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Les nouvelles lettres communiquées par M. de Ram seront insérées dans le Bulletin.

M. Kervyn de Lettenhove, membre correspondant de l'Académie, a fait parvenir à la Commission des Notes sur quelques manuscrits de la Bibliothèque de Bourgogne. La Commission, après en avoir pris connaissance, décide de leur donner place dans le Bulletin.

M. Gachard annonce qu'il s'occupe, depuis plusieurs mois, de l'impression du 3me volume de la Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, tirée des archives royales de Simancas. Ce volume doit contenir la correspondance du roi depuis le 1er janvier 1574 jusqu'au 31 mars 1576, et comprendre ainsi tout le gouvernement du grand commandeur de Castille, don Luis de Requesens. Un grand nombre de pièces empruntées aux archives du royaume éclairciront et compléteront les documents que les archives de Simancas ont fournis à l'éditeur.

COMMUNICATIONS.

I.

Analectes pour servir à l'histoire des comtes et du comté de Hainaut.

(Par M. A. LACROIX, conservateur des archives de l'État, à Mons.)

Deuxième série.

Description chronologique d'un recueil formé aux Archives de l'État à Mons, et contenant la correspondance de la COMMISSION des troubles, instituée à cause de la surprise et de l'occupation de cette ville par le comte Louis de Nassau, en 1572.

La surprise de la capitale du Hainaut par le comte Louis de Nassau, et les exécutions sanglantes qui suivirent la reprise de cette importante cité par les armes de l'Espagne, en 1572, peuvent être comptées au nombre des événements mémorables dont les Pays-Bas furent le théâtre au XVIe siècle.

Cependant, les anciens historiens ne donnent sur ces tristes, mais intéressants épisodes de nos annales, que peu de détails, souvent inexacts, ou les passent sous silence: sans doute, parce qu'ils manquaient d'éléments d'appréciation.

M. Gachard a parfaitement expliqué, selon moi, les causes de ce mutisme, dans son excellente et curieuse. Notice sur le conseil des troubles institué par le duc d'Albe (1). En effet, il est permis de présumer que les causes assignées par ce savant au mystère qui entoura, avant lui, les délibérations de ce tribunal redoutable furent communes à ses succursales établies dans les provinces: car les personnages qui y avaient joué un rôle s'efforcèrent d'envelopper leurs actes dans un profond oubli ou d'en effacer les traces par la destruction: ce qui fut même ordonné à Valenciennes, ainsi que nous le révèle une lettre adressée à cet effet par l'autorité au prévôt-le-comte de cette ville, le 23 avril 1578 (2).

(1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XVI, pp. 50-78. (2) Cette lettre se trouve transcrite dans un manuscrit intitulé: Mémoires de la ville de Valenciennes, recœillies par Mre Jehan Cocqueau, pensionnaire d'icelle, aujourd'hui en la possession du dépôt des archives de l'État à Mons; elle est ainsi conçue :

« Monsieur le prévost, comme, en vertu du premier article de la pacification de Gand, et pour effectuellement praticquer l'oubliance y mentionnée des choses advenues et commises durant les troubles passez, nous aurions ordonné, doiz le mois de septembre dernier, d'abolir et mectre au feu tous papiers concernans le faict desdicts troubles, et que sommes advertiz que en la ville de Vallenciennes y a encore présentement beaucop de telz papiers, sicome procez criminelz tant des exécutez que de ceulx ayans esté banniz et à présent retournez en vertu de ladicte pacification, comme aussi plusieurs informations, rapportz, charges et accusations secrètes, et aultres semblables papiers et escripz dépendans desdicts troubles de l'an XV© LXVI, et depuis délaissez par les commissaires en ayans eu l'entremise et cognoissance chez vous et en vostre garde, lesquelz papiers ne peulvent à l'advenir de riens servir, fors de remémoration et reproche odieuse desdictes choses passées : à ceste cause, vous avons bien volu requérir et néantmoins ordonner par cestes que, en la présence de deulx ou trois du magistrat de ladicte ville, telz qui seront à ce députez par leurs collègues, vous ayez à brusler ou faire brusler et anéantir tous et quelzconques lesdicts procès criminelz, accusations, charges et

De nos jours, deux écrivains ont fourni des renseignements plus explicites sur les horreurs qui furent commises à Mons, à cette fatale époque. Le premier en date est Paridaens (1), qui, en 1819, en a retracé quelques pages avec assez de précision, à l'aide d'un examen trèssuperficiel des documents de la commission, découverts, enfin, parmi les archives des anciens conseils de justice de la province de Hainaut. Il est toutefois regrettable que l'auteur se soit exprimé trop sévèrement à l'égard des membres de ce tribunal extrajudiciaire, appartenants presque tous à des familles notables qui existent encore à Mons et dans le pays. Je me suis moi-même rangé, ailleurs (2), à cette opinion, alors que je n'avais pas encore pris inspection suffisante de tous les matériaux que je mets en ce moment au jour.

Le second, M. Altmeyer, a, de son côté, publié en 1855 (3), soit en fragments, soit entiers, quelques-uns

informations, et semblables papiers et escripz concernant le faict desdicts troubles passez depuis ledict an LXVI, que povez encore avoir en vostre charge et garde, et ce, sans aulcun refus ou délay, et cessantes toutes excuses; en faisant, néantmoins, préallablement visitation desdicts papiers en la présence que dessus, afin de discerner et séparer ceulx qui pourroient concerner ladicte ville de Vallenciennes, le faict de justice au regard de prisonniers ou criminelz pour aultrez faicts et crimes non dépendans desdicts troubles, comme aussy tous titres, enseignements ou lettres particulières de prétensions et aultres appertenantes aux parties, que n'entendons à ce comprendre, ains debvoir estre remis en mains desdicts du magistrat, ou renduz et restituez à ceulx qu'il appertiendra. A quoi ne voeillez faire aulcune faulte. Le xxiiime d'apvril 1578. »

(1) Mons sous les rapports historiques, statistiques, etc., pp. 80-88, 278-280.

(2) Recherches sur le paupérisme et la bienfaisance publique en Hainaut, p. 29.

(3) Dans son volume intitulé: Une succursale du tribunal de sang.

des documents signalés par son devancier, ou d'autres qui furent mis à sa disposition par M. Loin, préposé au classement des anciennes archives judiciaires à Mons, et au moyen de copies préparées pour servir à mon usage.

Les pièces fondamentales des événements tragiques dont je viens de parler, n'ont donc reçu qu'une publicité fort restreinte. Celle-ci ne nous apprend rien des hommes qui composèrent la commission des troubles, de son organisation intérieure, de ses attributions, du mode de procédure qu'elle suivait, et enfin de ses actes, non plus que de sa correspondance; elle nous laisse dans l'ignorance sur l'époque de sa suppression et sur les circonstances qui l'amenèrent. Ce sont là des points capitaux qu'il est bon de connaître pour restituer aux faits et aux personnages qui y ont pris part la couleur qui leur appartient. Heureusement que tous les témoignages sur lesquels l'histoire peut fonder son jugement, n'ont pas péri. Aujourd'hui qu'une quantité prodigieuse de ces matériaux officiels ont été réunis au dépôt placé sous ma garde, il m'a été donné de les compulser à mon tour, de les coordonner, d'en former un recueil spécial, et d'en tirer tout le fruit que j'en espérais, par la description chronologique que j'offre ici, pour servir de supplément à ce qui a paru sur ce sujet.

On y verra que, malgré le terrorisme et l'intimidation exercés sur l'esprit des membres de la commission par l'inflexible duc d'Albe et le farouche de Noircarmes, son satellite, ils apportèrent le plus souvent des lenteurs dans les procédures, et employèrent tout leur crédit auprès de puissants intermédiaires, pour obtenir la relaxation de bon nombre des prisonniers, ou la commutation de leurs peines.

Ce travail d'ensemble n'était pas sans difficultés pour mettre les pièces dont il est formé en lumière, pièces dont

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