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et lui prédit qu'à sa mort il deviendroit grand prêtre à son tour, malgré la loi de l'institution qui défendoit que tout homme initié à d'autres mystères et étranger montât jamais sur le trône de l'hiérophante. Eunape nous apprend encore que le culte d'Éleusis étoit celui de Mythra, puisqu'il emploie, pour désigner le prêtre athénien, tantôt le nom d'hiérophante des déesses T TW Dev Í ̧¶ávy, tantôt celui de père de l'initiation de Mythra, Trng Tus Midpianus Tedelñs (1). Enfin il indique ici ce qu'il avoit raconté avec étendue dans son histoire générale, savoir, que ce furent les moines de la nouvelle religion, les hommes habillés de noir, dit-il, qui livrèrent à Alaric le passage des Thermopyles, et renversèrent, à l'aide de l'étranger, l'institution et les mystères d'Eleusis (2). Julien se lia intimement avec ce vieux prêtre athénien; et au retour de son expédition dans les Gaules, où Eunape assure (3) avec beaucoup d'autres historiens que Constance l'avoit envoyé pour s'en défaire, et où il sut, à force de génie et de prudence, échapper à tous les piéges dressés contre sa vie et cacher son dévouement à l'ancienne religion; lorsque enfin il prit le parti d'éclater et de détruire ce qu'Eunape appelle la tyrannie de Constance (4), il fit venir de Grèce ce même prêtre et lui fit part de ses desseins. Ils ne mirent dans leur secret que deux hommes, dit Eunape, Oribaze de Pergame et Évémère l'Africain (5). Parvenu à l'empire, Julien renvoya en Grèce ce grand prêtre avec un pouvoir illimité et les forces nécessaires à la défense des temples et du culte. Il est fâcheux que, par un scrupule religieux (6), Eunape ne nous ait point dit le nom de ce prêtre. Quant à tous ces détails, ils ne sont nulle part ailleurs dans les historiens; et il en est peu qui soient plus importans dans l'histoire du bas empire, puisqu'ils éclairent la grande lutte du paganisme et du christianisme. Malheureusement nous n'avons aucun moyen de contrôler le récit d'Eunape; il y règne une teinte romanesque qui sans doute n'est pas invraisemblable et peut tenir aux choses

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truction aussi bizarre que seroit celle de la phrase en question, dans l'hypothèse de M. Boissonade. Sur les Euntolpides, voyez Hésychius. (1) Ibid. p. 52. Voyez l'excellente note de M. Boissonade, p. 300, 301; et celle de Wittenbach, p. 183, 184. — (2) Ibid. p. 52, 53. — (3) Ibid. p. 53. Ammien Marcellin, XVI, u. Socrate, Hist. eccl. III, p. 137. = Sozomène, v, 3, p. 484. Zonar. Ann. XIII, 10. Zosime, III, 1. = = Liban. in Orat. Screut. 17. Julien, Lettre aux Athén. p. 277. (4) Ibid. P: 53, 54. — (5) Ibid. p. 54. — (6) Sur la loi de ne pas révéler le nom de l'hiérophante, voyez Valois, Emend. liv. III, 15; et Villoison, Mémoires de l'Académie des inscript. tom. XLVII, p. 338.

elles-mêmes, à l'imagination de Julien et à sa destinée extraordinaire ; mais nous ne pouvons nous empêcher de nous rappeler l'épisode romanesque de la vie de Porphyre, raconté par Eunape et démenti par Porphyre lui-même. La suite au prochain cahier. )

V. COUSIN.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

M. LANJUINAIS, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est mort dans la nuit du 13 au 14 janvier. Ses funérailles ont eu lieu le 16; et M. Abel-Rémusat a prononcé sur sa tombe le discours suivant :

« Les pertes qui viennent affliger l'Académie sont toutes douloureusement senties par ses membres et par les amis des lettres; mais il en est qui affectent sans distinction les ames élevées, les cœurs généreux, les hommes dévoués aux sentimens religieux et patriotiques. Telle étoit celle que l'Académie avoit récemment éprouvée; telle est encore celle qu'elle déplore aujourd'hui. Comme le nom de M. Boissy d'Anglas, celui de M. le comte Lanjuinais rappelle des temps désastreux et des souvenirs de courage et d'éloquence, des événemens funestes et des exemples de dévouement, de justice et d'intégrité. Deux hommes qui nous offroient le spectacle de grands caractères, autrefois soumis à de grandes épreuves, nous sont ainsi enlevés dans l'espace de quelques mois. D'éclatans hommages attendent ailleurs l'homme d'état et l'académicien. Ce n'est pas sur le bord d'une tombe qu'il convient de parler de gloire, de talens, de renommée littéraire. Le seul tribut qu'on puisse ici payer à M. Lanjuinais, est celui qui s'adresse à l'homme de bien, au citoyen sans reproche, au savant modeste et religieux. Mais de nobles principes ne s'appliquent pas moins aux travaux qu'à la conduite, et M. Lanjuinais a fait briller les siens dans ses actions comme dans ses écrits. Une sincérité que nul danger n'arrêta jamais, dicta tous ses discours; un amour du bien public qu'aucun obstacle ne pouvoit rebuter, dirigea toutes ses pensées; et c'est à cette divinité qu'il offrit plus d'une fois en sacrifice sa vie ou sa liberté. Voué dans sa jeunesse à l'enseignement du droit canonique, il contracta dans l'étude approfondie de cette branche épineuse de notre ancienne jurisprudence, l'habitude d'un esprit de critique et d'investigation que, plus tard, il devoit appliquer à des objets plus graves encore. Dans nos principales assemblées politiques, il se prononça constamment, sans crainte comme sans intérêt, en faveur de ce qui lui paroissoit beau, vrai et utile, contre ce qu'il jugeoit abusif, déraisonnable ou arbitraire. Au milieu de ces catastrophes qui imposoient silence à des populations entières, qui fermoient la bouche au dévouement et à la loyauté même, l'honneur et la justice osèrent encore élever la voix, et M. Lanjuinais fut

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un de ceux dont l'épouvante universelle ne put étouffer les accens. Persécuté par les fauteurs de l'anarchie, redouté par les partisans du despotisme, il ne trouva que sous la monarchie un repos mêlé de dignité, juste récompense de celui qui avoit dans tous les temps obéi aux inspirations de sa conscience, le seul guide qu'il n'eût pas vu varier dans les vicissitudes des empires. Une piété profonde, une conviction sincère comme tous les sentimens qui l'animoient, le rendirent attentif aux conquêtes de la science moderne qui ont agrandi le champ de l'histoire. Il étoit attiré par les monumens de cette sagesse indienne où se réfléchissent les traditions des premiers âges du monde: il saisissoit, avec une sorte de passion, des rapports et des analogies qui montrent le principe des croyances antiques, et qui étoient pour lui autant de preuves nouvelles en faveur du christianisme..... Pour nous, qui avions recueilli et pour ainsi dire détourné au profit des lettres les facultés brillantes de cet esprit si actif et si jeune encore, nous savons quel intérêt consciencieux il prenoit à nos discussions pacifiques, avec quelle vivacité il adoptoit ce qui lui paroissoit de bon sens et de bon goût, avec quel empressement naïf il se détachoit de ses opinions et de ses jugemens, pourvu qu'on lui opposât des faits ou des raisons. Tel il se montra parmi nous, certainement il fut toujours dans les assemblées où l'intérêt du pays venoit solliciter son attention; et ce témoignage que ses confrères lui doivent sur ses habitudes littéraires, l'histoire le lui rendra pour sa vie politique. En m'appelant aujourd'hui comme l'interprète de la douleur de la compagnie, le sort me réservoit une tâche à-la-fois affligeante et facile; car parmi ses confrères plus jeunes qu'il avoit honorés de son suffrage, auxquels il prodiguoit ses encouragemens paternels, il n'en est aucun qui ait eu plus d'occasions que moi d'apprécier cette droiture constante, cette ardeur pour le bien, cette franchise sans réserve, cette bienveillance universelle, qui faisoient le fond de cet excellent naturel. L'unique consolation de la famille qui pleure cet homme illustre est dans la vénération qui doit rester attachée à sa mémoire. L'Académie est aussi une famille; et si quelque idée peut adoucir ses regrets pour le membre qu'elle a perdu, c'est la certitude de les voir partagés de tous ceux qui savent estimer le désintéressement, le patriotisme et la vertu. »

tel

L'Académie des inscriptions et belles-lettres a entendu, dans l'une de ses dernières séances de 1826, la lecture d'un mémoire de M. Mongez sur des médaillons romains d'un volume extraordinaire. On a sur ce sujet un texte de Lampride (Alex. Sev. c. 29) que M. Mongez traduit ainsi : « Alexandre Sévère diminua les impôts, de sorte que ceux qui avoient payé » sous Élagabale dix aureus, ne payoient plus que le tiers d'un aureus, c'est-à>> dire, la trentième partie. Ce fut alors que l'on fabriqua pour la première » fois des tiers d'aureus; et Alexandre Sévère disoit qu'il feroit fabriquer aussi » et pour la même cause des quarts d'aureus, mais qu'il ne pourroit descendre >> plus bas. Il conserva ces quarts dans le trésor, attendant, pour les mettre » en circulation, qu'il pût réduire l'impôt à ce point-là. Cependant les dépenses » publiques ne le permettant pas, il fit refondre les quarts, et l'on fabriqua >> seulement des tiers et des aureus. Alexandre Sévère fit fondre et défendit >> que l'on conservât les pièces (formas) d'un volume extraordinaire qu'Elagabale » avoit fait fabriquer, aureus doubles, triples, quadruples, décuples même,

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et plus forts encore, tels que des pièces d'une livre et d'autres de la valeur de » cent aureus : leurs noms furent donnés aux matières brutes de mêmes poids, » parce que, disoit-il, elles forçoient l'empereur à faire des largesses plus >>grandes qu'il ne l'auroit desiré; car, dans le cas où il auroit pu donner » plusieurs aureus simples, s'il en donnoit dix ou davantage en une seule pièce, » il étoit forcé d'en donner trente, cinquante et cent pour présenter un même » nombre de pièces. » Ces derniers mots sont ajoutés par M. Mongez : dans tout ce qui précède, la version est littérale, mais elle suppose les corrections faites au texte latin par Saumaise. Quel est, lorsqu'il s'agit de monnaie, le sens du mot forma employé ici par Lampride! M. Mongez rapporte divers passages de Sénèque, de Dionysius Cato, de Trebellius Pollio, d'Isidore de Séville, desquels il résulte que ce mot a eu plusieurs acceptions, qu'il a signifié une pièce de monnaie, quelquefois le moule, ailleurs le coin qui achevoit la pièce par la percussion. A l'égard du volume extraordinaire des formæ faites par ordre d'Elagabale, l'auteur du mémoire les compare aux pièces quadruples, sextuples, octuples, décuples du louis d'or, qui ont été fabriquées en France au XVII. siècle. Mais ce n'étoient que des pièces de plaisir qui n'eurent point de cours, au lieu qu'Elagabale avoit mis les siennes en circulation, puisque Alexandre Sévère les démonétisa. Sous les empereurs suivans, on en fabriqua de pareilles, ainsi qu'on peut le voir dans un recueil de médaillons romains en or, du cabinet impérial de Vienne, recueil qui vient d'être publié en cette ville, en 1826, in-4. Le poids de l'un de ces médaillons est à-peu-près celui de soixante-deux aureus romains, ou de soixante-deux de nos pièces de 20 francs, Il est possible que ces énormes médailles aient eu cours de monnaie; cependant M. Mongez ne croit pas qu'on en ait fait habituellement cet usage: on les attachoit aux enseignes militaires, ou bien on les donnoit, soit aux soldats comme récompense, soit aux rois alliés ou tributaires comme présens, soit enfin aux barbares auxquels on étoit obligé de payer des tributs ou des rançons. Ce dernier usage, quelque ignominieux qu'il soit, est attesté par Ammien Marcellin et par Thémistius. On évitoit de prononcer ce nom de tribut (Them. Or. x, pag. 155), et l'on déguisoit la honte de ces prestations annuelles, par des monnaies tellement pesantes, qu'elles ne pouvoient avoir un cours ordinaire et légal. Du reste, le paiement se faisoit par compte, drapiμouμevor, et non à la balance. Plusieurs de ces médailles de Vienne ont été déterrées dans la Hongrie et dans la Transilvanie, provinces long-temps habitées par les Goths, qui probablement les avoient ainsi reçues des Romains. Tels sont les principaux résultats du mémoire de M. Mongez, auquel est annexé un tableau divisé en huit colonnes: noms des empereurs gravés sur ces médaillons, diamètres, poids, multiples de l'aureus, &c.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes composés, traduits ou publiés en français et en latin, avec les noms des auteurs, traducteurs et éditeurs, accompagné de notes historiques et critiques, par (feu) M. Barbier ; seconde édition, revue, corrigée et considérablement augmentée : tome IV (dernier). Paris, imprimerie de Firmin Didot, librairie de Barrois aîné, 1827, in-8., 572 pages. Outre les tables des pseudonymes et des auteurs qui ont

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gardé l'anonyme, ce volume contient une notice sur M. Barbier et la liste de ses ouvrages, un supplément général aux tomes précédens, depuis le n.o 21944 jusqu'à 23647, et un errata. Voyez un article sur les trois premiers volumes dans le Journal des Savans, mars 1825, page 131-140. Prix des 4 volumes, 45 fr.; en papier satiné, 90 fr.

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Observations grammaticales sur quelques passages de l'Essai sur le pali de MM. E. Burnouf et Lassen; par M. E. Burnouf Paris, Dondey - Dupré, 1827, 32 pages in-8.", avec une planche. Pr. 3 fr. Il a été rendu compte de l'Essai sur le pali dans notre cahier de juillet dernier, page 475-485.

reaμpann áminn, Grammaire française, par M. Ch. Constant le Tellier, professeur de belles-lettres, traduite en grec moderne sur la 39. édition, et augmentée d'une introduction et de remarques essentielles, à l'usage des jeunes Hellenes, par Georges Théocharos Poulos de Patras; revue et corrigée par un professeur des colléges royaux de Paris. Paris, Firmin Didot, 1827: tome I.er, dédié à M. Hase; xvj et 236 pages in-8. Le tome II est sous presse et contiendra un vocabulaire grec-français. Le prix du premier volume est des fr.

Cours de littérature ancienne et moderne, par J. F. la Harpe; tome XVIII (fin du Lycée et table). Paris, Hôtel des Fermes, impr. de Gaultier la Guionie, et librairie de P. Dupont, 1827, in-8.o, 512 pages. Pr. 5 fr. 50 cent. Les deux cent douze premières pages du tome I, contiennent une notice sur la vie et les ouvrages de la Harpe, suivie du rapport de M. J. Chénier (en 1810) sur le Cours de littérature.

Yadjnadattabada ou la mort d'Yadjnadatta, épisode extrait du Ramayana poëme épique sanscrit ; donné avec le texte gravé et une analyse grammaticale très-détaillée, une traduction française et des notes, par M. A. L. Chézy, et suivi, par forme d'appendice, d'une traduction latine littérale, par M. J. L. Burnouf, un de ses anciens auditeurs, aujourd'hui son collègue au collége royal de France. Paris, impr. de Firmin Didot, librairie de Dondey-Dupré, 1827, in-4.o, 178 pages et 15 planches; ouvrage publié par la société asiatique. Nous nous proposons d'en rendre compte.

Aesoparns, curante J. F. Boissonade; tome IV et dernier du texte grec d'Aristophane, revu par M. Boissonade et suivi des notes de l'éditeur. Paris, impr. de Jules Didot, librairie de Lefebvre, rue de l'Éperon, n.o 6, 1827, in-32, 308 pages, faisant partie de la collection intitulée, Poetarum græcorum Sylloge, en 24 vol. Pr. 120 fr. Voyez Journal des Savans, 1823, mai, pag. 316; juillet, 433; novembre, 699.

Amours mythologiques, traduits des Métamorphoses d'Ovide, par M. de Pongerville. Paris, impr. de David, librairie de Delaforest, 1827, in-18, 158 pages. Pr. 4 fr.

Euvres poétiques de Mme Dufrénoy, précédées d'une notice sur sa vie et sur ses ouvrages, par M. F. A. Jay. Paris, Moutardier, 1827, in-8.o, xlviij et 342 pages, avec un portrait et des vignettes. Prix, 10 fr., et par la poste, 11 fr. 50 cent. Les poésies de M.me Dufrénoy sont divisées en treize livres: I, Építres; II, Romances; III, Odes; IV, Poëmes; V-XIII, Élégies. Il y a, dans cette édition nouvelle, treize pièces de plus que dans celle de 1821.

Sept Messéniennes nouvelles, par M. Casimir Delavigne. Paris, impr. de

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