PAILLASSE. 1816. AIR Amis, dépouillons nos pommiers. : J'suis né Paillasse, et mon papa, Pour m'lancer sur la place, D'un coup d' pied queuqu' part m'attrapa, Et m' dit: Saute, Paillasse! T'as l'jarret dispos, Quoiqu' t'ay' I'ventre gros Et la fac' rubiconde. N' saut' point-z à demi, Paillass' mon ami: Saute pour tout le monde! Ma mèr' qui poussait des hélas En m' voyant prendr❜ma course, M'habille avec son seul mat'las, Là d'sous fais, mon fils, Content comme un gueux, j'm'en allais, Quand un seigneur m'arrête, Et m' donn' l'emploi, dans son palais, D'un p'tit chien qu'il regrette. Le chien sautait bien, J' surpasse le chien; Plus d'un envieux en gronde. N' saut' point-z à demi, Paillass' mon ami: Saute pour tout le monde! J' buvais du bon, mais un hasard, Où j' n'ons rien mis du nôtre, Fait qu'monseigneur n'est qu'un bâtard, Et qu'il en vient-z un autre. Fi du dépouillé Qui m'a bien payé! Fêtons l'autre à la ronde. N' saut' point-z à demi, Saute pour tout le monde ! A peine a-t-on fêté c'lui-ci, Que l' premier r'vient-z en traître; Mais le v'là r'chassé, V'là l'autre r'placé. Viv' ceux que Dieu seconde ! N' saut' point-z à demi, Paillass' mon ami: Saute pour tout le monde ! Vienn' qui voudra, j' saut'rai toujours, N' faut point qu' la r'cette baisse. Boir', manger, rire et fair' des tours, Voyez comm' ça m'engraisse. En gens qui, ma foi, Saut' moins gaîment qu' toi N' saut' point-z à demi, Paillass' mon ami : Saute pour tout le monde ! |