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MA RÉPUBLIQUE.

AIR: Vaudeville de la petite Gouvernante.

J'ai pris goût à la république
Depuis que j'ai vu tant de rois.
Je m'en fais une, et je m'applique
A lui donner de bonnes lois.
On n'y commerce que pour boire,
On n'y juge qu'avec gaîté;

Ma table est tout son territoire;
Sa devise est la liberté.

Amis, prenons tous notre verre :
Le sénat s'assemble aujourd'hui.
D'abord, par un arrêt sévère,
A jamais proscrivons l'ennui.

Quoi! proscrire! Ah! ce mot doit être
Inconnu dans notre cité.

Chez nous l'ennui ne pourra naître : Le plaisir suit la liberté.

260

MA RÉPUBLIQUE.

Du luxe, dont elle est blessée,
La joie ici défend l'abus;
"Point d'entraves à la pensée,
Par ordonnance de Bacchus.

A son gré que chacun professe
Le culte de sa déité ;

Qu'on puisse aller même à la messe :
Ainsi le vent la liberté.

La noblesse est trop abusive:
Ne parlons point de nos aïeux.
Point de titre, même au convive
Qui rit le plus ou boit le mieux.

Et si quelqu'un, d'humeur traîtresse,
Aspirait à la royauté,

Plongeons ce César dans l'ivresse,
Nous sauverons la liberté.

Trinquons à notre république,
Pour voir son destin affermi.
Mais ce peuple si pacifique

Déjà redoute un ennemi :
C'est Lisette qui nous rappelle
Sous les lois de la volupté.
Elle veut régner, elle est belle;
C'en est fait de la liberté.

L'IVROGNE ET SA FEMME.

AIR: Quand les bœufs vont deux à deux.

Trinquons, et toc, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.

Ta femme est une vertu :

bis.

Ce soir tu seras battu.

Tandis que dans sa mansarde
Jeanne veille, et qu'il lui tarde
De voir rentrer son mari,
Maître Jean, à la guinguette,

A ses amis en goguette
Chante son refrain chéri :

Trinquons, et toc, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.

262

L'IVROGNE ET SA FEMME.

Ta femme est une vertu :

Ce soir tu seras battu.

Jeanne pour moi seul est tendre,
Dit-il; laissons-la m'attendre.
Mais, maudissant son époux,
Jeanne, la puce à l'oreille,
Bat sa chatte que réveille
La tendresse des matous.

Trinquons, et toc, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.

Ta femme est une vertu :

Ce soir tu seras battu.

Livrant sa femme au veuvage,
Jean se perd dans son breuvage;
Et, prête à se mettre au lit,
Jeanne, qui verse des larmes,
Dit en regardant ses charmes :
C'est son verre qu'il remplit!

Trinquons, et toc, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.

Ta femme est une vertu :

Ce soir tu seras battu.

L'IVROGNE ET SA FEMME. 263

Pour allumer sa chandelle,

Un voisin frappe chez elle;
Jeanne ouvre après un refus.
Que Jean boive, chante ou fume,
Je ne sais ce qu'elle allume,
Mais je sais qu'on n'y voit plus.

Trinquons, et toc, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.
Ta femme est une vertu :
Ce soir tu seras battu.

En rajustant sa cornette,
Ah! qu'on souffre, dit Jeannette,
Quand on attend son époux !
Ma vengeance est bien modeste;
Avec lui je suis en reste ;

Il a bu plus de dix coups.

Trinquons, et toe, et tin, tin, tin!
Jean, tu bois depuis le matin.

Ta femme est une vertu :

Ce soir tu seras battu.

A demain ! se dit le couple :
L'époux rentre, et son dos souple
N'en subit pas moins l'arrêt.

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