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PRÉFACE.

La plupart des commentateurs de Virgile ne l'ont considéré qu'isolément, et sans égard aux auteurs qui l'ont précédé ou suivi. Ceux mêmes qui se sont appliqués à cette recherche ont simplement cité les endroits imités sans établir entre eux aucun rapport. Il manquoit un ouvrage où l'on trouvât tous ces matériaux réunis, et accompagnés de remarques littéraires qui en fissent sentir l'analogie. Placé entre les Grecs, ses modèles, et les modernes, ses imitateurs, Virgile semble être un heureux intermédiaire fait pour interpréter les uns et diriger chez les autres le goût et l'imagination. En rapprochant les chefs-d'œuvre des différens siècles, en observant les modifications graduelles du génie parmi toutes

les nations européennes, on reconnoît la Grèce poétique revivant dans Virgile, et perpétuée par lui chez les modernes.

Sans vouloir embrasser ce plan dans toute son étendue, nous avons essayé d'en tracer une esquisse applicable aux études classiques. La marche de l'ouvrage est celle du texte latin qu'il renferme en entier; mais, pour rendre la comparaison plus immédiate, chaque chant de l'Enéide et des Géorgiques est partagé en un certain nombre de tableaux, subdivisés eux-mêmes en tirades de quinze à vingt vers dont chacune est suivie du passage grec qui s'y rapporte et du renvoi aux imitations modernes. Les Eglogues sont divisées de la même manière, et précédées, ainsi que les deux poëmes, d'un court aperçu historique. Ecrivant surtout pour les élèves, nous avons écarté à dessein toute traduction qui eût détourné leur attention de l'original sur une copie trop imparfaite. Le même motif nous a fait abréger nos remarques. Nous laissons au zèle et au talent des

pro

fesseurs le soin de donner à ces notes le développement convenable: dans la forme circonscrite de notre ouvrage, nous avons dû subordonner les détails à l'ensemble.

Loin de nous l'erreur de penser que tous les passages cités dans ce livre soient précisément des modèles ou des copies de Virgile : des causes semblables ont dû produire des résultats analogues. Nous ne nous sommes pas attachés à peser les hémistiches et les syllabes; mais nous avons voulu, en groupant autour d'un poëte unique tous les auteurs anciens et modernes qui se sont exercés dans le même genre, ébaucher un cours de littérature comparée, et montrer l'influence successive et l'alliance du génie dans tous les âges. C'est ainsi que la naïveté de Théocrite, la grâce de Bion et de Moschus semblent avoir été transmises par les Bucoliques aux idylles de Sannazar, de Pope et de Gessner;

et

que les préceptes d'Hésiode et d'Aratus, d Aristote et de Théophraste, déjà embellis dans les Géorgiques, ajoutent un nouvel

intérêt aux brillants tableaux de Thompson, de St.-Lambert et de Delille. C'est ainsi

surtout que, dans un genre plus élevé, on se plaît à voir d'un côté Homère, Apollonius, Eschyle, Sophocle, Euripide et Pindare inspirant le chantre de l'Enéide, et ses sublimes inspirations reproduites à leur tour par le Dante, l'Arioste, le Tasse, le Camoëns, Milton, Racine, Voltaire et Klopstock.

Cet ouvrage a reçu l'approbation de l'Université. Puisse-t-il, sous de pareils auspices, être de quelque secours à la jeunesse de nos écoles, et encourager l'étude d'une langue qui contient les éléments de toutes les littératures.

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