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su tirer un si beau parti de son sujet, et rendre si intéressante l'installation d'un prêtre Sibyllin.

On rapporte cet événement à l'an 730, ou environ. Ce serait aussi la date du poëme.

On est tenté, malgré l'autorité des anciens et celle de l'auteur lui-même, de refuser à cette pièce le titre d'Élégie. C'est un nouvel exemple qui prouve que le sens de ce mot a été beaucoup restreint par les modernes. Le rythme élégiaque pouvait s'appliquer à presque tous les genres, et celui dans lequel se sont exercés Tibulle, Ovide et Properce, ne serait pas exactement caractérisé par les beaux

vers de Boileau :

D'un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace,
La plaintive Elégie, etc.

Rien de moins plaintif qu'une bonne partie des élégies d'Ovide. Properce est plus passionné, plus audacieux que tendre, et le sensible Tibulle ne soupire pas sans cesse. Il a quelquefois assez de malice et de gaîté. Il est souvent poète descriptif. Il lui arrive enfin, comme à ses émules, d'oublier les amours, et d'occuper la muse de l'élégie d'objets plus sérieux et plus grands. La première partie de ce poëme en est un exemple remarquable. Elle fait regretter que Tibulle, considéré mal à propos, par quelques modernes, comme incapable de sortir du cercle dans lequel il s'est presque toujours renfermé, ait traité si rarement des sujets d'un ordre plus élevé.

2) Le poète s'adresse à Apollon palatin, dont le temple, bâti par Auguste sur la colline que désigne ce surnom, avait un autel où l'on tenait enfermés les livres sibyllins.

3) Le texte nous apprend que ces livres étaient écrits en vers hexamètres.

4) Tout ce qui concerne les Sibylles est sujet à beaucoup d'incertitudes. Il paraît qu'il s'agit ici de celle de Cume en Eolide. Elle s'appelait Amalthée, Hérophile ou Démophile.

5) Heyne place entre parenthèses les seize vers suivans, et cela jette beaucoup de jour sur ce passage; mais il eût mieux valu, peut-être, commencer la parenthèse deux vers plus haut.

Ces mots Impiger Ænea, etc., qui la suivent, se rapportent à ce qui la précède. C'est le discours de la Sibylle à Énée près de quitter sa patrie.

6) Enée se noya dans cette rivière. La Sibylle le lui prédit, mais, comme il convenait, d'une manière obscure. Elle a soin d'attirer son attention sur l'apothéose qui lui est réservée.

2) Diva superba. Est-ce la Victoire? Est-ce Junon? On a soutenu ce dernier avis; cependant la Victoire est nommée dans le vers qui précède. L'épithète superba lui convient parfaitement. D'ailleurs Junon est encore bien éloignée de pardonner aux Troyens; elle doit les persécuter long-temps, et ne deviendra favorable qu'aux Romains leurs descendans.

8) Les feuilles du laurier avaient la vertu de faire connaître l'avenir, et ceux qui voulaient passer pour devins, ne manquaient pas de faire usage d'un aliment si utile à leurs vues.

9) Avant ce vers, on estime qu'il se trouve une lacune dans le texte, et que le poète exposait le sujet des livres sibyllins, et entre autres les prodiges qui avaient annoncé

les guerres civiles. J'ai cherché, dans tout ce passage, rendre la construction plus claire qu'elle ne l'est dans l'original.

10) Ceci n'est pas une fleur de rhétorique. Non seulement on jetait à la mer tout produit monstrueux, mais on cherchait encore à détourner les présages funestes, en y précipitant les objets qui, par quelque prodige, semblaient annoncer un événement sinistre. Une statue d'Apollon ayant versé des larmes pendant trois jours, peu de temps avant la mort du second Africain, fut brisée et précipitée dans la mer.

11) Soit parce que, durant ces fêtes, les bergers étaient moins attentifs à la garde de leurs troupeaux; soit qu'en effet les vœux adressés à Palès dussent éloigner les loups de la bergerie.

12) Littéralement : L'enfant prend son père par les oreilles et lui donne des baisers.

13) Sans courroux Dieu du Pinde, etc., parce qu'Apollon porte aussi un arc et des flèches, et que le souhait du poète aurait pu d'abord l'offenser.

ÉLÉGIE VI.

1) Æmilius Macer, poète distingué, contemporain de Tibulle. Il avait écrit sur des sujets d'histoire naturelle. Ses ouvrages sont perdus. Il ne faut pas le confondre avec Pompéius Macer, autre poète qui a chanté la guerre de Troie, et qui avait aussi de la réputation.

2) Littéralement : Elle prend les oiseaux au filet et les

poissons à la ligne, quand l'amorce cache l'hameçon perfide. Tibulle veut-il dire que l'oiseau, que le poisson est conduit par l'espérance, ou qu'elle soutient le chasseur et le pêcheur ? Ce dernier sens offre une pensée plus juste, et je l'ai préféré.

3) Le texte porte: Telle nous la vímes lorsque, précipitée d'une fenêtre élevée, elle descendit sanglante aux rivages sombres.

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LIVRE III.

1) Le troisième livre des élégies renferme les amours de Tibulle et de Nééra. On s'est donné inutilement beaucoup de peine pour contester à notre poète la propriété de cette partie de ses œuvres. On l'a attribuée à un certain Lygdamus, et l'on a cité l'épitaphe qui termine la seconde élégie :

Lygdamus hic situs est, etc.

Mais qui ne voit que Tibulle s'est désigné lui-même sous ce nom d'emprunt, selon la coutume assez ordinaire des poètes de son temps? Lygdamus (λvydwo;) signifie blanc, comme Albius ( Albus ); et le premier de ces noms est mis pour l'autre.

Nééra a beaucoup embarrassé les savans. Les uns l'ont confondue avec Délie, Némésis ou Glycère; les autres ont soutenu que Tibulle n'était point son amant, et qu'il a parlé pour un autre. Enfin, l'on a dit aussi que c'était un personnage purement imaginaire.

La vérité d'expression, le naturel parfait qui distinguent encore ici les ouvrages de Tibulle, ne permettent d'adopter aucune des deux dernières opinions, et l'on a aussi de bonnes raisons pour croire que Nééra n'était ni Délie ni Némésis.

L'amour qu'elle inspire à Tibulle semble avoir quelque

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