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ple machine de théâtre. Pour un Égyptien, élevé au respect illimité des forces surhumaines, il devait être irrésistible. Le prince de Khêta, tout triomphant qu'il paraisse être, se sent comme arrêté soudain au milieu de sa victoire par un pouvoir invisible, et « recule frappé de terreur. Il fit alors avancer des chefs nombreux munis de leurs chars et de leurs gens exercés à toutes les armes : le prince d'Arad, celui de Mysie, le prince d'Ilion, celui de Lycie, celui de Dardanie, le prince de Karkémish, celui de Qarqisha, celui de Khaleb. Ces alliés de Khêta réunis ensemble formaient trois mille chars. » Tous les efforts sont superflus. « Je me précipitai sur eux pareil à Month; ma main les dévora dans l'espace d'un instant; je tuai et je massacrai au milieu d'eux. Ils se disaient l'un à l'autre : « Ce n'est pas un homme qui « est au milieu de nous, c'est Soutekh le grand guerrier, <«< c'est Baal en personne. Ce ne sont pas les actions d'un homme, ce qu'il fait seul, tout seul, il repousse des cen<< taines de mille, sans chefs et sans soldats. Hâtons-nous, fuyons devant lui, cherchons notre vie et respirons [en«< core] les souffles! » Quiconque venait pour le combattre sentait sa main affaiblie; ils ne pouvaient plus tenir ni l'arc ni la lance. Voyant qu'il était arrivé à la jonction des routes, le roi les poursuivit comme le griffon. »

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Les ennemis en déroute, c'est alors seulement qu'il appelle ses soldats, moins pour leur demander secours que pour les prendre à témoin de sa valeur. « Soyez fermes, affermissez vos cœurs, ô mes soldats! vous voyez ma victoire, et j'étais seul : c'est Ammon qui m'a donné la force, sa main est avec moi. » Il encourage son écuyer Menna, que le nombre des ennemis remplit d'effroi, et se jette au milieu de la mêlée. « Six fois je chargeai à travers les ennemis. » Enfin son armée arrive vers le soir et le dégage: il rassemble ses généraux et les accable de reproches. « Que dira la terre entière, lorsqu'elle apprendra que vous m'avez laissé seul et sans un second? que pas un prince, pas un officier de chars ou d'archers n'a joint sa main à la mienne? J'ai combattu, j'ai repoussé des millions de peuples, à moi seul. Victoire à Thèbes et Noura satisfaite étaient mes

grands chevaux, c'est eux que j'ai trouvés sous ma main quand j'étais seul au milieu des ennemis frémissants. Je leur ferai prendre moi-même leur nourriture devant moi, chaque jour, quand je serai dans mon palais, car je les ai trouvés quand j'étais au milieu des ennemis, avec le chef Menna, mon écuyer, et avec les officiers de ma maison qui m'accompagnaient et sont mes témoins pour le combat : voilà ceux que j'ai trouvés. Je suis revenu après une lutte victorieuse et j'ai frappé de mon glaive les multitudes assemblées. >>

Le combat du premier jour ne fut que le préliminaire d'une action plus considérable. Le lendemain matin, la bataille recommença, avec quel suceès pour les Egyptiens et quelles pertes pour les Asiatiques, nous l'avons montré plus haut. Pentaour n'entre pas dans le détail de cette seconde journée: il la décrit rapidement en quelques lignes consacrées tout entières à l'éloge du roi. C'est qu'en effet le sujet du poëme n'est pas la victoire de Kadesh et la défaite des armées syriennes pour importants à l'historien que soient ces événements, le poëte les laisse presque entièrement de côté. Il a voulu chanter le courage indomptable de Sésostris, sa foi dans le secours des dieux, la force irrésistible de son bras; il a voulu montrer le héros surpris, abandonné des siens, et rachetant par sa vaillance les fautes de ses généraux, marchant seul à l'ennemi, le faisant six fois reculer et le tenant en échec jusqu'au coucher du soleil. Tous les faits qui pourraient nuire à l'impression générale ou diminuer l'éclat de la vaillance royale sont rejetés dans l'ombre. De la maison militaire une seule mention; du second jour de la bataille une description insuffisante. Le roi des Khêtas implore la paix : Sésostris la lui accorde et rentre triomphant dans ses États. «< Ammon vint le saluer en disant : «< Viens, notre fils chéri, ô Ram« sès Meïamoun ! » Les dieux lui ont donné les périodes infinies de l'éternité sur le double trône de son père Atoum, et toutes les nations sont renversées sous ses sandales 1. »

1. Le texte du poëme se trouve aux Papyrus Raifé et Sallier III,

CHAPITRE VI.

LES GRANDES MIGRATIONS MARITIMES
ET LA VINGTIÈME DYNASTIE.

La colonisation sidonienne et l'Asie Mineure.

Les migrations des peuples de l'Asie Mineure et l'Exode. Ramsès III et la vingtième dynastie.

La colonisation sidonienne et l'Asie Mineure.

De tous les peuples de Syrie les Phéniciens étaient celui qui avait le mieux profité de la conquête égyptienne. Placés en dehors de la route ordinaire des armées, ils n'avaient pas à souffrir de leur passage non plus que des péripéties de la lutte, comme les autres nations de Canaan. Les gens d'Arad et de Simyra avaient, sous Thotmès III, pris part aux révoltes des Rotennous, et avaient été châtiés d'une manière qui leur avait ôté l'envie de recommencer. Gebel et Béryte, Sidon et Tyr, étaient restées fidèles à leurs maîtres étrangers depuis le temps de Thotmès Ier jusqu'à celui de Ramsès II. Elles avaient acquis le privilége de faire le commerce en Egypte pour le compte des étrangers, et à l'étranger pour le compte de l'Égypte. Grâce à ce privilége, Sidon, qui avait succédé aux Giblites dans la suprématie de la nation phénicienne, avait pu développer sa marine et était parvenue au plus haut point de richesse et de gloire.

Le commerce des Phéniciens avec les peuples du dehors se faisait à la fois par terre et par mer, au moyen de caravanes et sur des vaisseaux. Toutes les routes qui, des grands marchés de l'extrême Orient, de l'Inde, de la Bac

ainsi qu'à Ibsamboul, Louqsor, Karnak, et au Ramesseïon. La traduction est de M. de Rougé, Recueil de travaux, 1870, t. I. p. 1-8.

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