Billeder på siden
PDF
ePub

Et le miel (') coulera de l'écorce des chénes.
Ces temps, sous Jupiter, non encore éprouvés,
Aux heureux jours d'Élise ont été réservés.
Faites donc à sa gloire éclater votre zèle :

Elle est digne de vous, montrez-vous dignes d'elle.
Il dit : et tous les dieux, l'un de l'autre jaloux,
Lui firent, à l'envi, leurs présens les plus doux.
Cybèle lui donna cette bonté féconde,

Qui cherche són bonheur dans le bonheur du monde.
Minerve dans ses yeux mit sa noble pudeur,
Versa dans son esprit l'équitable candeur,
La prudence discrète, éclairée et sincère,
Et le discernement aux rois si nécessaire.
La mère des Amours, des Graces et des Ris,
A ces divins présens donna le dernier prix,

Et dans ses moindres traits mit un charme invincible,
Qui seul à ses vertus peut rendre tout possible.
Que vous dirai-je enfin? chaque Divinité
Voulut de ses tributs enrichir sa beauté.
Junon seule restoit. Quoi! pour cette princesse♣
Dit-elle, tout l'olympe à mes yeux s'intéresse!
Les dons pleuvent sur elle, et parmi tant de biens
Je ne pourrois, ô ciel! faire compter les miens!
Moi, l'épouse et la sœur du maître du tonnerre (+),
Moi, la reine des dieux, du ciel et de la terre!
Ah! périsse ma gloire (3), ou faisons voir à tous
Que ces dieux si puissans ne sont rien près de nous.

(1) Et dura quercus sudabunt roscida mella. (Egl. IX.)

(1) Ast ego quæ divûm incedo regina, Jovisque

Et soror et conjux.

(3) Ah! périsseut mes eaux ! ou par d'illustres coups, Montrons qui doit céder, des mortels ou de nous.

(Æn. I.)

(BOILEAU, épître sur le passage du Rhin.)

Qu'ils viennent à mes dons comparer leurs largesses.
Je veux lui prodiguer mes grandeurs, mes richesses;
Je veux que son pouvoir, dans les terrestres lieux,
Soit égal au pouvoir de Junon dans les cieux.
C'est par moi que l'Hymen, dès ses jeunes années,
Unira ses destins aux grandes destinées

D'un Alcide nouveau, dont le bras fortuné
De monstres purgera l'univers étonné:

Il verra les deux mers flotter sous son empire;
Et malgré cent rivaux, que la Discorde inspire,
Pacifique vainqueur, il étendra ses lois

Sur cent peuples fameux, vaincus par ses exploits.
Ainsi parla Junon; et ses divins présages
Furent dès-lors écrits dans le livre des âges.
C'est ainsi qu'Égérie, encourageant sa voix,
S'entretenoit d'Élise avec le dieu des bois.
Les oiseaux attentifs cessèrent leurs ramages,
Le zéphyr oublia d'agiter les feuillages,

Et les troupeaux (1), épris de leurs concerts touchans,
Négligeant la pâture, écoutèrent leurs chants.

(') Immemor herbarum quos est mirata juvenca

Centantes, etc.

(Egl. VII.)

FIN DU TOME PREMIER.

« ForrigeFortsæt »