LA BOUQUETIÈRE ET LE CROQUE-MORT. AIR: Le cœur a la danse, etc. Je n' suis qu'un' bouqu'tière et j' n'ai rien; Mais d' vos soupirs j' me lasse Monsieur l' croqu'mort, car il faut bien Vous dir' vot' nom-z en face. Quoique j' sois-t-un esprit fort, Non, je n' veux point d'un croqu'mort. Encor jeune et jolie, Moi, j'vends rosiers, lis et jasmins, Et n' me sens point l'envie C't amour, qui fait plus d'un hasard, Vous tire par l'oreille Renversa ma corbeille. Il m'en coûta plus d'un' fleur ; 314 LA BOUQUETIÈRE Vot' métier leur port' malheur. Moi, j' vends rosiers, lis et jasmins, A d'bons vivants j'aime à parler; Mes fleurs chez l' pèr' La Chaise ; Encor jeune et jolie, Moi, j' vends rosiers, lis et jasmins, Et n' me sens point l'envie De passer pas vos mains. Parc' que vous r'tournez d' grands seigneurs, Vous vous en faite' accroire; Mais si tant d'gens qu'ont les honneurs Vous doiv' tous un pour-boire, Y en a plus d'un, sans m' vanter, Encor jeune et jolie, Moi, j' vends rosiers, lis et jasmins, De passer par vos mains. ET LE CROQUE-MORT. J' f'rai courte et bonne, et, j'y consens, Mais qu' ce n' soit point-z avant dix ans. P't-êt' bien qu'en s'impatientant, Encor jeune et jolie, Moi, j' vends rosiers, lis et jasmins, De passer par vos mains. 315 |