Billeder på siden
PDF
ePub

Psara tremblante eût fléchi sous son maître.
Où sont tes fils, tes palais, tes hameaux?
Lorsque la peste en ton île rebelle

Sur tant de morts menaçait nos soldats',
Tes fils mourants disaient : N'implorons qu'elle;
Les rois chrétiens ne nous vengeront pas.

Mais de Chios recommencent les fêtes;
Psara succombe, et voilà ses soutiens!
Dans le sérail comptez combien de têtes
Vont saluer les envoyés chrétiens.

Pillons ces murs! de l'or! du vin! des femmes!
Vierges, l'outrage ajoute à vos appas.

Le glaive après purifîra vos ames :

Les rois chrétiens ne vous vengeront pas.

L'Europe esclave a dit dans sa pensée :
Qu'un peuple libre apparaisse! et soudain...
Paix! ont crié d'une voix courroucée

du massacre de Chios ou Scio, car c'est le même nom corrompu par la prononciation italienne.

Le nombre des cadavres entassés dans cette malheureuse contrée fit craindre aux chefs ottomans que la peste ne se mît dans leur armée, livrée au pillage de cette île opulente.

Les chefs que Dieu lui donne en son dédain.
Byron offrait un dangereux exemple;
On les a vus sourire à son trépas.

Du Christ lui-même allons souiller le temple:
Les rois chrétiens ne le vengeront pas.

A notre rage ainsi rien ne s'oppose;
Psara n'est plus, Dieu vient de l'effacer.
Sur ses débris le vainqueur qui repose
Rêve le sang qu'il lui reste à verser.
Qu'un jour Stamboul' contemple avec ivresse
Les derniers Grecs suspendus à nos mâts!
Dans son tombeau faisons rentrer la Grèce:
Les rois chrétiens ne la vengeront pas.

Ainsi chantait cette horde sauvage.
Les Grecs! s'écrie un barbare effrayé.
La flotte hellene a surpris le rivage',
Et de Psara tout le sang est payé.

1 Constantinople. Stamboul est le nom que lui donnent les Turcs. 2 Quelque temps après la ruine de Psara les Grecs firent une descente dans l'île, et une partie de la garnison turque fut égorgée.

ez unis, ô Grecs! ou plus d'un traître s le triomphe égarera vos pas.

nations vous pleureraient peut-être;

rois chrétiens ne vous vengeraient pas.

LE VOYAGE IMAGINAIRE.

AIR: Muse des bois et des accords champêtres.

L'Automne accourt, et sur son aile humide
M'apporte encor de nouvelles douleurs.
Toujours souffrant, toujours pauvre et timide,
De ma gaîté je vois pâlir les fleurs.
Arrachez-moi des fanges de Lutèce;

Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir.
Tout jeune aussi, je rêvais à la Grèce ;
C'est là, c'est là que je voudrais mourir.

En vain faut-il qu'on me traduise Homère,
Oui, je fus Grec; Pythagore a raison.
Sous Périclès j'eus Athènes pour mère;
Je visitai Socrate en sa prison.
De Phidias j'encensai les merveilles ;
De l'llissus j'ai vu les bords fleurir.

J'ai sur l'Hymète éveillé les abeilles ;
C'est là, c'est là que je voudrais mourir.

Dieux! qu'un seul jour, éblouissant ma vue,
Ce beau soleil me réchauffe le cœur!
La Liberté, que de loin je salue,

Me crie: Accours, Thrasybule est vainqueur.
Partons! partons! la barque est préparée.
Mer, en ton sein garde-moi de périr.
Laisse ma Muse aborder au Pirée;
C'est là, c'est là que je voudrais mourir.

Il est bien doux le ciel de l'Italie,
Mais l'esclavage en obscurcit l'azur.
Vogue plus loin, nocher, je t'en supplie;
Vogue où là-bas renaît un jour si pur.
Quels sont ces flots? quel est ce roc sauvage?
Quel sol brillant à mes yeux vient s'offrir?
La tyrannie expire sur la plage;

C'est là, c'est là que je voudrais mourir.

Daignez au port accueillir un barbare,
Vierges d'Athène, encouragez ma voix.

« ForrigeFortsæt »