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tée et étudiée, la Suisse ait été l'objet de tant de descriptions, de tant d'observations plus ou moins intéressantes? C'est un sujet inépuisable et si varié, qu'il est difficile que l'écrivain n'intéresse en décrivant les sensations que ce sujet inspire, et la manière dont il a affecté l'âme de l'observateur.

On a prétendu que l'on pourrait ajouter une montagne aux Alpes, en réunissant tous les livres qui en parlent. Si j'ose exhausser un peu cette montagne savante, je crois pouvoir me justifier par l'intérêt de la matière. A l'époque où j'ai entrepris cet ouvrage, il n'en existait pas en France sur l'état actuel de la Suisse; depuis ce temps il en a paru quelques-uns, ce qui n'a pas empêché le public de faire un bon accueil à la faible esquisse que je lui avais présentée. Cette faveur m'a encouragé à perfectionner mon ouvrage autant qu'il dépendait de moi. La Suisse

elle-même produit sans cesse des ouvrages qui la font connaître (*). C'est

une preuve qu'elle n'est pas encore suffisamment connue des habitans mêmes. Indépendamment de ce que j'ai observé dans deux voyages faits dans ce pays, j'ai voulu présenter un aperçu des renseignemens les plus récens et les

ce

(*) Après la description complète, publiée par Normann, le savant Ebel a fait paraître son excellent Manuel du Voyageur, ouvrage en 4 volumes qui a déjà eu plusieurs éditions, qui n'a empêché ni les auteurs de l'Almanach helvétique, des Étrennes helvétiques, etc., de reprendre la desaription des diverses contrées de la Suisse, ni M. Marc Luz de publier son Dictionnaire géographique et statistique de la Suisse. Arau, 1822, 2 vol. in-8°. Chaque année il paraît de nouveaux recueils d'estampes d'après les dessins d'artistes suisses, des voyages pittoresques, etc. Les vues dessinées et gravées en Suisse ont ordinairement le mérite d'une grande fidélité; c'est ce qui m'a déterminé à tirer d'un recueil suisse, l'Almanach helvétique, les vues qui accompagnent le présent ouvrage.

plus authentiques fournis par les Suisses eux-mêmes, et essayer de peindre la Suisse telle qu'on la connaît aujourd'hui. En me préservant de l'enthousiasme qui anime les nationaux et quelques étrangers, et de l'esprit de dénigrement qui guide la plume de voyageurs remplis de préjugés, j'ai voulu être vrai, et exposer mes sentimens avec franchise. Ecrivant dans un royaume où la presse à le bonheur d'être libre, j'ai signalé franchement les abus qui règnent en Suisse, et sur lesquels les républicains, condamnés au joug de la censure par l'influence de cabinets étrangers et par leur propre aristocratie, sont forcés de garder le silence. Je crois que la flatterie envers les nations et les gouvernemens est aussi pernicieuse que celle que l'on prodigue aux individus, et aussi coupable que l'injustice qui ferait méconnaître leurs actions louables. En expo

sant la politique et l'histoire des Helvétiens, j'ai toujours tâché de fonder mes jugemens sur les principes de la justice générale, et de n'envisager que le bonheur social, tel que le conçoit et que le souhaite le siècle éclairé dans lequel nous vivons. Je n'ai point loué la Suisse parce qu'elle est république, je ne l'ai point blâmée parce qu'elle n'est pas monarchie: j'ai examiné si la forme de son gouvernement satisfait à ce que les Suisses ont droit d'en attendre, et si les autres nations, celles surtout qui ont exercé le plus d'influence sur ce pays, ont toujours rempli envers le peuple helvétique les devoirs de la morale et les conditions du pacte social.

Voyons d'abord la Suisse dans son ensemble: les détails se placeront naturellement dans les cantons auxquels ils appartiennent, et que nous verrons ensuite chacun à part.

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Sur un territoire d'environ 716,780 milles carrés géographiques, resserré entre la France, l'Italie, le Tyrol et l'Allernagne, depuis 45°50' jusqu'à 47°50'de latitude, la Suisse a très-peu de plaines; la plus grande partie de sa surface, naturellement très élevée au-dessus du

niveau de la mer, est hérissée de montagnes et de rochers. Les groupes de ces montagnes, connues sous le nom d'Alpes, qui se prolongent d'un côté en France, de l'autre en Italie, et remplis sent tout le Tyrol, ainsi que la Savoie, paraissaient d'abord jetés confusément sur ce territoire; cependant avec quelque attention on y démêle plusieurs chaînes,depuis le lac de Genève jusqu'au Gothard, et de là jusqu'à Bormio; elles forment un rempart immense d'un accès difficile, et long d'une centaine de lieues, d'où partent plusieurs branches de côté et d'autre. L'une commence à la Fourche, pousse une douzaine

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