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tence de ces deux êtres consubstantiels et pourtant ennemis on supposa qu'ils n'avaient pas existé de tout temps, mais émanaient d'un je ne sais quoi préexistant qu'on nomma le temps sans bornes (Zrvan-akarana). A ce point, l'évolution était complète. Le dualisme tel que Zoroastre l'avait conçu sans résoudre les problèmes qu'il soulevait, n'existait plus que de nom. Aouramazdâ n'était plus l'être incréé créateur de tout dérivé d'un être antérieur, il avait organisé un univers préexistant en puissance. Sa lutte contre Angrô-maïnyous était la lutte de deux pouvoirs égaux et si exactement balancés, qu'aucun d'eux ne devait l'emporter sur l'autre. Le bien et le mal émanés d'une seule substance divine, distincts pour quelques siècles seulement et en apparence, étaient destinés à se réunir de nouveau dans le sein du même être indifférent d'où ils étaient sortis jadis, avec tout le cortége de la création 2.

En même temps que le dogme, la forme extérieure du culte s'altéra profondément. Les Touraniens de Médie avaient une caste sacerdotale dont les membres tenaient

leur office par droit d'hérédité : ces prêtres, qu'on appelait magoush (mages), s'imposèrent aux vainqueurs et devinrent une des six tribus constituantes de la nation. Ils infectèrent les Aryens de leurs pratiques superstitieuses, développèrent le culte du feu et des corps célestes et se posèrent en intermédiaires nécessaires entre l'homme et Dieu. On ne pouvait offrir le sacrifice ou faire acte de religion

1. Sur ce personnage et ses succédanés le temps fini (Zrvan dareghô qadhâta), l'espace infini (Thwasha) et l'espace fini (Miçvâna), la lumière sans fin (Anaghra raoção) et les ténèbres sans fin (Anaghra temdo), voir Spiegel, Erdnische Alterthumskunde, t. II, p. 4-20. La croyance au Zrvan-akarana donna naissance à de nombreuses sectes, dont les plus célèbres, celles des Zervaniens, ont duré bien avant dans le moyen âge (Spiegel, Erdnische Allerthumskunde, t. II, p. 165-187): elle fait encore aujourd'hui partie du dogme religieux des Guèbres ou Parsis de Bombay. — 2. Fr. Lenormant, Histoire, t. II, p. 335-338; Lettres assyriologiques, 1 série, t. I, p. 97-111; Essai de commentaire sur les fragments cosmogoniques de Bérose, p. 156 sqq.; la Magie, p. 191-215. – 3. G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. II, p. 348-349.

en leur absence 1. Vêtus de longues robes blanches, coiffés de hautes tiares, les mains chargées du faisceau sacré de tamarisque (bareçma, barsom) sans lequel on ne devait rien faire 2, ils se rendaient en procession aux autels, préparaient la victime, versaient les libations et chantaient sur l'offrande les formules mystérieuses qui lui donnaient toute sa vertu. Ils se vantaient de posséder des facultés surhumaines, d'expliquer et de rendre les oracles, de prédire l'avenir. Les auteurs classiques affirment que sous des apparences d'austérité ils cachaient des vices monstrueux, qu'ils permettaient et pratiquaient l'inceste le plus horrible, celui du fils avec la mère, qu'ils ne reculaient devant aucun crime pour satisfaire leurs passions. Ce que nous savons de leur vie par les monuments originaux ne nous permet pas de combattre ou d'approuver ce jugement. Les mages acquirent une grande influence sur le peuple et sur les grands; s'ils en abusèrent parfois, ils ne firent ni mieux ni pis que d'autres n'avaient fait avant eux.

CHAPITRE XII.

LE MONDE ORIENTAL AU TEMPS DE L'EMPIRE MÈDE

L'empire mède; Kyaxarès; les Kimmériens en Asie; chute de Ninive (625); la Lydie. La XXVI dynastie; Psamétik Ier; Néko II; bataille de Karkėmish. L'empire chaldéen et le monde oriental depuis la bataille de Karkémish jusqu'à la chute de l'empire mède.

L'empire mède; Kyaxarès; les Kimmériens en Asie ; chute de Ninive (625); la Lydie.

Les traditions recueillies par Hérodote donnaient pour

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1. Hérodote, I, 138; Ammien Marcellin, XXIII, 6. 2. Strabon, 1. XV, 3; Vendidad, Farg. XVIII, 1-6. 3. Cette pratique est rapportée par plusieurs auteurs ecclésiastiques sur la foi de Xanthos de Lydie et de Ctésias, deux écrivains d'une bonne foi suspecte. M. George Raw

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Dessine par J. Gaultier.

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