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LES

BUCOLIQUES

TRADUCTION DE

M. CHARPENTIER (DE SAINT-PREST)

INSPECTEUR HONORAIRE DE L'ACADÉMIE DE PARIS,
AGRÉGÉ DE LA FACULTÉ DES LETTRES.

LES

BUCOLIQUES

ÉGLOGUE I.

MÉLIBÉE, TITYRE.

MÉLIBÉE.

O Tityre! étendu sous l'abri de ce hêtre touffu, tu essaies des airs champêtres sur ton léger chalumeau; et nous, exilés de notre patrie, nous quittons ses douces campagnes; nous fuyons la patrie! toi, Tityre, mollement couché sous l'ombrage, tu apprends aux forêts à redire le nom de la belle Amaryllis.

TITYRE.

O Mélibée ! c'est un dieu qui nous a fait ce loisir; oui, toujours il sera un dieu pour moi; son autel sera souvent arrosé du sang d'un tendre agneau sorti de ma bergerie. C'est lui qui a permis à mes génisses d'errer en liberté, comme tu le vois, et à moimème de jouer sur ma flûte rustique les airs que je voudrais.

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MÉLIBÉE.

Je ne suis point jaloux de ton bonheur; mais il m'étonne : tant de troubles agitent nos campagnes! Moi-même, faible et malade, j'emmène mes chèvres loin de ces lieux; en voici une, Tityre, qui a peine à me suivre. Ici, parmi ces épais coudriers, elle vient de mettre bas et de laisser, hélas! sur une roche nue deux jumeaux, l'espoir de mon troupeau. Ce malheur, si mon esprit n'eût été aveuglé, souvent, je m'en souviens, les chênes frappés de la foudre me l'annoncèrent; souvent, du creux de l'yeuse, la colneille sinistre me l'a prédit. Mais enfin ce dieu, quel est-il, Tytire, dis-le-moi?

TITYRE.

La ville qu'on appelle Rome, ô Mélibée, je la croyais, dans ma simplicité, semblable à la ville voisine, où nous avons coutume, nous autres bergers, de conduire nos tendres agueaux. Ainsi je voyais les jeunes chiens ressembler à leurs pères, les chevreaux à leurs mères; ainsi aux petites choses je comparais les grandes. Mais Rome élève autant la tête parmi les autres villes que lcs cyprès parmi les viornes flexibles.

MÉLIBÉE.

Et quel motif si puissant te conduisait à Rome?

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