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Virgile. A sa demande, Ausone traita le même sujet. Il trace ainsi les règles de ce genre: « C'est un échafaudage poétique construit de pièces de rapport on accole deux hémistiches pour en former un vers, ou l'on joint un vers et demi à la moitié d'un autre. Placer deux vers entiers de suite serait une gaucherie, et trois à la file une véritable sottise. On partage ces lambeaux à toutes les césures admises par le vers héroïque. >>

Au lieu d'emprunter un exemple à la pièce d'Ausone, qu'il est facile de trouver, nous aimons mieux citer un fragment d'un centon moins connu. Il est de Falconia Proba, poétesse également du quatrième siècle, qui avait composé avec des vers de Virgile une histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament. Voici les recommandations faites par Dieu à Adam et à Eve, au sujet du fruit défendu :

Vos contrà, quæ dicam, animis advertite vestris 2.
In medio, ramos annosaque brachia tendens3,
Est in conspectu ramis felicibus arbos,
Quam neque fas igni cuiquam nec sternere ferro",
Relligione sacrâ nunquam concessa moveri".
Hac quicumque sacros decerpserit arbore fetus,
Morte luet merità: nec me sententia vertit 10.
Nec tibi jam prudens quisquam persuadeat auctor 11
Commaculare manus 12, liceat te voce moneri 13
Femineâ, nec te ullius violentia vincat 14,

Si te digna manet divini gloria juris 15.

DE LA PARODIE.

La parodie consiste à substituer des pensées triviales à des idées élevées. Ce genre ne mérite pas

1. Edyl. 13, Epist. ad Paulum. Cf. Poet. Min. t. VII, p. 512.

3. VI, 282.

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10. I, 14. XI,

2. Virg. Æ. II, 712, 4. II, 21. 5. G. II, 81. 6. Æ. VII, 692. 7. III, 700.8. VI, 141. 9. XI, 849. 260.-11. G. II, 314.-12. E. VIII, 48. 13. A. III, 461. 354.15. G. I, 168.

d'exercer les jeunes latinistes. Nous ferons seulement remarquer qu'une parodie peut être ingénieuse et piquante.

Catulle, dans une jolie pièce (Carm. 4), en vers iambiques purs1, vante les qualités d'un esquif

Phaselus ille, quem videtis, hospites,
Ait fuisse navium celerrimus;

Neque ullius natantis impetum trabis
Nequisse præterire, sive palmulis
Opus foret volare, sive linteo.

Un parodiste anonyme (dans les Catalectes de Virgile, n° 8), transporte l'éloge à un muletier nommé Sabinus:

Sabinus ille, quem videtis, hospites,
Ait fuisse mulio celerrimus;
Neque ullius volantis impetum cisî
Nequisse præterire, sive Mantuam
Opus foret volare, sive Brixiam.

1. Voy. ci-après, Du Vers iambique trir èire.

DEUXIÈME PARTIE.

DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE VERS.

DU VERS HEXAMÈTRE.

Le plus beau comme le plus ancien de tous les vers est le vers hexamètre où héroïque. L'invention en a paru si merveilleuse qu'on l'a attribuée aux dicux. N'est-ce pas en effet un phénomène bien frappant, que le génie des Grecs ait trouvé, au berceau de l'art, ce rhythme si harmonieux, qui est resté une des plus belles conceptions de l'esprit humain1?

Le vers hexamètre convient à tous les sujets, se prête à tous les tons. Le domaine des autres mètres, nous appliquerons plus loin cette remarque, est plus limité; mais aucune matière n'est interdite à l'hexamètre. Nous le voyons dans Virgile, approprié au langage naturel et naïf de l'églogue, simple et précis du poëme didactique, noble et majestueux de l'épopée. On le comparerait mal à notre vers alexandrin le vers français a une pompe qui lui est inhérente, et il est peu propre à la poésie légère. Le vers latin, au contraire, sait descendre de sa dignité, et partage le privilége des mètres qui sont consacrés aux sujets familiers ou gracieux.

1. Les érudits en rapportent l'origine à Phémonoë, première prêtresse de Delphies (Pausan. x, 5, 4; Proclus, Chrestom. apud Phot., pag. 340; Eustath. ad Iliad. pag. 4, 1). Ennius fut le premier qui le transporta chez les Romains.

CHAPITRE XIX.

DE LA FIN DU VERS HEXAMÈTRE.

Il faut soigner avec une attention particulière les deux pieds qui terminent le vers hexamètre. L'oreille en juge sévèrement l'harmonie, et l'esprit demande de la valeur aux mots qui les remplissent.

LONGUEUR DU MOT FINAL. Le dernier mot du vers hexamètre doit être un mot de deux ou de trois syllabes:

Conticuere omnes, intentique ora tenebant :
Inde toro pater Æneas sic orsus ab alto. V.

Remarques. 1° Un vers peut finir quelquefois par deux monosyllabes, ou par le verbe est précédé d'une

élision :

Versibus exponi tragicis res comica non vult. H.

Grammatici certant, et adhuc sub judice lis est. H.

Corripiunt, spirisque ligant ingentibus; et jam
Bis medium amplexi. V.

Quæ postquam vates sic ore effatus amico est. V.

Les monosyllabes que, ve et ne (interrogatif) se mettent très-bien à la fin du vers :

Involvens umbrâ magnâ terramque polumque. V.

Si quis in adversum rapiat casusve deusve. V.

O magnus posthac inimicis risus! Uterne
Ad casus dubios fidet sibi certiùs? H.

C'est qu'en effet ces mots ne sont plus des mono

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syllabes: ils s'incorporent avec le mot précédent, et lui donnent une syllabe de plus1.

Ces cas exceptés, les monosyllabes doivent être proscrits de la fin du vers, et l'on n'imitera pas les exemples suivants :

Tum sic ignarum alloquitur: Vigilasne, deûm gens? V.

Nil ergo optabunt homines, si consilium vis. H.

Nam mihi continuò major quærenda foret res'. H.

Horace est encore plus négligé quand il met:

Reddes dulce loqui, reddes ridere decorum, et

Inter vina fugam Cinaræ, etc.

2o Il faut éviter avec grand soin de mettre à la fin du vers un mot de quatre syllabes composé de deux brèves et de deux longues:

Propter egestatem linguæ et rerum novitatem. LR.

Stes capite obstipo, multùm similis metuenti. H.

Quum populum gregibus comitum premat hic spoliator. J.

Cependant on admet à cette place un mot de quatre syllabes, si c'est un nom propre ou un nom de matière. Hymenæi, ululatus, sont aussi consacrés par l'exemple des poëtes.

Dic mihi, Damœta, cujum pecus? an Melibœi? V.

In foribus pugnam ex auro solidoque elephanto
Gangaridûm faciam. V.

1. A plus forte raison uterque, dans lequel la conjonction est inséparable, terminera-t-il bien le vers. Voy. ci-après: De l'Accent.

2. Virgile a mis à la fin du vers sus, opum vi, virum vir. Il est probable que ces finales étaient consacrées par quelqué ancien poëte, Ennius, je pense. Pour opum vi, il n'y a pas de doute (cf. Macrob. VI, 1).

On verra plus tard des exemples où les poëtes ont violé la règle précédente pour produire un effet.

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