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taine et obtinrent de lui la permission de s'établir sur la côte méridionale de la Syrie1.

Le territoire qui leur fut concédé à l'angle de la Syrie et du désert s'étendait du torrent d'Égypte aux environs de Joppé. On y trouvait jusqu'à cinq villes considérables, Gaza, Ascalon, Ashdod, Ekron et Gath, qui toutes commandaient les débouchés de la Palestine et les abords de l'isthme. Aussi les Pharaons avaient-ils cherché dès longtemps à s'assurer la possession du pays. Thotmès III, Séti Ier, Ramsès II avaient entretenu des garnisons sémitiques à Gaza 2. Ramsès III introduisit une tribu étrangère sur la fidélité de laquelle il pensait pouvoir compter. Les Philistins trouvèrent la campagne et les bourgs ouverts dont elle était semée occupés par les Avvim, qui n'offrirent aucune résistance. Ils prirent possession des cinq villes et s'unirent par des alliances répétées à la population primitive, dont ils adoptèrent la langue et la religion: Marna de Gaza et les dieux-poissons d'Ascalon, Dagon et Derkéto, devinrent leurs dieux. La race qui résulta de ce mélange se divisa naturellement en deux classes: une classe populaire, formée surtout des familles authochtones, et une aristocratie militaire, descendue des colons de Ramsès III. A leur entrée dans la Palestine, les Israélites, intéressés à ne pas attirer sur eux la colère des Égyptiens, n'eurent garde d'attaquer les Philistins, vassaux directs des Pharaons. Ils l'eussent fait, qu'ils n'auraient pas réussi : Gaza, Ashdod, Ascalon, Ekron et Gath, attribuées pour le principe à Juda, ne furent jamais soumises. Les Enakim, chassés des environs d'Hébron, et les Amorrhéens, dépossédés de leurs montagnes, trouvèrent un asile assuré sous les murs d'Ekron, d'Ashdod et de Gath. L'arrivée de

1. M. Chabas conteste cette opinion, Etudes sur l'antiquité historique, 1re édition, p. 292-296; Recherches sur l'histoire de la dix-neuvième dynastie, p. 99-101; cf. à ce sujet Maspero dans la Revue critique, 1873, t. II, p. 84-85 et Fr. Lenormant, Histoire ancienne, t. I, p. 207-208. – 2. Voir au Papyrus Anastasi III, verso, pl. v-VI, la liste des chefs sémites en garnison à Gaza, sous Ménephtah Ier, un demi-siècle à peu près avant l'arrivée des Philistins. Cf. Chabas, Recherches sur l'histoire de la XIXe dynastie, p. 95-99.

ces fugitifs accrut le nombre des Philistins et ne contribua pas peu à l'affermissement de leur puissance. Les cinq «villes sœurs » devinrent bientôt les capitales de cinq principautés unies par un lien de fédération très-étroit. Gaza exerçait d'ordinaire une sorte d'hégémonie justifiée par l'importance militaire et commerciale de sa position : venaient ensuite par rang d'influence Ashdod, Ascalon, Gath et Ekron. Chacune d'elles était gouvernée par un chef militaire ou Seren; à Gath, dont la population était mêlée plus fortement qu'ailleurs d'éléments cananéens, le Seren était héréditaire et portait le titre de roi (melek). Les cinq Sarnim se réunissaient en conseil pour délibérer des affaires et pour offrir les sacrifices au nom de la confédération: ils faisaient la guerre en commun, chacun à la tête du contigent de la cité dont il était chef. Leur principale force consistait en chars montés par la noblesse et en archers dont l'adresse était proverbiale en Israël 1.

Quand les rois-prêtres durent renoncer même à la domination nominale que les Égyptiens exerçaient encore sur la Syrie, les Philistins avaient déjà fait l'essai de leur puissance sur les nations voisines. Leur première tentative contre Israël, repoussée par Samgar, paraît avoir été insignifiante ils préféraient encore le métier de pirates à la guerre de terre. Leurs vaisseaux, partis d'Ascalon ou de Maïoumas, le port de Gaza, écumaient les mers et couraient sus aux Phéniciens. Leur audace s'accrut tellement, qu'une de leurs flottes, commandée par le chef d'Ascalon, attaqua Sidon, battit l'escadre sidonienne et prit la ville 2. Cet échec porta un coup mortel à la domination des Sidoniens. L'aristocratie se réfugia à Tyr, où elle pensait trouver un asile sûr contre les entreprises des pirates : Sidon perdit son rang de capitale et disparut de la scène pendant plusieurs siècles. Sa chute fut pour les Israélites des petites tribus du Nord un événement heureux : elle les délivra des Phéniciens et leur assura la paix pendant un

1. Sur les Philistins consulter l'excellente monographie de Starke, Gaza und die Philistæische Küste, Iéna, 1852. 2. Justin, 1. XVIII, ch. II. Cfr. Movers, Die Phænizier, t. II, 1ter Theil, p. 315-317.

demi-siècle. « Tolah, fils de Pouah, fils de Dodo, homme d'Issashar, fut suscité pour délivrer Israël; et il habitait à Samir dans la montagne d'Ephraïm. - Il jugea Israël pendant vingt-trois ans; puis il mourut et fut enseveli à Samir. Après lui fut suscité Jaïr, Galaadite, qui jugea Israël vingt-deux ans; et il eut trente fils, qui montaient sur trente ânons, et qui avaient trente villes, qu'on appelle les villes de Jaïr jusques à ce jour, lesquelles sont au pays de Gilead1.»

Au sud, les Philistins ne tardèrent pas à devenir menaçants. Tandis que les Ammonites et les Amorrhéens envahissaient la Pérée, ils attaquaient Dan, Siméon et Juda. Jephtah de Gilead, qui avait commencé par exercer le métier de brigand au pays de Tob, battit successivement les Amorrhéens et les Ammonites. On dit que pour obtenir la victoire il promit à l'Éternel de lui offrir en holocauste tout ce qui sortirait de sa maison au-devant de lui quand il reviendrait en paix du pays des enfants d'Ammon. « Comme il venait à Mitspah en sa maison, voici, sa fille qui était seule et unique, sans qu'il eût d'autre fils ou fille, sortit audevant de lui avec tambours et flûtes. - Et il arriva qu'aussitôt qu'il l'eut aperçue, il déchira ses vêtements et dit : Ah! ma fille, tu m'as entièrement abaissé, et tu es du nombre de ceux qui me troublent; car j'ai ouvert ma bouche à Jahveh, et je ne m'en pourrai point rétracter. - Et elle répondit: Mon père, as-tu ouvert ta bouche à Jahveh, faismoi selon ce qui est sorti de ta bouche; puisque Jahveh t'a vengé de tes ennemis, les enfants d'Ammon. - Toutefois elle dit à son père : Que ceci me soit accordé : Laissemoi pour deux mois, afin que je m'en aille et que je descende par les montagnes, et que je pleure ma virginité, moi et mes compagnes. Et il dit: Va. Et il la laissa aller pour

deux mois. Elle s'en alla donc avec ses compagnes et pleura sa virginité dans les montagnes. Et au bout de deux mois elle retourna vers son père, et il lui fit selon le vœu qu'il avait voué. Et ce fut une coutume en Israël,

1. Juges, x, 1-4.

-

que, d'année en année, les filles d'Israël allaient pour lamenter la fille de Jephtah, de Giléad, quatre jours dans l'année 1. » Les victoires de Jephtah remportées sur les Ammonites n'avaient affranchi que les tribus du centre et de la Pérée : celles du Sud restaient toujours en butte aux aggressions des Philistins. La résistance du peuple des campagnes, personnifiée dans Samson le Danite, avait beau multiplier les miracles: Israël s'affaiblissait chaque jour, sans qu'il fût aisé de prévoir le moment où s'arrêterait son déclin.

CHAPITRE VIII.

L'EMPIRE JUIF.

Débuts de la royauté juive; Samuel, Saül et David. Salomon; Ie schisme des dix tribus.— Israël et Juda jusqu'à l'avénement d'Omri; la vingt et unième dynastie égyptienne : - Sheshonq Ier; commencements du royaume de Damas.

Débuts de la royauté juive; Samuel, Saül et David.

:

Après avoir soumis Juda et Siméon, les Philistins se portèrent contre les races du centre, Ephraïm, Benjamin et Manassé. Le peuple crut trouver un remède à ses maux dans la réunion du pouvoir civil et de la puissance sacerdotale il choisit le grand prêtre Éli pour juge et chef d'armée. Tant que dura sa jeunesse, Eli ne faillit pas à l'espoir d'Israël; mais, devenu aveugle sur ses vieux jours, les violences et les débauches de ses fils éloignèrent de sa maison l'amour du peuple. Les Philistins envahirent la plaine de Jezréel, vinrent camper en Aphek, et tuèrent quatre mille hommes aux Israëlites dans un premier combat. Alors les anciens d'Israël dirent: « Pourquoi Jahveh nous

2. Juges, XII.

HIST. ANC.

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a-t-il battus aujourd'hui devant les Philistins? Faisonsnous amener de Shilo l'Arche d'alliance de Jahveh, et qu'elle vienne au milieu de nous et nous délivre de la main des ennemis. » (C Et, comme l'Arche d'alliance entrait au camp, tout Israël se mit à jeter de si grands cris de joie, que la terre en retentissait. » Quand les Philistins apprirent la nouvelle, ils eurent peur et dirent : « Malheur à nous ! car ceci n'est pas arrivé aux jours passés.- Malheur à nous! qui nous délivrera de la main de ces dieux-là si glorieux ?... -Philistins, renforcez-vous et soyez hommes, de peur que vous ne soyez asservis aux Hébreux, comme ils vous ont été asservis; soyez donc hommes et combattez. » Trente mille hommes d'Israël restèrent sur le champ de bataille et l'Arche fut prise. « Or, un homme de Benjamin. s'enfuit de la bataille et arriva à Shilo ce même jour-là, ayant ses vêtements déchirés, et de la terre sur sa tête.Et comme il arrivait, voici, Éli était assis sur un siége à côté du chemin, attentif; car son cœur tremblait à cause de l'Arche de Dieu. Cet homme donc vint portant les nouvelles dans la ville et toute la ville se mit à crier. - Éli, entendant le bruit de ce cri, dit : « Que veut dire ce grand tumulte?» Et cet homme se hâtant, vint à Éli et lui raconta Or Éli était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans; et ses yeux étaient tout ternis, et il ne pouvait voir. Cet homme donc dit à Éli : « Je suis celui qui vient de la bataille, car je « me suis échappé aujourd'hui de la bataille. » Eli lui dit : « Qu'y est-il arrivé, mon fils? Et celui qui portait les nouvelles répondit, et dit; & Israël a fui devant les Philis<< tins et même il y a eu une grande défaite du peuple ; et << tes deux fils, Ophni et Phinéas, sont morts, et l'arche de « Dieu a été prise. Et aussitôt qu'il eut fait mention de l'Arche de Dieu, Éli tomba à la renverse de dessus son siége à côté de la porte et se rompit la nuque du cou et mourut car il était vieux et pesant. »

tout.

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Un prophète sauva Israël. De tout temps on avait vu paraître au milieu de la foule des voyants (Roë, Hozé), des

1. I Samuel, IV, 1-18.

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