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MÉMOIRE Sur une analogie qui existe entre la propagation de la lumière et celle de l'électricité, ou sur la constance des effets des courans électriques forcés de traverser des espaces que parcourent déjà d'autres courans électriques.

Par M. le professeur ETIENNE MARIANINI.

(Lu à l'Athénée de Trévise, le 8 mai 1828, et traduit de l'italien sur le manuscrit communiqué par l'auteur.)

PARMI les admirables propriétés dont est douéc la lumière, l'une des premières est certainement la rapidité extraordinaire avec laquelle elle se propage; propriété dont la combinaison avec l'extrême subtilité de ses molécules engendre très-probablement cette autre faculté non moins étonnante, en vertu de laquelle ses rayons se croisent dans leur route, sans éprouver la moindre altération. On sait comment, en présentant l'oeil à un petit trou devant lequel s'étend un vaste espace où sont disséminés des objets 'nombreux et variés, on en saisit distinctement la vue. Cette expérience montre clairement de quelle manière, dans un espace extrêmement petit, peuvent se rencontrer un nombre prodigieux de rayons lumineux, sans éprouver une collision sensible. Un phénomène du même genre, et encore plas surprenant, peut être produit au moyen des miroirs concaves. Disposez-en deux réunis, de sorte que leurs axes optiques se coupent réciproquement, et mettez devant l'un des deux un objet quelconque, une boule

rouge, par exemple, dans une situation telle que le miroir en réfléchisse l'image à l'endroit où son axe se rencontre avec l'axe de l'autre miroir. Posez en face du second miroir un objet différent, une boule verte, par exemple, de manière à ce que son image vienne également frapper l'endroit où les axes se croisent. Les choses ainsi préparées, si un observateur, dirigeant son regard vers le premier miroir, en parcourt l'axe, il y apercevra l'image de la boule rouge; qu'il suive ensuite de l'œil l'axe du second miroir, il y apercevra l'image de la boule verte, précisément au même endroit où, dans le premier cas, il voyait la boule rouge. Cette expérience nous rend évidente la manière dont les rayons lumineux provenant de deux objets divers peuvent se croiser réciproquement sans éprouver la moindre altération.

Puisque l'électricité ne le cède point à la lumière en promptitude à se propager, présenterait-elle aussi un phénomène analogue à celui que nous venons de citer?

Comme il n'est pas à ma connaissance que quelqu'un ait fait, d'une pareille induction, l'objet d'une étude particulière; en réfléchissant, d'une autre part, qu'on ne peut aujourd'hui réputer inutile rien de ce qui regarde la science de l'électricité, je n'ai pas envisagé comme un travail infructueux, de m'occuper de quelques expériences ayant pour but de faire connaître si les effets des courans électriques viennent à être altérés quand ils sont obligés de traverser des espaces que parcourent déjà d'autres courans électriques.

1o. Pour commencer par les cas les plus simples, ceux dans lesquels deux courans électriques se croisent

à angle droit, je pris un cube de bois de 3 centimètres de côté, dont quatre faces, parallèles deux à deux, étaient munies, dans leur milieu, d'une vis fixant une plaque de métal rectangulaire, longue de 8 centimètres, et ayant un peu moins de 2 centimètres de largeur. Voulant, dans ma première expérience, mettre en opposition deux courans électriques produits par deux électro-moteurs élémentaires et égaux, j'appliquai contre l'une des faces du cube une lame de zinc, et contre la face opposée une lame pareille de cuivre, et je les fis communiquer en serrant, sous les vis qui les fixaient, les extrémités du fil d'un galvanomètre. Les deux plaques offraient, du même côté du cube, une saillie d'environ 6 centimètres. Ce couple étant plongé, à la profondeur de 5 centimètres, dans l'eau légèrement salée, l'aiguille du galvanomètre dévia de 1.2o. Aux deux autres faces du cube munies de vis, je fixai aussi d'une manière analogue deux plaques semblables, l'une en zinc, l'autre en cuivre, et je les mis en communication, en serrant sous les vis qui les maintenaient les extrémités d'un fil excitateur. Les quatre plaques débordaient la même base du cube d'une quantité égale. Les choses ainsi disposées, je plongeai les deux couples dans le liquide susdit, et la déviation de l'aiguille fut encore de 12o. On voit, par cette expérience, que l'effet d'un couple électro-moteur sur l'aiguille aimantée n'est point altéré quand le fluide électrique, qu'il fait circuler, est forcé de traverser un liquide que parcourt, dans une direction normale à la sienne, un courant électrique engendré par un couple égal au premier.

Au couple électro-moteur communiquant avec le fil

du galvanomètre, j'en ai substitué un autre beaucoup plus faible, formé, comme le précédent, de deux plaques égales en dimensions aux premières, l'une eu étain, l'autre en laiton. J'ôtai le fil excitateur qui mettait en communication les deux autres plaques. Comme dans l'expérience précédente, j'en essayai l'effet électromagnétique; j'obtins une déviation d'environ 3 degrés. Je rendis le fil excitateur au couple de cuivre et de zinc, je renouvelai l'expérience, l'effet fut le même.

Les résultats qu'on obtint d'autres expériences semblables, dans lesquelles agirent des courans électriques opposés, produits par deux appareils voltaïques élémentaires, de force égale ou différente, en employant des liquides doués d'une faculté conductrice moindre ou plus grande, présentèrent le même fait.

Dans le but de croiser deux courans, produits, l'un par un appareil élémentaire, et l'autre par un appareil composé, j'enlevai au cube les deux plaques de cuivre et de zinc, mises en communication au moyen du fil excitateur; j'y substituai deux plaques pareilles en laiton; je fis communiquer l'une avec le pôle positif et l'autre avec le pôle négatif d'un appareil à couronne de tasses de vingt couples, dans chacun desquels la surface active était d'environ 6 centimètres carrés. L'électro-moteur élémentaire, en communication avec le galvanomètre, était formé de deux plaques, l'une de zinc, l'autre de plomb, adaptées à deux faces opposées du cube, de la manière déjà indiquée. Ayant mis en mouvement les courans électriques en plongeant dans l'eau salée l'extrémité saillante des quatre plaques, l'aiguille du galvanomètre dévia de 10°. Je supprimai les

communications entre les plaques de laiton et les pôles de l'appareil à couronne de tasses; je rétablis à l'ordinaire la communication du couple de plomb et zinc avec le liquide; la déviation fut encore la même.

A l'électro-moteur composé de l'expérience que je viens de décrire, j'en substituai un autre, également de vingt couples, dont les plaques avaient une surface presque quadruple. Je répétai l'expérience sans changer l'électro-moteur élémentaire ; j'obtins encore le même résultat.

Je portai l'électro-moteur composé au nombre de cent couples, dans une autre expérience, à 200; et néanmoins, en faisant croiser, par ces torrens puissans d'électricité, le très faible courant engendré par le couple de plomb et zinc, je ne pus altérer les effets de ce dernier courant sur l'aiguille magnétique.

3o. Afin de mettre en opposition les courans électriques de deux électro-moteurs composés, je remplaçai le couple de plomb et zinc par deux autres plaques de laiton, égales à celles dont étaient déjà armées les deux autres faces du cube, et je les mis en communication avec les pôles d'un électro-moteur de dix couples, tandis que la première touchait aussi l'une des extrémités du fil d'un galvanomètre, et que la seconde était réunie à l'autre extrémité de ce même fil; je produisis la circulation suivant la méthode ordinaire, l'aiguille dévia de 14 deg. Je n'obtins pas un effet différent, lorsque, ayant attendu suffisamment pour que l'appareil eût recouvré l'énergie perdue, je recommençai l'expérience après avoir fait communiquer les deux lames de laiton, appliquées contre les deux autres faces du cube, avec les

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