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Et bonne vieille, au coin d'un feu paisible,

De votre ami répétez les chansons.

La chanson de boudoir appartient au genre érotique; on y peint en habit de cour l'amour libertin du grand monde; et le jargon sentimental qu'on y emploie n'est que la parure indécente des nudités qu'il feint de couvrir. Collé est le père de la chanson de boudoir, dont je ne trouve pourtant que deux exemples dans le recueil complet de ses chansons qu'on a bien fait de publier en 1807. Je donne la préférence à la complainte d'une femme à sentiment sur l'arrangement d'une dame de cour, par la seule raison que la première appartient plus particulièrement à l'espèce.

AIR: De mon berger volage.

Dans le siècle où nous sommes,

Qu'on aime faiblement !

L'on ne peut chez les hommes

Trouver de sentiment;

Tircis n'est point volage,

Mais son cœur est usé;

Se peut-il qu'à son âge
Un cœur soit épuisé?

Tu jures que tu m'aimes;
Mais c'est si froidement !

Tircis, tes serments mêmes
Redoublent mon tourment.

Laisse le vain langage
Des serments superflus;
Aime-moi davantage,
Et ne le jure plus.

Quels destins sont les nôtres !
Pourquoi suis-tu mes pas?

Tu n'en aimes point d'autres,
Mais tu ne m'aimes pas.

Quand ton cœur léthargique
N'est plus sensible à rien,
Ingrat, ce qui me pique
C'est que je sens le mien.

Comment! rien ne ranime
Tes desirs languissants!....
Ce n'est pas que j'estime
Les vains plaisirs des sens;
Mais que ton cœur s'enflamme
Du moins par mes transports
Eh quoi! même ton ame

A perdu ses ressorts!

Entre plusieurs chansons de ce genre, où M. de Longchamps me paraît avoir surpassé Collé, je citerai

C'EST IMPOSSIBLE.

Air du vaudeville de Comment faire.

Vous abusez de mon amour,

Vous tourmentez un cœur sensible

(Disait Orphise à Célicour);

Non, non, monsieur : c'est impossible.

Célicour était jeune, beau:
Orphise, malgré sa colère,
Le suit sous un épais berceau,
Et lui dit d'un ton moins sévère :
Vous abusez de mon amour;
Je suis trop bonne et trop sensible.
On peut venir.... ah! Célicour!
Finissez donc.... c'est impossible.

Orphise est déja dans les bras
Du cher coupable qu'elle adore;
Sa voix expire.... mais tout bas
On l'entend murmurer encore:
Vous abusez de mon amour;
Finissons un combat pénible;

Je ne saurais,.... cher Célicour;
Vous le sentez, c'est impossible.

On pardonne le premier tort
En faveur d'une double offense;
Mais cet amant, si fier d'abord,
Tout-à-coup perdit contenance.
Vous abusez de mon amour,
Dit Orphise; ah dieu! c'est horrible!
Me joueriez vous un pareil tour!
J'espère que c'est impossible.

Le moment n'était pas heureux;
Célicour fuit, on le rappelle :
Mais en s'esquivant tout honteux,
De loin il répète à la belle :
Vous abusez de mon amour;
Vous êtes vraiment trop sensible :
J'en suis fâché; mais, mon tour
Je dis Ma foi c'est impossible.

LA CHANSON GRIVOISE.

La chanson grivoise est dans la poésie légère ce que la caricature est dans l'art du dessin; une débauche de raioù tout est vrai, ressemblant, mais exagéré jusqu'à la charge. Dans ce genre, mais dans ce genre seulement, Collé le dispute à Béranger, avec lequel M. Désaugiers a lutté quelquefois sans trop de désavantage.

Marotte, de Collé, Paillasse, de Béranger, et le pot pourri de la Vestale, par Désaugiers, sont, à mon avis, les trois chefs-d'œuvre de ce genre de chansons; je citerai les deux premières.

J'ai la marotte

D'aimer Marotte;

MAROTTE.

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