ÉPIGRAMME Traduite du grec. Niobé, par les dieux en pierre transformée, SUR LE LIVRE DE SOUVENIRS DE LAURE T***. L'amitié, je l'avoue, est trop ambitieuse, ÉPIGRAMME. Damis de six chevaux attelle sa berline; Où court-il donc si vite? hélas! à sa ruine. AUTRE, Traduite de l'espagnol. Un fossoyeur, dans le terrestre asile, Et dans son dernier domicile Il ne savait ce qu'il devait en faire : Jetez, jetez, lui dit quelqu'un; C'est encore, j'en jure, un des os du défunt. LA LAVANDE ET LA ROSE. FABLE. Fière de fixer autour d'elle Un essaim léger de flatteurs, De s'entendre sans cesse appeler la plus belle, Elle se croyait un prodige, Et peut-être l'aurait été Du haut de sa tige épineuse Elle insulte à toutes ses sœurs; « Le lis n'a point d'éclat, l'œillet n'a point d'odeurs; « Pour la jonquille langoureuse, « On n'en dit rien, et sans la tubéreuse - " Elle serait la dernière des fleurs. << Le souci, la triste pensée «< Ont du moins un mérite égal, << Tous deux sont la ressource usée « De l'insipide madrigal. « C'est à bon droit que chacun raille << Il figure dans le jardin, « Mais c'est autour de la muraille. Que je plains le sort rigoureux « De ce Narcisse pâle et blême! « Comme autrefois, le malheureux « Est réduit à s'aimer lui-même. « La violette, en se cachant aux yeux, «De bon sens, de justice offre au moins un modèle; Je ne dis rien de l'immortelle; « On doit respecter ses aïeux. << Mais cherchons bien, ajoute-t-elle, Voyons quelle autre fleur on peut de bonne foi << Mettre en parallèle avec moi. » Près d'elle était l'humble lavande Elle lui dit tout bas : « Je prends l'engagement « Donnez-moi deux jours seulement. << -J'y consens, répond l'arrogante; Mais, poursuit-elle, en balançant « De son front radieux la richesse élégante, « Deux jours seraient trop peu; je t'en accorde cent. -Deux suffiront. » La seconde journée Commence à peine, et la rose est fanée; Tout est passé; par un retour funeste, La solitude l'environne: Enfin pour comble de tourments, Autour de la lavande elle voit ses amants. << Connaissez-moi, lui dit sa modeste rivale, « Et gardez-vous de redouter Qu'à vos maux je veuille insulter! « Mais souffrez un trait de morale. «< Hier encor vous régniez dans ces lieux; Du temps Quand vous attiriez tous les yeux; « Vos attraits ne brillent qu'un jour. « Comme vous je perds ma fraîcheur, Mais, plus heureuse en ma disgrace, « Je conserve encor mon odeur. » Vous à qui s'adresse ma fable, Jeunes filles, songez-y bien; La beauté du bonheur n'est qu'un faible soutien ; Assurez-vous un appui plus durable. Fleur si brillante des beaux ans Bientôt doit vous être ravie: Parfum d'esprit, de vertus, de talents, |