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Ces consonnances n'ont rien de condamnable: il ne faut ni les rechercher ni les éviter1.

Mais, quand le vers léonin ne présente pas le rapport que nous venons d'indiquer, on doit se l'interdire rigoureusement. Tels sont les suivants :

Somne, quies rerum, placidissime Somne deorum. 0.
Si Troja fatis aliquid restare putatis. 0.
Vir, precor, uxori, mater succurre sorori. 0.
Dixit Damætas; invidit stultus Amyntas. V.
Quàm nostro illius labatur pectore vultus. V.
Irim de cœlo misit Saturnia Juno. V.

8o La fin d'un vers ne doit pas rimer avec le milieu du suivant :

Dum me Galatea tenebat,

Nec spes libertatis erat, nec cura peculi. V.

9° Boëce (de Interpr., p. 413) fait une remarque précieuse sur la fin d'un vers de Virgile (Æn. VI, 853): « Quum dicit Virgilius: pacique imponere morem, potuisset servare metrum si ita dixisset: moremque imponere paci; sed esset debilior sonus, nec in eo ictu tam præclare compositus videretur. »

1. Voyez la note à la fin du volume.

CHAPITRE XXIII.

DE LA CADENCE.

La cadence n'est autre chose que la marche harmonieuse des vers. Pour que les vers soient bien cadencés, la première condition est qu'ils se conforment à toutes les règles de la césure et de l'élision. Il y a peu de chose à ajouter à ces règles bien comprises et bien appliquées.

1o On doit encore avoir égard à la nature des pieds que l'on emploie. Un vers harmonieux offrira le mélange des dactyles et des spondées. Composé uniquement de spondées, il est lourd; de dactyles, il est sautillant. On a dans les vers suivants un exemple de ces deux défauts:

Dignum donandâ, Cæsar, te credere vitâ. L.

Dulce loqui miseris, veteresque reducere questus. ST.

2o Le vers est bien cadencé quand les dactyles et les spondées sont entremêlés symétriquement:

Obstupui, retroque pedem cum voce repressi. V.
Silvestrem tenui musam meditaris avenå. V.

3o Il l'est encore, lorsque le premier pied est un spondée suivi de deux dactyles:

Non ignara mali, miseris succurrere disco. V.
Exspectet facilemque fugam ventosque ferentes. V.

1. Cf. Mar. Victorin. p. 2516.

4° Si, pour commencer un vers, on est libre de choisir entre un dactyle et un spondée, on met d'abord le spondée de préférence':

Sic cunctus pelagi cecidit fragor. V.

Spem vultu simulat, premit altum corde dolorem. v.
Et multo nebulæ circùm dea sepsit amictu. V.

Nous avons dit que les poëtes ne donnent pas toujours à un vers autant de césures qu'ils pourraient le faire. Guidés par le sentiment de l'harmonie dont nous venons de parler, ils aiment mieux mettre un dactyle au second pied, sans césure après le premier, qu'une césure après le premier, et un spondée au second:

Gentis Dardaniæ. V.

Quidquid ubique est

Namque ipsa decoram

Nato cæsariem genitrix, lumenque juventæ (afflàrat). V.

Voici encore des vers auxquels il eût été facile de donner une césure de plus, soit après le premier, soit après le troisième pied:

Fœdat nube diem; nunc motibus astra lacessit. CL.

Angues Triptolemi stridunt. CL.

Frontem crista tegit. V.

Votum pro reditu simulant. V.

Antè diem clauso componet vesper Olympo. V.

Quum levis ætheriis delapsus Somnus ab astris. V.

1. La lecture de Virgile donnera souvent occasion d'appliquer cette remarque. Ovide me semble, au contraire, commencer plus volontiers par le dactyle: Posse putes tangi; Summa virent pinu; Testa parem fecit; Lege tamen certa; Vota pater solvit; Rursus aquam tangit; Corda micant regis, etc. C'est au goût de chacun à choisir entre ces deux modèles.

2. Pag. 159.

Et supèr incumbens, cum puppis parte revulsâ. V.
Altè sublatum consurgit Turnus in ensem. V.

Ne tibi Tyrrhenâ solvatur puppis arenâ. PROP.

Le vers suivant aurait pu avoir trois césures:

Molli paulatim flavescet campus aristâ. V.
(Paulatim molli campus flavescet aristâ.)

5o Si parmi les trois premiers pieds il se trouve un ou plusieurs spondées, il faut tâcher de commencer par un spondée:

Clam ferro incautum superat. V.

Que l'on mette Clam superat ferro incautum, le vers devient languissant.

Si,

Hic portus alii effodiunt. V.

pour avoir une césure après le second pied, nous substituons: Hic alii effodiunt portus, le vers a encore le défaut qui vient d'être signalé.

Tum victu revocant vires, fusique per herbam, etc. V.

Le poëte n'a pas mis: Tum victu vires revocant, à cause de la consonnance désagréable victu vires. Il n'a pas mis: Tum revocant victu vires, parce que le même inconvénient eût encore subsisté, et que de plus le vers eût été lourd. Le dactyle, introduit entre les deux spondées, en tempère la lenteur1.

1. On sent que ces règles sont subordonnées à plusieurs autres. Si par exemple cette disposition des dactyles et des spondées produisait un concours désagréable de lettres ou de consonnances, ou si le goût assignait à un mot une place indispensable, ces considérations devraient l'emporter sur la première; nous constatons seulement les exigences générales de la cadence.

6° Il faut prendre garde qu'un vers ne présente, après le quatrième pied, une fin de vers1:

Etatis cujusque notandi | sunt tibi mores. H.

Seu cursum mutavit iniquum | frugibus amnis. H.
Seu mihi sint potanda novercæ | pocula Phædræ. PROP.

7° Les mots de quatre syllabes longues font mauvais effet au milieu du vers :

Lectorem delectando pariterque monendo. H.

On les place au commencement ou à la fin, de

cette manière :

Tot quondam populis terrisque superbum
Regnatorem Asiæ. V.

Ut regem æquævum crudeli vulnere vidi
Vitam exhalantem. V.

Luctantes ventos tempestatesque sonoras. V.

Ils se mettent encore, comme on le sait, à la fin du vers spondaïque.

Si le mot de quatre syllabes a la première brève, il faut éviter encore de le placer au milieu du vers, comme on le voit ici:

Ex oculisque vetustatem subducere nostris. LR.

Voici son unique place:

Sperne voluptates: nocet empta dolore voluptas. H.
Insula inexhaustis chalybum generosa metallis. V.

Si le mot de quatre syllabes a la dernière brève, on le met au commencement ou à la fin, comme il suit :

1. Ce défaut est lié à un autre, l'absence de la césure ou des césures nécessaires.

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