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M. le capitaine Tardy, sous-inspecteur de la raffinerie de salpêtre de Paris, a bien voulu nous seconder et nous fournir plusieurs renseignemens, fruits de sa propre expérience.

On connaît un grand nombre de poudres qui fulminent par le choc; mais, sous le rapport de leur application aux armes à feu, celles au chlorate de potasse et au mercure fulminant, méritent seules une attention particulière; les autres présentent trop d'inconvéniens ou de dangers dans leur fabrication et leur emploi.

Poudre au chlorate de potasse.

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Cette poudre est un mélange intime de soufre, de charbon et de chlorate de potasse. On peut supprimer le soufre ou le charbon, et les remplacer par d'autres substances inflammables; mais la poudre perd alors plus ou moins de son énergie. Sur la proposition de Berthollet, auteur de la découverte du chlorate de potasse, on avait commencé, en 1786, la fabrication de cette poudre à Essonne; mais une explosion, suivie des accidens les plus graves, força aussitôt à y renoncer. Cette poudre est beaucoup plus forte que la meilleure poudre faite avec le salpêtre elle met promptement le mortier d'épreuve hors de service, en agrandissant la chambre et y produisant des gerçures profondes. Employée par M. Welter, à Meudon, à remplir des obus qu'il fit éclater enfouis dans la terre, elle les brisa constamment en morceaux uniformes de la grosseur d'un marron, tandis que les éclats d'autres obus remplis de poudre ordinaire, et placés dans les mêmes circonstances, furent beaucoup moins nom

breux. Cette poudre pourrait, par conséquent, être employée avec plus d'avantage que la poudre ordinaire pour remplir les obus, enfoncer des portes, faire sauter un pont, etc.

La propriété qu'elle a de s'enflammer par le choc en a déterminé l'application, comme amorce, aux fusils à percussion ; mais elle a été bientôt remplacée par le mercure fulminant, en raison de plusieurs inconvéniens qu'elle présente, et dont les principaux sont de crasser beaucoup et d'avoir une action très-corrosive sur le fer. Cette dernière propriété pouvant dépendre de l'acide sulfureux produit pendant sa décomposition, nous avons cherché à neutraliser les effets de l'acide, en mêlant à la poudre des quantités convenables de carbonate de soude desséché. L'expérience a eu le succès désiré; mais la poudre a beaucoup perdu, par ce mélange, de son inflammabilité; et d'ailleurs nous n'avons pas tardé à reconnaître que le chlorure de potassium, résultant de la décomposition du chlorate de potasse pendant l'inflammation, corrode promptement le fer dans un air humide. C'est un grave inconvénient inhérent à la poudre au chlorate, et il ne nous paraît pas facile d'y remédier.

Nous croyons inutile d'insister plus long-temps sur les qualités de cette poudre, dont l'usage est abandonné; nous nous bornerons à dire que, si l'artillerie se déterminait à l'employer pour quelques cas particuliers, la fabrication et le transport pourraient, avec des précautions convenables, en être faits sans danger.

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Poudre d' Howard ou fulminate de mercure.

Cette poúdre est aujourd'hui généralement employée pour les fusils de chasse, à cause de sa facile inflammation et de son inaction sur le fer. Nous allons l'examiner sous les divers rapports de son application aux armes à feu.

de

La poudre d'Howard est un sel formé d'oxide de mercure et d'un acide particulier composé d'un atome d'azote, d'un d'oxigène et de deux de carbone. Depuis que cette composition est connue, on a donné à la poudre le nom de fulminate de mercure. Quand elle détonne par le choc ou par la chaleur, le mercure est mis en liberté à l'état de vapeur, ainsi que l'azote; et, d'après le dépôt charbonneux que l'on observe sur les surfaces sur lesquelles on la fait détonner, il est très-probable que la moitié du carbone qu'elle contient forme, avec l'oxigène, l'acide carbonique, et que l'autre moitié se dépose ou est dispersée. Dans cette supposition, 1 gramme de fulminate de mercure donnerait olit, 155 de gaz permanens à la température de la glace fondante, et sous la pression de om,76; mais ce volume, au moment de l'explosion, est beaucoup plus considérable, parce qu'il est dilaté par la chaleur et mêlé avec la vapeur mercurielle. Un gramme de poudre ordinaire donne à peu près un volume double de fluides élastiques.

La revivification du mercure à l'état de vapeur serait un inconvénient très-grave și la poudre fulminante entrait dans les amorces en quantité plus considérable que celle que l'on emploie ; parce que la vapeur mercurielle est désagréable à l'odorat et nuisible à la santé. Les chas

seurs,

il est vrai, n'ont encore élevé aucune plainte contre cet inconvénient, mais il n'en est pas moins réel; et, avant d'adopter les amorces fulminantes pour le service militaire, il sera prudent de les examiner sous le rapport de l'influence qu'elles pourraient exercer sur le moral du soldat, par suite des inconvéniens que nous venons de signaler.

Détonation du fulminate de mercure par le choc.

Nous examinerons cette propriété, le fulminate étant parfaitement sec et très-humide.

sur verre,

Le fulminate sec détonne très-facilement par le choc de fer sur fer, un peu moins facilement par le choc de fer sur bronze, encore un peu moins par celui de marbre ou de marbre sur marbre, verre sur verre ; il s'enflamme cependant avec assez de facilité dans ces diverses circonstances, pour qu'on soit à peu près sûr d'en déterminer l'explosion à chaque coup. Le choc de fer sur plomb ne l'enflamme que très-difficilement, et celui de fer sur bois est tout-à-fait impuissant.

Le fulminate s'enflamme toujours facilement par le frottement, surtout par celui de bois contre bois ; il détonne moins facilement par celui de marbre sur marbre, puis de fer surfer; enfin de fer sur bois ou sur marbre. Le fulminate qui a été pulvérisé détonne plus difficilement, surtout par le frottement que celui qui est en cristaux.

Humecté à 5 pour cent d'eau, le fulminate perd beaucoup de son inflammabilité ; il détonne cependant par le choc de fer contre fer, mais la partie frappée brûle seule et sans flamme, sans communiquer l'inflammation à celle qui ne l'est pas. Le frottement de bois sur bois pro

duit un effet semblable; mais l'inflammation n'a point été produite dans les expériences par le choc de marbre contre marbre, ni par le frottement de marbre sur marbre ou sur bois. Le fulminate, enflammé par un corps chaud, fuse avec la même lenteur que la poudre à tirer humectée à 15 pour cent d'eau.

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Si le fulminate est mêlé avec 10 pour cent d'eau, l'inflammation en est encore plus difficile. Il disparaît cependant par le choc de fer sur fer, mais sans flamme et sans bruit; la partie frappée brûle seule et projette l'autre. Humecté à 30 pour cent, il détonne encore quelquefois sous la mollette (bois sur marbre) pendant les manipulations; mais la détonation est partielle et ne se communique pas au reste de la masse; la molette est seulement soulevée sous le bras de l'ouvrier, et il n'en résulte jamais aucun accident. Ces expériences donnent la certitude qu'en opérant sur le fulminate mêlé avec de l'eau, les explosions en seront peu à redouter (1).

Effet de l'explosion du fulminate de mercure. Le caractère des poudres éminemment inflammables est de détonner au moment de leur inflammation, lors même que l'on n'en emploie que des quantités très-petites, et d'agir sur les corps environnans, comme un mobile animé d'une grande vitesse. La poudre ordinaire la mieux

(1) D'après les nouvelles dispositions adoptées dans la fabrique d'amorces, située dans la plaine d'Ivry, près Paris, depuis l'explosion qui l'a entièrement détruite, on a fabriqué dans cet établissement plus de 200 millions de capsules, sans autre accident qu'un marbre cassé sous la molette, comme il vient d'être dit plus haut.

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