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L'OMBRE DE MARGUERITE.

ROMANCE.

Dans la nuit, à l'heure effrayante
Où l'airain frémit douze fois,
Des spectres la famille errante
Sort des tombeaux à cette voix.

Edmond, que le remords agite,
Cherche le sommeil qui le fuit;
L'ombre pâle de Marguerite
Vient s'asseoir au pied de son lit.

Regarde, Edmond, c'est moi, dit-elle,
Moi qui t'aimai, que tu trompas,
Moi dont la tendresse fidéle
Vit encor après le trépas.

J'en ai cru ta fausse promesse,
Je t'ai fait maître de mon sort;
Hélas! pour prix de ma tendresse
Fallait-il me donner la mort?

Jadis de la rose naissante
J'avais l'éclat et la fraîcheur;

Pourquoi sur sa tige brillante
Ton souffle a-t-il séché la fleur?

Mes yeux brillaient de tant de charmes,

Ingrat, alors que tu m'aimais!

Pourquoi donc les noyer de larmes? Pourquoi les fermer à jamais?

Hier dans un palais superbe,
Aujourd'hui dans un noir cercueil;
Mon asile est caché sous l'herbe,
Et ma parure est un linceul :
De mon ardeur tendre victime,
Je crus être aimée à mon tour:
Qui me punit d'un pareil crime?
L'objet même de mon amour.

De ton inconstance cruelle
Le jour fut à tous deux fatal;
Quand ton cœur devint infidéle,
Edmond, il se connaissait mal :
Tu m'abandonnes, je succombe;
Mais, enchaînés par le destin,
Le remords vient d'ouvrir ma tombe;
Tu dois y descendre demain.

J'entends le coq, sa voix encore
Pour nous est un signal d'effroi;
Je ne dois plus revoir l'aurore,
Et c'est la dernière pour toi!
Adieu. Celle qui te fut chère
Te plaint, te pardonne, et t'attend....
L'ombre, à ces mots, perce la terre,
Et disparaît au même instant.

Edmond immobile, en silence,
A vu ce prodige effrayant;
De son lit soudain il s'élance
Défiguré, pâle et tremblant :
Il court, il cherche Marguerite,
Sa voix s'échappe en cris aigus;
Sur sa tombe il se précipite:
On le relève, il n'était plus!

LES NOUVEAUX SORCIERS.

VAUDEVILLE.

Air: C'est un sorcier.

Aux sorciers on ne croit plus guère,
Mais c'est en vain qu'on m'a prêché;
De ce vieux préjugé vulgaire
Je reste toujours entiché.

d'avance;

De moi vous vous moquez D'avance aussi je l'ai prévu. J'en ai vu.... ce qui s'appelle vu; Et je citerai, même en France, Puisqu'on ose m'en défier,

Plus d'un sorcier.

Ce Dorimond, qui de Limoge,
Par le coche, vint à Paris,
Dans un palais aujourd'hui loge,
Gorgé d'argent et de mépris.
A sa fortune tout conspire:
Il est sans honneur, sans esprit;
Il obtient des honneurs, du crédit.
Comme vous, au lieu d'en médire,
Ne vaut-il pas mieux s'écrier :

C'est un sorcier!

Laid, petit, roux, plat, fat et bête,
Et sans un sou de revenu,
Melcour, dit-on, en tête-à-tête,
Près des belles est bien venu.

Vous croyez expliquer la chose

Avec un souris libertin;

Mais non,

rien.... presque rien.... c'est certain.

Or il n'est point d'effet sans cause;

Donc j'ai le droit de publier
Qu'il est sorcier.

Damon, dont la muse engourdie
Pour modèle a choisi Kotzbou,
Nous a baillé pour comédie

Un long drame à dormir de bout:
De son ouvrage somnifère
Vous avez prévu le destin;
Il ne peut aller jusqu'à la fin.
Mes amis, loges et parterre
Sont remplis un an tout entier.
C'est un sorcier!

Germeuil, appesanti par l'âge,
Le dos voûté, les cheveux blancs,
S'avise d'entrer en ménage

Avec un tendron de seize ans.
On gémit sur la pauvre fille,
Qu'on s'obstine à nommer ainsi;
Mais tout peut s'arranger, Dieu merci:
Le bon Germeuil voit sa famille

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