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Correspondenz mit Charles Bonnet.1

1. Charles Bonnet an Moses Mendelssohn.

A Genthod près de Génève le 12. Jan. 1770.

Si Monsieur LAVATER avoit bien voulu, Monsieur, me communiquer l'étrange Idée de la Dédicace, j'aurois fait les plus grands efforts pour l'en détourner. Mais, il ne m'a envoyé cette dissonante Pièce que lorsqu'il n'étoit plus temps de m'opposer à sa publication. Je l'ai désapprouvé en entier et pour le fond et pour la forme, et je me suis hâté de lui en dire ma pensée avec cette franchise, que je sçai très bien, qui ne déplaira jamais à cet homme estimable. Voici, Monsieur, la copie fidèle de ce que je lui écrivis sur son imprudente démarche le 26. de Septembre et le 24. d'Octobre derniers.

,,Si Vous m'aviés communiqué Votre Dédicace avant que de l'imprimer, je Vous aurois fait observer, qu'il ne me paroissoit pas convenable de dédier à un Juif un livre calculé uniquement pour les

1 CHARLES BONNET, dessen Ruf gleich bedeutend als Naturforscher wie als philosophischer Schriftsteller ist, wurde am 13. März 1720 zu Genf geboren und starb zu Genthod am Genfer See am 20. Mai 1793. Er widmete sich dem Studium der Jurisprudenz und Philosophie, nebenbei aber auch dem der Naturwissenschaften mit solchem Eifer, dass er schon im 20. Lebensjahre eine epochemachende Abhandlung über die Blattläuse veröffentlichte, wodurch er Correspondent der Pariser Akademie der Wissenschaften wurde. Seine weitern Arbeiten waren auf die Anatomie und Physiologie der Polypen, der Raupen und der Schmetterlinge gerichtet. Von seinen naturwissenschaftlichen Schriften sind besonders Traité d'insectologie (2 Bde. Paris 1745) und Considérations sur les corps organisés (2 Bde. Genf 1762) zu nennen. Als Naturforscher die Beobachtung und die Erfahrung als den einzigen Weg zur wissenschaftlichen Erkenntniss ansehend, schloss er sich auch in der Philosophie den wesentlich empiristischen und sensualistischen Principien LOCKE's an, gelangte jedoch hierbei zu einer philosophischen Natur- und Weltanschauung, in der ein gewisser

incrédules nés dans le sein de notre Église. Je Vous aurois dit encore, que Vous pressiés un peu trop cet estimable Juif, qu'il ne falloit pas le provoquer au combat, que l'auteur des Recherches n'avoit point provoqué au combat les incrédules, qu'il ne falloit pas mettre cet excellent Juif dans l'épineuse alternative de refuter le livre ou de se converter: que Vous l'exposiés enfin à quelques désagrémens de la part de ses frères en revelant son estime pour le Fondateur. L'auteur se plaint encore que Vous ne lui avés point tenu parole, et que Vous l'avés beaucoup trop loué. Il n'en sent pas moins ce qu'il doit à Votre Coeur, mais Vous n'ignorés pas, qu'on se défie volontier d'un antidote, qu'on vante trop."

Vous jugés donc, Monsieur, que je n'ai pas du être surpris de la Réponse, que Vous venés de faire à Mr. LAVATER. Il en a remis pour moi un extrait au courier, que je reçus avant hièr. Je mets encore sous Vos yeux la lettre, que je lui écris à ce sujet.

,,Le 12. Jan. 1770.

„Je Vous l'avois prédit, Monsieur, quand Vous m'envoyâtes cette imprudente Dédicace, passés moi de terme, et certes il n'étoit pas besoin d'être inspiré pour Vous le prédire. Je comte bien que ceci Vous apprendera à Vous défier de Votre zèle trop ardent pour le Palingénésiste et pour la logique. Relisés mes lettres, si Vous les avés encore. Je ne Vous ai jamais dit, à mon gré, toute la surprise et tout le chagrin que me causa cette Dédicace à l'estimable Mr. MOSES. Comment s'est-il trouvé à Zurich une seule tête qui aye stimmungsvoller christlich-religiöser Glaube ein wesentliches Element bildete. Indessen ist seine auf sensualistischer Grundlage beruhende psychologische Anschauung in Essai de psychologie ou considérations sur les opérations de l'âme (London 1755, deutsch von Dонм, Lemgo 1773) und Essai analytique sur les facultés de l'âme, (2 Bde. Kopenhagen 1767, deutsch von SCHÜTZ, Bremen 1770-71) nicht frei von materialistischer Beimischung. Mehr metaphysisch-religionsphilosophischen Charakters ist seine Schrift: La Palingénésie philosophique ou idées sur l'état passé et sur l'état future des êtres vivants (2 Bde. Genf 1769, deutsch von LAVATER 1769), in der er die Fortdauer der denkenden Substanz in einem wiedererweckten Leibe, sowie die Vereinbarkeit der christlichen Offenbarungs- und Wunderlehre mit seiner Philosophie darzuthun versucht. Diese Schrift bildete auch die Veranlassung zu der zwischen MENDELSSOHN, LAVATER und BONNET geführten polemischen Correspondenz. Vgl. die biographische Einleitung in Bd. 1. Das Leben BONNET's schilderte LEMOINE (Paris 1850).

pu Vous la conseiller? Était-ce ainsi qu'on pouvoit faire gouter la
Vérité à un Juif instruit? Je Vous l'écrivois alors, c'étoit le pro-
voquer au combat contre moi, et puis avois-je calculé mes Re-
cherches pour les Juifs? Quoi que la lettre de Mr. MOSES ne soit
point pour le Palingénésiste un billet-doux: il Vous dira néan-
moins avec
sa franchise ordinaire: qu'autant Votre Dédicace lui
avoit déplu autant cette lettre de Mr. Moses lui plait. Il y a admiré
la sagesse, la modération et l'habilité du célèbre fils de Abraham.
Il faudra qu'il sache de moi-même que je n'ai jamais eu la pré-
somtion de penser qu'un Juif Philosophe, qui ne s'est pas con-
verti à la voix forte et majestieuse d'un ABBADIE, se convertiroit
à la foible voix d'un BONNET.“

Vous voyés, Monsieur, ce que je pense de Votre Réponse à l'honnête Diacre de Zurich. Mais ce que la lettre que je lui ai écrite ne pouvoit exprimer aussi fortement que je le sens, c'est combien je Vous estime et Vous honore. Il y avoit long temps qu'un homme de mérite, de Vos amis et dont nous regrettons la mort prématurée, m'avoit dit tout ce que Vous valiés; je parle de Mr. ABBт, et Vos excellents écrits m'ont bien confirmé la haute idée qu'il m'avoit donné de Votre caractère moral. Je n'en suis donc que plus faché d'avoir été l'occasion quoique très innocente du désagrément que le zèle indiscret de Mr. LAVATER Vous a fait éprouver. Il suffisait de Vous connoître pour être très convaincu que si Vous eussiés trouvé dans nos apologistes des argumens victorieux, Vous vous seriés fait un devoir sacré d'embrasser cette Doctrine que Vous ne rejettés encore que parce que Vous ne la trouvés pas assés solidement établi; il suffisait encore de connoître mon plan et son exécution pour sentir que mon livre n'étoit point adressé à la vénérable Maison de Jacob, pour laquelle mon Coeur ne cessera jamais de faire les voeux les plus vrais.

Je désirerois fort que Vos occupations Vous permissent de lire ma Palingénésie dans l'original: Vous jugeriés de mes vues et Vous reconnoîtriés que je n'ai composé cet ouvrage que pour ces Philosophes nés dans notre Église, qui vivent dans son sein et qui lui déclarent la guerre. Ce n'étoit pas même aux Généraux de cette armée devenue si nombreuse, que je m'adressois: ils sont trop vieilli dans le metier et leur fier amourpropre ne me laissoit pas des espérances raisonnables. Je ne m'adressois

donc qu'aux Subalternes le plus honnêtes, donc l'esprit et le coeur pouvoit encore être éclairé et touché. Je pensois que si je leurs rendois tant soit peu probable la Survivance de l'animal je les disposerois à accorder cette de l'homme. Voilà tout le secret de ma petite production, de cette production dont Vous dites qu'elle ne Vous paroit pas avoir le prix que Mr. LAVATER lui donne. Je le dis aussi après Vous, Monsieur, et je le répéterois fortement encore au Public, si l'occasion l'exigeroit. J'ai reproché à Mr. LAVATER de ses éloges trop exclusifs.

Vous ajoutés que Vous avés lu beaucoup de Défenses de notre Religion non seulement d'Anglais, mais même d'Allemands qui Vous ont paru plus solides et plus philosophiques que l'ouvrage de Mr. BONNET. Je ne me parerai point ici de modestie, quelle mérite auroit elle vis-à-vis des illustres Apologistes que Vous avés en vue! Je ferai toujours gloire de les regarder comme mes maîtres. Je n'en appellerai donc point de Votre jugement, mais je Vous demanderai quels sont ceux de ces écrivains qui Vous paroissent les plus solides et les plus philosophiques, afin que je puisse les étudier, les méditer autant qu'ils le méritent. Si j'avois l'honneur de Vous être connu personnellement, Vous sçauriés combien mon amour pour le vrai est sincère, et combien est grande la juste défiance que la foiblesse de mes talens et de mes lumières m'inspire pour mes petites opinions. Je ne serai donc jamais le moins du monde choqué de tout ce qu'une saine critique Vous portera à relever auprès du Public dans mes divers écrits et en particulier dans mes Recherches. La Religion que je professe et que j'aime ne pourroit que gagner à être examinée de nouveau par le sage fils de MENDEL. Je le recevrai avec une reconnoissance dont je serai très empressé à Vous donner les sincères témoignages. Mon celèbre ami Mr. FORMEY qui habite dans la même capitale que Vous pourroit Vous confirmer ceci: il sçait ma manière de sentir et de penser et en particulier mes sentiments pour Vous. Peut-être mon caractère moral a-t-il été asses empreint dans mes ouvrages, pour que Vous ayes pu l'y re

connoître.

Vous dites encore, Monsieur, dans la même Réponse à Mr. LAVATER, si je ne me trompe, la pluspart des hypothèses philosophiques de l'auteur ont pris naissance dans notre Allemagne. Comme je connois la Droiture et l'honnêteté de Votre âme, je suis très persuadé que Vous

n'avés point prétendu insinuer par ces expressions que je me suis approprié tacitement les Hypothèses des Philosophes allemands. Cependant j'ai lieu de craindre, que certains Lecteurs ne tirent de Votre phrase des choses que Vous n'avés point voulu y mettre et que je ne sçaurois y voir. Le Plagiat m'a toujours fait horreur et toujours je me suis fait un devoir étroit de reconnoître ce que je devois aux écrivains qui m'avoient précedé. Ma Palingénésie surtout est pleine des éloges du prodigieux LEIBNIZ et Vous pourriés voir dans la Partie VII les hommages que je me plaisois à lui rendre. Mais ne me sera-t-il pas permis de penser que mes Hypothèses sur les opérations de notre âme, sur les réproductions des Êtres vivans, sur l'état futur de l'homme et des animaux le sont plus à moi qu'au Sages de l'Allemagne? Je parle principalement du développement des Idées, de leurs expositions, de l'enchaînement, de la clarté et de la précision que j'ai tâché d'y repandre. Vous êtes un des meilleurs juges de tout cela, et j'en appelle avec confiance à Votre jugement.

Il est dans Votre Lettre une Chose dont je ne puis me développer le sens; la voici: l'application et l'usage que l'auteur fait des considérations générales qu'il met à la tête de son ouvrage, cette application qu'il en fait pour la Défense de sa Religion m'a paru si vacillante et si arbitraire que j'ai presque méconnu un BONNET. Je me ferois presque fort de défendre telle Religion que l'on voudroit avec les mêmes argumens. Seroit-il possible, Monsieur, que Vous Vous fussiés mépris sur le ton réservé ou peu décisif que j'ai pris dans un écrit consacré aux incrédules Philosophes qu'un ton plus décisif ou plus affirmatif auroit révolté? D'ailleurs combien ce ton modeste ou peu affirmatif convenoit-il à la médiocrité de mon Génie! combien étoit-il assorti à la hauteur des matières que je traitois, et à la disproportion des mes talens avec ces matières! Je n'ai donc été ici qu'un simple chercheur. Souffrés que je Vous le fasse remarquer. J'ai défendu ma Religion précisement par les mêmes argumens que Vous seriés fort d'employer pour défendre la Vôtre. Soutiendriés-Vous par les mêmes argumens la Religion de Mahomet ou celle de Confucius? Je Vous conjure de me relire et j'en appelle de Votre part à un nouvel examen. Comment, je Vous prie, prouveriés-Vous à un Incrédule que Moïse a existé, qu'il a fait des Mi

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