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Superbe, et dédaignant ce que la terre admire,
Tu ne demandais rien au monde, que l'empire.
Tu marchais... tout obstacle était ton ennemi.
Ta volonté volait comme ce trait rapide
Qui va frapper le but où le regard le guide,
Même à travers un cœur ami.

Jamais pour éclaircir ta royale tristesse,
La coupe des festins ne te versa l'ivresse ;
Tes yeux d'une autre pourpre aimaient à s'enivrer.
Comme un soldat debout qui veille sous ses armes,
Tu vis de la beauté le sourire ou les larmes

Sans sourire et sans soupirer.

Tu n'aimais que le bruit du fer, le cri d'alarmes,
L'éclat resplendissant de l'aube sur les armes :
Et ta main ne flattait que ton léger coursier,
Quand les flots ondoyants de sa pâle crinière
Sillonnaient comme un vent la sanglante poussière,
Et que ses pieds brisaient l'acier.

Tu grandis sans plaisir, tu tombas sans murmure.
Rien d'humain ne battait sous ton épaisse armure:
Sans haine et sans amour, tu vivais pour penser.
Comme l'aigle régnant dans un ciel solitaire,
Tu n'avais qu'un regard pour mesurer la terre,
Et des serres pour l'embrasser !

Tu tombas cependant de ce sublime faîte;
Sur ce rocher désert jeté par la tempête
Tu vis tes ennemis déchirer ton manteau :
Et le sort, ce seul dieu qu'adora ton audace,
Pour dernière faveur t'accorda cet espace
Entre le trône et le tombeau.

Oh! qui m'aurait donné d'y sonder ta pensée,
Lorsque le souvenir de ta grandeur passée
Venait, comme un remords, t'assaillir loin du bruit,
Et que, les bras croisés sur ta large poitrine,
Sur ton front chauve et nu, que la pensée incline,
L'horreur passait comme la nuit!

Tel qu'un pasteur debout sur la rive profonde
Voit son ombre de loin se prolonger sur l'onde,
Et du fleuve orageux suivre, en flottant, le cours;

Tel du sommet désert de ta grandeur suprême,
Dans l'ombre du passé te recherchant toi-même,
Tu rappelais tes anciens jours.

Ils passaient devant toi comme des flots sublimes
Dont l'œil voit sur les mers étinceler les cimes,
Ton oreille écoutait leur bruit harmonieux;
Et, d'un reflet de gloire éclairant ton visage,
Chaque flot t'apportait une brillante image
Que tu suivais long-temps des yeux.

Là sur un pont tremblant tu défiais la foudre ;
Là du désert sacré tu réveillais la poudre ;
Ton coursier frissonnait dans les flots du Jourdain.
Là tes pas abaissaient une cime escarpée.
Là tu changeais en sceptre une invincible épée.
Ici... Mais quel effroi soudain !

Pourquoi détournes-tu ta paupière éperdue?
D'où vient cette pâleur sur ton front répandue?
Qu'as-tu vu tout à coup dans l'horreur du passé ?
Est-ce de vingt cités la ruine fumante,

Ou du sang des humains quelque plaine écumante ?
Mais la gloire a tout effacé.

La gloire efface tout... tout, excepté le crime. Mais son doigt me montrait le corps d'une victime; Un jeune homme, un héros, d'un sang pur inondé, Le flot qui l'apportait passait, passait sans cesse; Et toujours en passant la vague vengeresse

Lui jetait le nom de Condé...

Comme pour effacer une tache livide,

On voyait sur son front passer sa main rapide;
Mais la trace de sang sous son doigt renaissait :
Et, comme un sceau frappé par une main suprême,
La goutte ineffaçable, ainsi qu'un diadème,
Le couronnait de son forfait.

C'est pour cela, tyran, que ta gloire ternie
Fera par ton forfait douter de ton génie ;
Qu'une trace de sang suivra partout ton char,
Et que ton nom, jouet d'un éternel orage,
Sera par l'avenir ballotté d'âge en âge

Entre Marius et César.

On dit qu'aux derniers jours de sa longue agonie,
Devant l'éternité seul avec son génie,

Son regard vers le ciel parut se soulever :

Le signe rédempteur toucha son front farouche...
Et même on entendit commencer sur sa bouche
Un nom... qu'il n'osait achever.

Achève... c'est le dieu qui règne et qui couronne;
C'est le dieu qui punit; c'est le dieu qui pardonne:
Pour les héros et nous il a des poids divers.

Parle-lui sans effroi: lui seul peut te comprendre.
L'esclave et le tyran ont tous un compte à rendre,
L'un du sceptre, l'autre des fers.

Son cercueil est fermé: Dieu l'a jugé. Silence!
Son crime et ses exploits pèsent dans la balance:
Que des faibles mortels la main n'y touche plus!
Qui peut sonder, Seigneur, ta clémence infinie?
Et vous, fléaux de Dieu, qui sait si le génie
N'est pas une de vos vertus? ...

Napoleon.

De lumière et d'obscurité,

DE LA MARTINE.

De néant et de gloire étonnant assemblage,
Astre fatal aux rois comme à la liberté ;
Au plus haut de ton cours porté par un orage,
Et par un orage emporté,

Toi qui n'as rien connu, dans ton sanglant passage,

D'égal à ton bonheur que ton adversité;

Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes,
T'ouvraient un chemin triomphal,

Les élémens soumis attendaient ton signal;
D'une nuit pluvieuse écartant les tempêtes
Pour éclairer tes fêtes,

Le soleil t'annonçait sur son char radieux;
L'Europe t'admirait dans une horreur profonde,
Et le son de ta voix, un signe de tes yeux
Donnait une secousse au monde.

Tu régnerais encor si tu l'avais voulu.
Fils de la Liberté, tu détronas ta mère.

Armé contre ses droits d'un pouvoir éphémère,

Tel du sommet désert de ta grandeur suprême,
Dans l'ombre du passé te recherchant toi-même,
Tu rappelais tes anciens jours.

Ils passaient devant toi comme des flots sublimes
Dont l'œil 'voit sur les mers étinceler les cimes,
Ton oreille écoutait leur bruit harmonieux;
Et, d'un reflet de gloire éclairant ton visage,
Chaque flot t'apportait une brillante image
Que tu suivais long-temps des yeux.

Là sur un pont tremblant tu défiais la foudre;
Là du désert sacré tu réveillais la poudre ;
Ton coursier frissonnait dans les flots du Jourdain.
Là tes pas abaissaient une cime escarpée.
Là tu changeais en sceptre une invincible épée.
Ici ... Mais quel effroi soudain !

Pourquoi détournes-tu ta paupière éperdue?
D'où vient cette pâleur sur ton front répandue?
Qu'as-tu vu tout à coup dans l'horreur du passé ?
Est-ce de vingt cités la ruine fumante,

Ou du sang des humains quelque plaine écumante ?
Mais la gloire a tout effacé.

La gloire efface tout... tout, excepté le crime.
Mais son doigt me montrait le corps d'une victime;
Un jeune homme, un héros, d'un sang pur inondé.
Le flot qui l'apportait passait, passait sans cesse;
Et toujours en passant la vague vengeresse
Lui jetait le nom de Condé...

Comme pour effacer une tache livide,

On voyait sur son front passer sa main rapide;
Mais la trace de sang sous son doigt renaissait :
Et, comme un sceau frappé par une main suprême,
La goutte ineffaçable, ainsi qu'un diadème,

Le couronnait de son forfait.

C'est pour cela, tyran, que ta gloire ternie
Fera par ton forfait douter de ton génie ;
Qu'une trace de sang suivra partout ton char,
Et que ton nom, jouet d'un éternel orage,
Sera par l'avenir ballotté d'âge en âge
Entre Marius et César.

On dit qu'aux derniers jours de sa longue agonie,
Devant l'éternité seul avec son génie,

Son regard vers le ciel parut se soulever :

Le signe rédempteur toucha son front farouche...
Et même on entendit commencer sur sa bouche
Un nom... qu'il n'osait achever.

Achève... c'est le dieu qui règne et qui couronne;
C'est le dieu qui punit; c'est le dieu qui pardonne:
Pour les héros et nous il a des poids divers.
Parle-lui sans effroi: lui seul peut te comprendre.
L'esclave et le tyran ont tous un compte à rendre,
L'un du sceptre, l'autre des fers.

Silence!

Son cercueil est fermé: Dieu l'a jugé.
Son crime et ses exploits pèsent dans la balance:
Que des faibles mortels la main n'y touche plus !
Qui peut sonder, Seigneur, ta clémence infinie?
Et vous, fléaux de Dieu, qui sait si le génie
N'est pas une de vos vertus? ...

Napoleon.

De lumière et d'obscurité,

DE LA MARTINE.

De néant et de gloire étonnant assemblage,
Astre fatal aux rois comme à la liberté ;
Au plus haut de ton cours porté par un orage,
Et par un orage emporté,

Toi qui n'as rien connu, dans ton sanglant passage,
D'égal à ton bonheur que ton adversité;

Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes,
T'ouvraient un chemin triomphal,

Les élémens soumis attendaient ton signal;
D'une nuit pluvieuse écartant les tempêtes
Pour éclairer tes fêtes,

Le soleil t'annonçait sur son char radieux;
L'Europe t'admirait dans une horreur profonde,
Et le son de ta voix, un signe de tes yeux
Donnait une secousse au monde.

Tu régnerais encor si tu l'avais voulu.
Fils de la Liberté, tu détronas ta mère.

Armé contre ses droits d'un pouvoir éphémère,

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