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Un héros!

MONSIEUR GERVAIS.

MADAME GERVAIS,

Qu'en voulez-vous faire?

MONSIEUR GERVAIS.

Un émule de Cicéron?

Un poëte comme Voltaire?

MADAME GERVAIS.

J'irais accoucher en prison.

Guerre et malheur à l'homme habile

Dans ce siècle ignare et falot!

Pour qu'il soit heureux et tranquille, Décidément faisons un sot.

CHANSONNETTE.

J'étais si jeune encore

Quand Lisis me dit qu'il m'aimait.
On ne craint pas ce qu'on ignore;
Pour entendre ce qu'il disait
J'étais bien jeune encore,

A mes pieds il implore

De l'amour le plus doux bienfait:
Je promets un bien que j'ignore,
Pour savoir ce qu'il desirait
J'étais bien jeune encore,

Le feu qui le dévore

Dans mon cœur enfin s'allumait.

Il ose tout ce que j'ignore;

Pour savoir ce qu'il me faisait

J'étais si jeune encore.

COUPLETS IMPROMPTU

A L'OCCASION DE MA SORTIE DE PRISON,

Et chantés à la suite d'un banquet que nous donnèrent quelques amis,

Le 23 mai 1823.

Des jours de ma captivité

J'ai compté la trentième aurore :
Vieux amant de la liberté,

Mais

Je recouvre un bien que j'adore;
pour en jouir avec vous,
S'il faut, abjurant vos lumières,
Louer les méchants et les fous,
Ah! qu'on me ramène aux carrières.

S'il faut de la patrie en pleurs
Repousser la plainte héroïque;
S'il faut à ses vrais défenseurs
Ravir leur couronne civique;
Si du parti de l'étranger

Il faut arborer les bannières;
S'il faut craindre un noble danger,
Ah! qu'on me ramène aux carrières.

Si, pour honorer les cachots,
Thémis, transformée en furie,
Entassait dans ses noirs caveaux

Talents, vertus, gloire, génie;

Si l'erreur ou la trahison

Des lois renversaient les barrières; Si Koklin allait en prison,

Ah! qu'on me ramène aux carrières.

LE TOMBEAU DE MYRTHÉ.

ROMANCE PASTORALE.

Au bord de ce ruisseau, dans la plaine fleurie
Qu'il baigne de son onde et caresse en fuyant,
Je viens, pleurant une amante chérie,

De tristes fleurs couvrir son monument,
Exempts des maux cruels dont mon ame est remplie,
Paissez, mes chers moutons, paissez tranquillement.

Myrthé, sous ce rosier, ton ombre en paix repose;
Il fleurit arrosé des pleurs de ton amant :
Ton souffle encore en parfume la rose,
Et ce ruisseau le quitte en gémissant.

Exempts des maux cruels où l'amour nous expose,
Paissez, heureux moutons, etc.

C'est ici qu'à Myrthé je peignis ma tendresse;
C'est ici d'être à moi qu'elle fit le serment,
Ici l'amour a rempli sa promesse;

Ici la mort finit l'enchantement:

Exempts de souvenirs, de peine, de tristesse,

Paissez, heureux moutons, paissez tranquillement.

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