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IV. DE LA PLACE DES ÉPITHÈTES.

L'épithèle doit se placer avant le substantif, et, autant que possible, en être séparée :

Tityre, tu patula recubans sub tegmine fagi,
Silvestrem tenui musam meditaris avenâ;
Nos patriæ fines et dulcia linquimus arva. V.

1re Remarque. C'est surtout lorsque l'épithète aurait la même consonnance, qu'il faut l'éloigner du substantif. Ainsi l'oreille n'aime pas :

Quis tamen exiguos elegos emiserit auctor. H.

Rancidum aprum antiqui laudabant. H.

2o Remarque. Mais l'adjectif et le substantif peuvent se suivre immédiatement quand l'un et l'autre sont terminés en a:

Transadigit costas, et candida pectora rumpit. V.

Subit aspera silva. V.

3 Remarque. Il est permis de rapprocher l'épithète du substantif si leurs désinences diffèrent:

Immortale jecur tondens. V.

Pallentes violas1 et summa papavera carpens. V.

Hoc juvenem egregium præstanti munere donat. V.

1. Ceci ne contredit pas la règle précédemment établie. Si dans ce vers il n'y avait pas un second régime, et summa papavera, on mettrait Pallentes carpens violas, plutôt que Pallentes violas carpens. Nous voyons dans le même poëte :

Non corpore notœ

Sufficiunt vires, nec vox aut verba sequuntur.

Et non pas nota Vires sufficiunt.

Maria antè exurere Turno
Quàm sacras dabitur pinus. V.

4 Remarque. Quelquefois le goût lui-même exige que la règle générale soit abandonnée. Quand une épithète est frappante, soit par le sentiment qu'elle exprime, soit par le tableau qu'elle présente, elle produira plus d'effet, si elle est rejetée après le substantif. On connaît cet exemple, souvent cité :

Navem in conspectu nullam. V.

Jetés par la tempête sur les côtes d'Afrique, les Troyens cherchent à découvrir sur les flots quelques traces de leurs compagnons. Ils n'aperçoivent rien. Qu'y a-t-il de terrible dans ce spectacle? c'est cette immensité déserte, ce néant qui semble planer sur le sein des mers: c'est aussi le mot exprimant cette idée qui doit faire impression. Que l'on mette:

Nullam in conspectu navem.

Après les trois premiers mots, l'esprit a déjà saisi toute la pensée, et le substantif navem devient en quelque sorte superflu.

Énée fait tous ses efforts pour ajouter à l'éclat de la pompe funèbre qui doit ramener à Evandre le corps de son fils Pallas. Le poëte ajoute :

Exigua ingentis. V.

Solatia luctûs

et ces deux épithètes, rejetées à la fin, éveillent en nous le sentiment profond de la douleur paternelle.

Depuis sept ans, les Troyens errent sur toutes les mers, et ils n'entrevoient pas encore cette Italie qui leur est promise :

Dum per mare magnum
Italiam sequimur fugientem, et volvimur undis. V.

La place de ces épithètes rend plus énergique l'expression du désespoir.

Succurritis urbi

Incenso. V.

dit Enée à ses compagnons, qui prétendent sauver Troie; et cet adjectif, d'une effrayante énergie, a dû porter le découragement dans leur âme.

On frémit comme si l'on voyait la main gigantesque de Polyphème, en lisant ce vers de Virgile:

Vidi egomet, duo de numero quum corpora nostro,
Prensa manu magna, medio resupinus in antro,
Frangeret ad saxum.

CHAPITRE XII.

DES SOURCES DE DÉVELOPPEMENTS.

La périphrase et l'épithète offrent déjà le moyen d'enrichir une matière. Nous parcourrons successivement toutes les autres sources de développements, et nous arriverons par degrés jusqu'aux plus fécondes.

1° RÉPÉTITION. Elle consiste à reproduire un mot sur lequel on veut attirer l'attention:

Sequitur pulcherrimus Astur,

Astur equo fidens. V.

Vincis me miserum, vincis, natura, parentem. ST.
Dat populus, dat gratus eques, dat tura senatus. M.
Terra negat sedem, sedem negat ossibus unda. 0.

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2o EXPRESSION REDOUBLÉE. Non contente de se servir d'un mot pour exprimer une idée, la poésie en emploie souvent deux qui ont le même sens :

Ex quo relliquias divinique ossa parentis
Condidimus terrâ. V.

Nunc ultro ad cineres ipsius et ossa parentis....
Adsumus. V.

Sed non idcirco flammæ atque incendia vires
Indomitas posuere. V.

Quum vitam in silvis, inter deserta ferarum

Lustra domosque traho. V.

Littora quum patriæ lacrimans portusque relinquo. V.

Si les deux substantifs ont chacun une épithète, le redoublement devient encore plus poétique :

Vivo tentat prævertere amore

Jam pridem resides animos desuetaque corda. V.

Errantesque deos agitataque numina Trojæ. V.

Threicia fretus cithará fidibusque canoris. V.
Ut notæ fulsere aquila Romanaque signa. L.

Au lieu de mettre deux substantifs synonymes, souvent les poëtes emploient d'abord une expression générale, puis une autre dont le sens est plus restreint, et qui précise et éclaircit la premièrê :

Arentem in silvam, et virgulta sonantia lauro. V.
Sanguine placâstis ventos et virgine cæsa,
Quum primùm Iliacas, Danai, venistis ad oras;
Sanguine quærendi reditus, animaque litandum
Argolica. V.

Illa fugâ silvas saltusque peragrat

Dictœos. V.

3o APPOSITION. L'apposition est un substantif qui sert d'attribut à un autre substantif :

Effodiuntur opes, irritamenta malorum. O.

Nec tamen interea raucæ, tua cura, palumbes,
Nec gemere aeriâ cessabit turtur ab ulmo. V.
Et geminas, causam lacrimis, sacraverat aras. V.
Atque hic ingentem comitum affluxisse novorum
Invenio admirans numerum, matresque virosque,
Collectam exsilio pubem, miserabile vulgus. V.

On peut joindre l'apposition au substantif principal par une conjonction. On dirait, par exemple : Effodiuntur opes et irritamenta malorum. De

même :

Protinus Andromeden et tanti præmia facti
Indotata rapit. 0.

Hic malè defensus flammis et dote paternâ
Cacus. O.

Ite, rates curvas et leti texite causas. PROP.

Quelquefois l'apposition sert d'attribut, non plus à un substantif, mais à toute une phrase:

Primus turmas invasit agrestes

Æneas, omen pugnæ. V.

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