de rameaux dans le canton de Berne, et aboutit aux défilés du Valais; elle est unie au Crispalt, qui passe entre les cantons d'Uri, de Gall, de Saint-Glaris et des Grisons, et se perd vers l'embouchure du Rhin dans le lac de Constance. Quelques naturalistes ont regardé le Gothard comme le centre d'où sortent les ramifications de montagnes comme autant de rayons. D'autres ne voient dans les Alpes que des chaînes parallèles, se dirigeant toutes du sud-est au nord-est, séparées par des vallées longitudinales, et entrecoupées par d'autres vallées dans le sens transversal. Quelques chaînes isolées, les montagnes de Gruyères dans le canton de Fribourg, le Righi auprès de Schwytz, la chaîne d'Appenzell, etc., sont séparées des autres par d'assez profondes vallées. Les plus hautes cimes des Alpes atteignent une élévation de 13 à 14 mille pieds; mais il y en a peu qui parviennent à cette hauteur;

toutes les autres s'abaissent plus ou moins autour de celles-ci.

La composition des roches est depuis long-temps pour les naturalistes une étude d'autant plus intéressante qu'elle tend à nous enseigner la manière dont les Alpes se sont formées, et les bouleversemens qu'elles ont éprouvés à des époques dont l'histoire ne fait aucune mention. La chaîne la plus élevée, ou pour mieux dire le noyau des Alpes, se compose d'un granit qui varie de qualité, et que l'on regarde généralement comme ne formant qu'une seule masse compacte: cependant quelques naturalistes assurent y avoir reconnu des assises ou bancs, d'où il résulterait que ce noyau s'est formé par intervalles. Au Saint-Gothard le granit est à gros grains, renfermant surtout de gros morceaux de feldspath, et de bien plus petits de quartz et de glimmer des filons de cristal de roche, de

trémolite et de cyanithe le traversent, Vers le Mont-Blanc le grain devient is plus fin, et le grauit se transforme en egneis; à l'est du Gothard le granit est

également plus fin et devient feuilleté. t Cette roche primitive est recouverte à une hauteur très-considérable de roches d'autres espèces; au nord des Alpes, ces formations, sans doute moins anciennes, constituent des montagnes de 10 à 12,000 pieds, et recouvrent ainsi le noyau granitique; du côté du midi au contraire le granit reste à jour, et on le reconnaît dans toute la chaîne qui s'étend depuis le Mont-Blanc, et par le Valais jusqu'au Tyrol.

Les roches superposées au granit varient de qualité et de position. Le cal caire recouvre le nord des Alpes sur un espace de huit à dix lieues, formant plusieurs chaînes séparées par des vallées longitudinales, et cachant des cimes de 13,000 pieds de haut, sous des

TOME I.

1..

glaciers éternels. Sur la gauche de l'Aar, le calcaire constitue les plus hautes montagnes de la Suisse, telles que la Vierge, l'Eiger, le Wetterhorn, et enveloppe les vallées les plus élevées, le Grindelwald, le Frutigland, le Lauterbrunn, les vallées de Simmen et de Saanen ; on peut suivre cette roche à travers les cantons de Schwytz, Uri, Underwald, Berne, Fribourg, le BasValais, et la Savoie jusqu'en Dauphiné.

Cette masse calcaire se modifie diversement à la crète de la chaîne du nordouest, depuis le Mont Pilat jusqu'au lac de Thun, c'est du grès quartzeux trèsdur; sur le devant de ces chaînes, c'est un calcaire gris et quelquefois tacheté comme le marbre; à l'est des Alpes, c'est un grès verdâtre très-compacte qui renferme des fossiles; au sud-est, surtout dans les montagnes de Glaris c'est un grès argileux et grossier. Un banc de schiste paraît traverser la masse calcaire dans sa lar

geur; mais il est interrompu en divers endroits; gris dans les montagnes de Glaris, il est noir au Blattenberg, et y fournit de belles tables d'ardoise; sur le Clausen entre Glaris et Uri, il prend une couleur rouge; il redevient noir sur le Niesen, puis alternativement rouge et noir dans les vallées de Simmen et de Saanen, et devient ardoise marnense au Grindelwald.

Au-dessous de ce schiste paraît s'étendre un banc de gypse; on peut le suivre depuis Glaris jusqu'à l'Aigle, dans le pays de Vaud, où il forme le lit des sources salées: on le retrouve encore dans le Valais.

Un calcaire mêlé d'argile et de gravier parait faire la transition du schiste et du gypse au granit, qui en est recouvert. Il forme des couches parallèles bien distinctes, d'une teinte noirâtre; dans le fond où il touche au granit, il est mêlé de quartz, et se rap