tu le modèle

De celle que je chérissais.

M. de Béranger n'a point fait de romance proprement dite; il a élevé ce genre de chansons, comme tous les autres, à la hauteur de son talent; le sentiment patriotique qui le domine s'exhale avec le même charme, soit qu'il chante ses plaisirs, ses espérances, ou ses regrets: quelle romance ancienne ou moderne, française ou étrangère, pourrait-on comparer à celle-ci ?

PLUS DE POLITIQUE.

Ma mie, ô vous que j'adore,

Mais qui vous plaignez toujours

Que mon pays ait encore

Trop de part à mes amours;

Si la politique ennuie

Même en frondant les abus,
Rassurez-vous, ma mie;
Je n'en parlerai plus.

Près de vous, j'en ai mémoire,
Donnant prise à mes rivaux,
Des arts, enfants de la gloire,

Je racontais les travaux.

A notre France agrandie
Ils prodiguaient leurs tributs;
Rassurez-vous, ma mie,
Je n'en parlerai plus.

Moi, peureux dont on se raille,

Après d'amoureux combats,

J'osais vous parler bataille,

Et chanter nos fiers soldats.
Par eux la terre asservie
Voyait tous ses rois vaincus.
Rassurez-vous, ma mie,
Je n'en parlerai plus.

Sans me lasser de vos chaînes,
J'invoquais la liberté ;

Du nom de Rome et d'Athènes

J'effrayais votre gaieté.

Quoique au fond je me défie
De nos modernes Titus,
Rassurez-vous, ma mie,
Je n'en parlerai plus.

La France, que rien n'égale,
Et dont le monde est jaloux,
Était la seule rivale

Qui fût à craindre pour vous.
Mais, las! j'ai pour ma patrie
Fait trop de vœux superflus.
Rassurez-vous, ma mie,
Je n'en parlerai plus.

Oui, ma mie, il faut vous croire;
Faisons-nous d'obscurs loisirs.

Sans plus songer à la gloire,
Dormons au sein des plaisirs.

Sous une ligue ennemie,
Les Français sont abattus.
Rassurez-vous, ma mie,
Je n'en parlerai plus.

DES AUTRES GENRES

DE POÉSIES LÉGÈRES.

Après avoir rapidement parcouru les différents genres de chansons, et avoir prouvé par de nombreux exemples que l'époque actuelle possède un poëte qui a porté à sa perfection cette branche de notre littérature, je vais m'occuper plus succinctement encore des autres inspirations de la poésie légère.

J'ai déja dit que la fable, l'apologue, l'épître, le conte, et même la cantate, considérés comme faisant un corps d'ouvrage, appartenaient à un ordre de poésie plus élevée; néanmoins chacun de ces morceaux, pris isolément, peut trouver sa place dans un recueil de poésies fugitives.

Je crois pouvoir me dispenser de parler de la ballade, du rondeau, du triolet, et même du sonnet, dont on ne parle plus depuis long-temps; ainsi ma tâche se réduit à -faire ici mention du madrigal, de l'épigramme, du quatrain, du distique et de l'inscription, dont se compose aujourd'hui (en y comprenant la chanson comme partie principale) le domaine de la poésie légère.

LE MADRIGAL.

Ce mot vient-il du grec mandra (bergerie), ou de la ville de Madriga, en Espagne? C'est aux étymologistes à prononcer sur cette importante question: s'il fallait me décider, en attendant, je serais assez porté à croire que la ville espagnole, dont les habitants se sont fait une réputation dans ce genre de poésie, a donné le nom au madrigal.

Ce petit poëme, qui s'élève rarement au-dessus de six

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