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<< Imbi l'ancienne une autre ville, ils l'avaient fortifiée, ils << avaient élevé ses remparts et l'avaient nommée Bet-Imbi. « Je l'ai prise au cours de mon expédition. J'ai détruit les <«< habitants qui ne sont pas venus solliciter l'alliance de «ma royauté, je leur ai coupé la tête, je leur ai arraché « les lèvres, et, pour les faire voir aux habitants de mon << pays, je les ai envoyés au pays d'Assour. » Oummanaldas quitta Madaktou et s'enfuit dans les montagnes. Tammaritou, qui avait suivi Assour-ban-habal, fut rétabli sur le trône comme vassal de l'Assyrie. Mais bientôt, las du rôle odieux qu'il jouait, il complota de massacrer les garnisons assyriennes; il fut trahi et livré au vainqueur. Cette diversion inattendue donna à Oummanaldas le temps de réparer ses forces; il rentra dans Madaktou, et s'empara même de Bit-Imbi. Ce ne fut qu'un succès passager. Au printemps de l'année suivante, Assour-ban-habal parut en Elam, emporta l'une après l'autre toutes les lignes de défense qu'Oummanaldas avait établies en avant de Suse, et finit par enlever cette ville elle-même. « Par la volonté <«< d'Assour et d'Istar, je suis entré dans ses palais et je m'y suis reposé avec orgueil. J'ai ouvert leurs trésors, j'ai pris l'or et l'argent, leurs richesses, tous ces biens <«< que le premier roi d'Elam et les rois qui l'avaient suivi <«< avaient réunis et sur lesquels aucun ennemi encore « n'avait mis la main, je m'en suis emparé comme d'un <«< butin... J'ai enlevé Sousinak, le dieu qui habite dans les « forêts, et dont personne n'avait encore vu la divine <«< image, et les dieux Soumoudou, Lagamar, Partikira, Amman-Kasibar, Oudouran, Sapak, dont les rois du « pays d'Elam adoraient la divinité. Ragiba, Soungoum« soura, Karsa, Kirsamas, Soudounou, Aipaksina, Biloul, << Panintimri, Silagara, Napsa, Nalirtou et Kindakourbou, j'ai enlevé tous ces dieux et toutes ces déesses avec leurs <«< richesses, leurs trésors, leurs pompeux appareils, leurs << prêtres et leurs adorateurs, j'ai tout transporté au pays « d'Assour. Trente-deux statues des rois en argent, en or, << en bronze et en marbre, provenant des villes de Sousan, « de Madaktou, de Houradi, la statue d'Oummanigas, le

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<< fils d'Oumbadara, la statue d'Istar-Nakhounta, celle <«< d'Hallousi, la statue de Tammaritou, le dernier roi qui, d'après l'ordre d'Assour et d'Istar, m'avait fait sa soumission, j'ai tout envoyé au pays d'Assour. J'ai brisé les <«< lions ailés et les taureaux qui veillaient à la garde des temples. J'ai renversé les taureaux ailés fixés aux portes « des palais du pays d'Elam et qui jusqu'alors n'avaient « pas été touchés ; je les ai jetés bas. J'ai envoyé en capti« vité les dieux et les déesses. Leurs forêts sacrées, dans « lesquelles personne n'avait encore pénétré, dont les fron« tières n'avaient pas été franchies, mes soldats les envahi<«< rent, admirant leurs retraites, et les livrèrent aux « flammes. Les hauts lieux de leurs rois, les anciens et les « nouveaux qui n'avaient pas craint Assour et Istar, mes seigneurs, et qui étaient opposés aux rois mes pères, je « les ai renversés, je les ai détruits, je les ai brûlés au soleil; j'ai emmené leurs serviteurs au pays d'Assour j'ai laissé leurs croyants sans refuge, j'ai desséché les << citernes. » Pendant un mois et vingt-cinq jours, toute lɛ. partie basse du pays d'Élam fut livrée aux soldats et saccagée. Ce qui resta de la population au bout de ce temps. fut envoyé <«< comme des troupeaux de moutons » dans les villes où siégeaient les dieux, les préfets, les commandants militaires et les gouverneurs de l'Assyrie.

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Oummanaldas tenait encore dans la montagne; pour obtenir la paix, il offrit au monarque assyrien de lui livrer Nabou-bel-soumê. Plutôt que de tomber vivant aux mains de l'ennemi, Nabou-bel-soumê se fit tuer par son écuyer. Son corps fut remis aux messagers du roi d'Assyrie, qui le décapita et le jeta à la voirie en défendant de lui donner la sépulture. La tête salée et préparée fut suspendue à l'un des arbres du jardin royal de Ninive; un bas-relief, aujourd'hui conservé au Musée Britannique, représente Assour-ban-habal banquetant avec ses femmes en présence de ce hideux trophée'. Cette lâcheté ne sauva pas Oummanaldas; les vainqueurs le poursuivirent jusque dans les

1. Fr. Lenormant, les premières Civilisations, t. II, p. 306.

déserts où il s'était retiré et le contraignirent à quitter le pays sans espoir de retour. Lui chassé, tout son royaume fut réduit à l'état de province et placé directement sous la surveillance des généraux assyriens. L'Elam, le plus ancien des États de l'Asie antérieure, disparut de la scène du monde; les souvenirs de son histoire réelle s'effacèrent au milieu des légendes; le fabuleux Memnon remplaça dans la mémoire des peuples ces lignées de souverains ambitieux et de hardis conquérants qui avaient possédé Babylone et la Syrie en des temps où Ninive n'était qu'une simple bourgade'.

Une guerre heureuse contre les Nabatéens et contre les Arabes situés entre la vallée du Jourdain et celle de l'Euphrate assura la frontière de l'Assyrie sur le désert: un traité avec Sadouri, roi d'Ourarti, mit les régions du Naïri à l'abri de toute attaque. L'Egypte s'était rendue indépendante, sans doute pendant la révolte de Saoul-masaddyoukin, et la Lydie avait rompu ses relations avec Assourban-habal. C'étaient toujours les mêmes dangers et les mêmes difficultés qu'au temps d'Assour-nazir-habal ou de Touklat-habal-asar II; pour maintenir leur autorité, les rois d'Assyrie étaient contraints de courir sans relâche d'une extrémité de leur empire à l'autre. Toute guerre qui durait quelques années et retenait leurs armées à l'Est relâchait en Occident les liens d'allégeance; il fallait régulièrement recommencer la conquête ou renoncer à l'acquis des expéditions précédentes. Assour-ban-habal, fatigué de sa lutte contre l'Élam, résigna ses droits à la suzeraineté sur l'Égypte et sur la Lydie. Il n'en resta pas moins le souverain le plus puissant du monde oriental. Presque le dernier de sa race, il fut celui dont la domination s'étendit le plus, et dépassa tous ses prédécesseurs en activité, en courage, en énergie, en cruauté, comme si l'Assyrie, se sentant près de sa ruine, avait voulu réunir en un seul

1. G. Smith, History of Assurbanipal, p. 205-255, 300-307; Ménant, Annales, 264-270; G. Rawlinson, The five great Monarchies, t. II, p. 206-209; Fr. Lenormant, Histoire, t. II, p. 118-122.

homme toutes les qualités qui avaient fait sa grandeur et tous les défauts qui ont souillé sa gloire.

CHAPITRE XI.

L'ASIE AU TEMPS DES SARGONIDES.

Les Sémites occidentaux; la Phénicie; la Judée.

La Médie et les

migrations iraniennes.

La religion iranienne; Zoroastre; les

Mages.

Les Sémites occidentaux; la Phénicie; la Judée,

Les Sargonides avaient fondé sur les débris des royautés partielles un grand empire sémite. Araméens, Juifs, Phéniciens, les gens de l'Assyrie et de la Chaldée, même les Arabes, tout ce qui parlait un dialecte sémitique entre l'isthme de Suez et l'embouchure de l'Euphrate, reconnaissait un même chef et faisait pour la première fois partie d'une même domination. Les peuples conquérants d'autrefois, Egyptiens, Élamites, Touraniens de Médie ou de Chaldée, avaient succombé tour à tour sans espoir de se relever jamais. Mais le triomphe de la race sémitique sur ces vieilles races civilisées de l'ancien monde avait été chèrement acheté. Nous avons vu quel avait été le sort de Babylone et des Sémites orientaux pendant les dernières guerres; les Sémites occidentaux avaient souffert encore plus de la conquête que leurs cousins de Mésopotamie et de Chaldée, La Syrie, jadis si riche et si peuplée, était en pleine décadence; Kadesh n'existait plus que dans le souvenir des scribes égyptiens; Karkémish, Damas, Hamath, perdaient chaque jour de leur importance politique ou commerciale. L'Aram, écrasé par dix siècles de lutte, était à la merci du premier ennemi venu; Moab, Ammon, les Philistins, étaient plus qu'à moitié ruinés; Israël avait

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disparu seuls les Phéniciens et les Juifs conservaient encore quelque apparence de prospérité et de vie.

L'histoire intérieure des Phéniciens, depuis le temps d'Ithobaal Ier jusqu'à l'avénement d'Assour-ban-habal, peut se résumer en quelques mots. Tyr avait succédé à Sidon dans l'hégémonie de la nation; elle était à la tête d'une confédération composée des différentes cités sidoniennes, à l'exception de celle d'Arad, qui continuait de mener une vie indépendante; mais les membres de cette confédération, toujours jaloux de la suprématie de Tyr, cherchaient à s'y soustraire et ne négligeaient aucune occasion de marquer leur hostilité. Les désordres de la nation ne faisaient que rappeler en grand les discordes de la ville elle-même, où l'aristocratie d'origine sidonienne était sans cesse en lutte ouverte avec la classe populaire. Pendant son long règne, Ithobaal avait réussi à maintenir la paix entre les partis; mais bientôt après sa mort les mêmes accidents qui avaient suivi la mort d'Hirom Ier se produisirent avec plus de force et des suites plus désastreuses. Baletsor, son fils, ne règna que huit ans; il eut pour héritier un enfant de huit ans, Mutton, dont la jeunesse favorisa l'ambition des chefs de la faction populaire. Mutton lui-même ne laissa pour lui succéder qu'une fille, Élissar, mariée à son oncle Sicharbal, grand prêtre de Melkarth, et un enfant en bas âge du nom de Pygmalion'. Sicharbal, frère de roi, et en sa qualité de grand prêtre le premier dans l'État après le roi, avait été désigné par Mutton pour être régent pendant le temps de la minorité. Il fut renversé par le parti populaire et, quelques an

1. Tous ces noms ont été altérés plus ou moins par les écrivains grecs et latins qui nous les ont conservés. Baletwpoc est 33 Gya Baal de Tyr (Movers, Die Phænizier, 2ter Theil, p. 353, note 63); Mutton s'appelait, comme le grand prêtre de Baal à Jérusalem au temps d'Athaliah 'Voir p. 363 de cette histoire). La variante 'Elísa est pour Ἐλέσσαρ, comme ̓Αμίλκας est pour Αμίλκαρ, et Sicharbas pour Sicharbal (Movers, Die Phænizier, t. II, 2ter Theil, p. 353, note 64; 355, note 67; 362, note 91). L'Acerbas de Justin est pour [S]acerbas-Sicharbas.

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