Grace sur-tout à la boussole, Nous atteignons ce cap jadis si redouté, Dont Gama découvrit le dangereux passage le Camoens dans ses vers a chanté. Et que Deux peuples différents habitent ce rivage : L'un a des lois, des chefs, des habits, des vaisseaux; L'autre, dans les forêts errant à l'aventure, Sans maîtres et sans lois, ne suit que la nature, Et ne connaît de soins que ceux de ses troupeaux, Quel contraste étrange et bizarre! Ici le Hollandais avare, Riche en ducats, pauvre en vertus, Dans ses travaux infatigable, Assiège jour et nuit le temple de Plutus. Préférant son indépendance Au luxe, à la magnificence, Et riche du peu qu'il lui faut, Plus content sur son chariot Que l'avide Batave au sein de l'opulence. J'avais lu dans un grave auteur Que dans ce pays la nature Avait fait don à la pudeur D'une assez gênante ceinture. Je veux pénéter cette affaire, Ce sombre et féminin mystère; Mais quand j'ai le fait sous les yeux, Point de voile envieux, point d'obstacle au bonheur, En Afrique ainsi qu'en Europe; Enfin de la brûlante Afrique Nous quittons les bords dangereux, Et sur l'océan pacifique, Par-delà le brûlant tropique, Nous cherchons un ciel plus heureux. Du sein des mers qui baignent du brachmane Je vois sortir la verte taprobane, Où dom Calmet, rêveur bénédictin, Met le berceau du triste genre humain. Et sans chercher s'il est bien vrai qu'Adam, Mais quel appareil formidable › Nom du vaisseau sur lequel j'étais embarqué. Quelle fureur inconcevable Et, bornant son ambition, Fier d'un triomphe qui l'effraie, Sut, immortalisant son nom, Faire triompher sa patrie Sans désarmer la jalousie Qui le fit mourir en prison. Nous arrivons pleins d'espérance: Le comte d'Ophlise, colonel du régiment d'Austrasie, qui se couvrit de gloire à la bataille de Gondlour. Reparut sur ce bord lointain. C'est là que j'ai vu, mes amis, Où l'on sait fort bien que nos dames Ah! si de ces belles contrées Que la politique enfanta, D'un peuple entier qu'elle extermine; De combien ce fléau pourra Faire baisser la mousseline. Mais, sans rimer la prose de Raynal, Il est temps de rentrer en France, Que sur les pas de l'inconstance En vain on cherche le bonheur. A mes dépens devenu sage, Et sûr qu'on n'est bien que chez soi, Encor sera-ce malgré moi. FRAGMENT D'UNE ÉPITRE A SOPHIE. 1793. Du fond de la retraite obscure Où j'ensevelis ma douleur, mn |