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peut employer un seul barreau ou deux en même temps, et pratiquer plusieurs procédés d'aimantation quand il s'agit de figures rectilignes et simples; mais, quand elles sont curvilignes ou complexes, on ne doit se servir que d'un seul barreau avec lequel on trace comme avec une plume les figures désirées. C'est ainsi que l'on écrit par un simple trait le nom d'une personne dont il ne reste aucune trace apparente, mais que l'on rend visible en répandant sur la lame une couche mince de limaille de fer, qui s'arrange sur les traces et rend les caractères sensibles. Il ne faut pas donner à ces caractères plus de 4 à 5 centim. de hauteur pour qu'ils soient bien distincts.

Cet arrangement de la limaille de fer sur les traces de l'aimant est digne de remarque; c'est toujours par un vide que les figures se distinguent, c'est-à-dire que les grains de fer, d'abord répandus uniformément sur les lames, s'accumulent vers les limites du trait, en laissant à nu l'intervalle qui en marque l'épaisseur, en sorte qu'ils se trouvent rassemblés sur les lignes qui séparent les parties de la lame magnétisée de celles qui sont neutres, et que les figures offrent une ressemblance parfaite avec celles que l'on peut former à la surface des lames non magnétisables, bois, carton, verre, etc., sous lesquelles on place un aimant. La ressemblance entre ces deux sortes de figures, quand les aimans et les parties magnétisées sont de même forme, n'est pas seulement exacte dans l'ensemble, mais même dans les plus petits détails. La limaille, réunie vers les parties où le magnétisme est le plus intense, est de même arrangée en pinceaux, en rayons, et forme ces mêmes courbes

que les physiciens ont long-temps regardées comme les indices des tourbillons, des écoulemens de matière subtile dont les aimans sont environnés. Enfin, ces courbes, ces pinceaux, si semblables aux deux pôles d'un même aimant, ont encore cette similitude qui ne permet pas de distinguer les deux parties l'une de l'autre. Analogues, sous quelques rapports, aux figures électriques, elles n'ont pas comme elles la propriété si remarquable de caractériser les deux fluides par des formes spéciales qui présentent un des plus beaux phénomènes de l'électricité, et qui fournissent l'argument le plus favorable à la théorie qui les admet.

Jusqu'ici nous n'avons parlé que des effets de l'aimantation immédiate; je nomme ainsi le développement du magnétisme à la surface des lames par l'application immédiate des aimans; mais on peut encore le produire par l'application médiate, c'est-à-dire, en interposant entre le barreau et les lames quelques corps solides non magnétisables, le carton, le bois, le verre et même des lames métalliques, autres que le fer. L'observation prouve que de cette interposition il ne résulte d'autres phénomènes que ceux qui dépendent de la distance entrel'aimant et le corps à magnétiser. Cette aimantation à distance ou par influence, dont plusieurs effets sont très-connus, et par le moyen de laquelle nous obtenons des figures assez distinctes, exige, pour être efficace, que le barreau soit promené par l'un de ses pôles parallèlement et à une petite distance de la lame d'acier, et puisse parcourir itérativement les mêmes traces sans changer de distance, jusqu'à ce que le magnétisme soit suffisamment développé, pour rendre sensibles des figures

ainsi tracées dans l'espace. Pour les figures rectilignes, j'emploie des règles à rainures qui rendent invariable la marche et la distance du barreau. Pour les figures curvilignes, je me contente d'interposer quelque lame mince et d'une égale épaisseur, choisie parmi les substances non magnétisables. J'ai varié la distance de cette aimantation par influence, qui ne m'a présenté d'autre différence qu'une plus ou moins grande netteté dans les figures, selon la distance plus ou moins grande du barreau.

Il n'est pas inutile de remarquer que les figures, tracées si facilement par une seule friction d'un barreau et même par le simple approche, ne peuvent s'obtenir en imposant avec pression une lame magnétisée sur un autre dans l'état neutre, ni même en appliquant un barreau fortement magnétisé. De ce fait, conforme à la théorie, on ne doit pas conclure qu'elles sont absolument impropres à communiquer le magnétisme; car j'ai, par leur moyen aimanté de petites aiguilles; mais elles semblent moins propres à le communiquer qu'à le recevoir et à le conserver. Si des considérations hypothétiques sur les analogies des fluides électriques, et magnétiques portaient le lecteur à supposer la possibilité de convertir les figures magnétiques en figures électriques, ou réciproquement, l'expérience lui en montrera l'impossibilité, comme elle me l'a prouvé dans les essais nombreux que j'ai faits à cet égard.

La limaille de fer, répandue en couche mince áu moyen d'un pelit crible de métal, et arrangée par l'attraction magnétique aidée de quelques oscillations, est, avons-nous dit, le moyen de rendre apparentes nos

figures magnétiques. On produit ces oscillations en frappant vers les bords de la lame avec l'anneau d'une petite clef; mais il faut éviter les chocs qui produiraient des vibrations régulières, et qui pourraient en imposer sur la cause des figures, à moins qu'on ne veuille les combiner avec les figures de Chladni, comme je l'ai fait quelquefois pour varier les phénomènes et exciter la surprise. En opérant avec précaution, on peut combiner les deux sortes de figures, et obtenir des phénomènes aussi variés que curieux. Le succès est d'autant plus complet que le magnétisine de la lame est plus énergique; les phénomènes d'autant plus frappans qu'on rend les figures magnétiques plus simples, et qu'on développe par les vibrations sonores des figures plus compliquées. Ceci n'est, au reste, qu'un objet de pure curiosité, on peut même dire d'amusement.

D'après le mode employé pour tracer les figures magnétiques au moyen d'une légère et unique friction, ou même par l'approche d'un barreau, il semblerait que le magnétisme doit être aussi fugace qu'il est peu énergique : il est cependant beaucoup plus permanent qu'on ne serait porté à le croire. J'ai retrouvé trèsapparentes, après six mois écoulés, des figures tracées par un petit nombre de frictions; et, lorsque l'expérience nous montre que des barreaux très-puissans s'affaiblissent promptement si leur état n'est maintenu par des armatures et autres moyens analogues, ceux-ci, quoique très-faibles, se conservent assez long-temps sans!, aucune de ces précautions. Le magnétisme finirait sans doute par s'éteindre totalement; mais il y a lieu de croire! qu'il durerait long-temps. Je ne puis, au reste, rien

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préciser à cet égard, la multiplicité de mes expériences m'ayant forcé de changer fréquemment l'état de mes lames, et de les ramener à l'état neutre.

Cette permanence des figures magnétiques oblige l'expérimentateur à faire disparaître les dernières pour en tracer de nouvelles. On y parvient facilement en élevant leur température; mais, tandis que pour les barreaux trempés dur et fortement magnétisés il est nécessaire d'élever leur température jusqu'au rouge obscur, il suffit de faire recuire nos lames sur le charbon rouge, jusqu'à la température qui donne le jaune-paille. Je ne me suis pas aperçu qu'elle se soit notablement affaiblies en les tenant pendant une heure dans l'eau bouillante. Ce moyen de faire disparaître les figures est le plus efficace; mais il a l'inconvénient d'oxider la surface des lames, et de nécessiter un repolissage pénible à chaque changement. Je remédie à l'oxidation en les étamant ; ce qui n'altère en rien leurs propriétés magnétiques, les préserve de la rouille et leur communique un éclat qui fait valoir les figures. Dans cet état, lorsqu'on veut les faire disparaître, on chauffe, et la fusion de l'étain indique la température qui détermine la recomposition du fluide; mais alors, comme l'enduit métallique s'oxide, on doit lui rendre son éclat en le frottant avec un peu d'huile, mêlée de muriate d'ammoniaque, au moyen d'une poignée d'étoupe, après avoir répandu sur la surface des lames une petite quantité de limaille d'étain. J'ai inutilement essayé de détruire les figures magnétiques par l'action du pôle opposé à celui avec lequel les figures avaient été tracées ; ce qui offre encore une différence notable entre le magnétisme partiel de nos

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