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MA GRAND'MÈRE.

Quand j'ai fait comme ma grand'mère,

Ne feriez-vous pas comme moi?

Combien je regrette

Mon bras si dodu,

Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu!

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LE MORT VIVANT.

RONDE DE TABLE,

AIR des Bossus.

Lorsque l'ennui pénètre dans mon fort,
Priez pour moi je suis mort, je suis mort!
Quand le plaisir à grands coups m'abreuvant
Gaîment m'assiége et derrière et devant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

Un sot fait-il sonner son coffre-fort,
Priez pour moi je suis mort, je suis mort!
Volnay, pomard, beaune, et moulin-à-vent',
Fait-on sonner votre âge en vous servant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

Des pauvres rois veut-on régler le sort, Priez pour moi: je suis mort, je suis mort! En fait de vin qu'on se montre savant;

1. Noms de différents vins.

LE MORT VIVANT.

Dût-on pousser le sujet trop avant,

Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

Faut-il aller guerroyer dans le Nord,
Priez pour
moi je suis mort, je suis mort!
Que, près du feu, l'un l'autre se bravant,
On trinque assis derrière un paravent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

De beaux esprits s'annoncent-ils d'abord,
Priez pour moi je suis mort, je suis mort!
Mais, sans esprit, faut-il mettre en avant
De gais couplets qu'on répète en buvant,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

Suis-je au sermon d'un bigot qui m'endort,
Priez pour moi: je suis mort, je suis mort!
Que l'amitié réclame un cœur fervent,
Que dans la cave elle fonde un couvent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

Monseigneur entre, et la liberté sort,
Priez pour moi je suis mort, je suis mort!
Mais que Thémire, à table nous trouvant,
Avec l'aï s'égaie en arrivant,

Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

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LE MORT VIVANT:

Faut-il sans boire abandonner ce bord,

Priez pour moi je suis mort, je suis mort!
Mais pour m'y voir jeter l'ancre souvent,

Le verre en main, quand j'implore un bon vent,
Je suis vivant, bien vivant, très vivant!

AIR :

LE PRINTEMPS

ET

L'AUTOMNE.

Deux saisons règlent toutes choses,
Pour qui sait vivre en s'amusant :
Au printemps nous devons les roses,
A l'automne un jus bienfaisant.
Les jours croissent; le cœur s'éveille :
On fait le vin quand ils sont courts.
Au printemps, adieu la bouteille!
En automne, adieu les amours!

Mieux il vaudrait unir sans doute

Ces deux penchants faits pour charmer;
Mais pour ma santé je redoute
De trop boire et de trop aimer.
Or, la sagesse me conseille
De partager ainsi mes jours:
Au printemps, adieu la bouteille!
En automne, adieu les amours!

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