Billeder på siden
PDF
ePub

Où donc est-il l'époux que ma jeunesse
Avait rêvé jeune, beau, caressant?
Entre ses bras ma pudique tendresse
Eût été seule un philtre assez puissant.

De mon hymen, oui, la froideur me tue.
D'un plaisir chaste allumons le flambeau:
Ah! cessons d'être une vaine statue,
Dont un mari décore son tombeau.

La tendre vieille a dit : « Soyez docile, « Et dès demain renaîtront vos couleurs; «Demain moi-même au seuil de votre asile « Je suspendrai deux couronnes de fleurs. »

Meurs, il le faut; meurs, ô toi qui recéles Des dons puissants, à la volupté chers! Rends à l'Amour tous les feux que tes ailes Ont à ce dieu dérobés dans les airs.

T. II.

26

LE TOURNE BROCHE.

AIR: Le bruit des roulettes gâte tout.

Du dîner j'aime fort la cloche,
Mais on la sonne en peu d'endroits;
Plus qu'elle aussi le tournebroche
A nos hommages a des droits.
Combien d'ennemis il rapproche

Chez le prince et chez le bourgeois!
A son doux tic tac un jour les partis
Signeront la paix entre deux rôtis.

Qu'on reprenne sur la musique
Les querelles du temps passé;
Que par l'Amphion italique

Le grand Mozart soit terrassé;
Je ne tiens qu'au refrain bachique

C

Par le tournebroche annoncé.

A son doux tic tac un jour les partis
Signeront la paix entre deux rôtis.

Lorsque la Fortune à sa roue
Attache mille ambitieux,

Les précipite dans la boue
Ou les élève jusqu'aux cieux,
C'est la broche, moi je l'avoue,
Dont la roue attire mes yeux.
A son doux tic tac un jour les partis

Signeront la paix entre deux rôtis.

Une montre,

admirable ouvrage,

Des heures décrivant le cours, Régle, sans en charmer l'usage, Le cercle borné de nos jours; Le tournebroche a l'avantage D'embellir des instants trop courts. A son doux tic tac un jour les partis Signeront la paix entre deux rôtis.

Ce meuble, suivant maint vieux conte,
A manqué seul à l'âge d'or;

C'est l'amitié qui, pour son compte,

Dut en inventer le ressort.

Vivent ceux que sa main remonte!
Mais gloire à celui du trésor!
A son doux tic tac un jour les partis
Signeront la paix entre deux rôtis.

LES SCIENCES.

AIR :

Fatigué des clartés confuses

Qui m'ont égaré bien souvent,

J'allais bannir amours et muses;
J'allais vouloir être savant.

Mais quoi! pour une ame incertaine
La science est d'un vain secours.
Gardons Lisette et La Fontaine :
Muses, restez; restez, Amours.

La nature était mon Armide;
Dans ses jardins j'errais surpris:
Mais un chimiste moins timide
Règne en vainqueur sur leurs débris.
Dans son fourneau rien qu'il ne jette;

« ForrigeFortsæt »