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L'ERMITE ET SES SAINTS.

COUPLETS

ADRESSÉS A M. DE JOUY, LE JOUR DE SA FÊTE.

AIR: Rassurez-vous, ma mie.

On va rouvrir la Sorbonne ;
L'église attend ses décrets:
On ne brûle encor personne,
Mais les fagots sont tout prêts.
Par bonheur chez nous habite
Un saint d'un esprit plus doux.
Ermite, bon ermite,

Priez, priez pour nous!

Des prêtres, grands catholiques,
L'ont instruit à servir Dieu.

Il tient aux mêmes reliques

T. II.

5

Qu'aimait l'abbé de Chaulieu.

A l'amour sa muse invite:

Par lui nous serons absous.

Ermite, bon ermite,

Priez, priez pour nous!

Rabelais, ce fou si sage,
Lui légua, par parenté,
Un capuchon dont l'usage
En fait un sage en gaîté.
Contre la gent hypocrite

Voyez son malin courroux.

Ermite, bon ermite,
Priez, priez pour nous!

Ce n'est tout son patrimoine; Car, pour être chansonnier, De Lattaignant, gai chanoine, Il choisit le bénitier.

Mais de ses refrains qu'on cite, Lattaignant serait jaloux.

Ermite, bon ermite,

Priez, priez pour nous!

Il lui manquait un bréviaire;
Le bon ermite, à dessein,

Prit les œuvres de Voltaire,
Qui se disait capucin.

Grace à l'auteur qu'il médite,
Il sait charmer tous les goûts.
Ermite, bon ermite,

Priez, priez pour nous!

De tels saints suivant les traces

Sur son gai califourchon,

Il laisse fourrer aux Graces Des fleurs sous son capuchon.

A l'aimer tout nous invite;

Avec lui sauvons-nous tous.

Ermite, bon ermite,

Priez, priez pour nous!

MON PETIT COIN.

1819.

AIR du vaudeville de la petite Gouvernante.

Non, le monde ne peut me plaire; Dans mon coin retournons rêver.

Mes amis, de votre galère

Un forçat vient de se sauver.
Dans le désert que je me trace,
Je fuis, libre comme un Bédouin.
Mes amis, laissez-moi, de grace,
Laissez-moi dans mon petit coin.

Là, du pouvoir bravant les armes, Je pèse et nos fers et nos droits; Sur les peuples versant des larmes, Je juge et condamne les rois.

Je prophétise avec audace;
L'avenir me sourit de loin.

Mes amis, laissez-moi, de grace,
Laissez-moi dans mon petit coin.

Là j'ai la baguette des fées;
A faire le bien je me plais.
J'élève de nobles trophées;
Je transporte au loin des palais.
Sur le trône ceux que je place,
D'être aimés sentent le besoin.
Mes amis, laissez-moi, de grace,
Laissez-moi dans mon petit coin.

C'est là

que mon ame a des ailes :

Je vole, et, joyeux séraphin,
Je vois aux flammes éternelles

Nos rois précipités sans fin.

Un seul échappe de leur race;
De sa gloire je suis témoin.

Mes amis, laissez-moi, de grace,
Laissez-moi dans mon petit coin.

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