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N'aura rien de cruel pour nous, Et nous pourrons goûter noftre beareufe fortune

Sans nous attirer de jaloux.

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De cent larcins d'amour à toute heure capables,

Nous en faurons feuls la douceur, Et nous les cacherons, ces larcins agreables,

Sous les noms de Frere & de Sœur.
S

Vous & moy nous pouvons deja, quand bon nous femble,

Iouir d'un fecret entretien ;

Et mefme devant tous nous badinons ensemble,

Sans que perfonne en dife rien.

Nous nous abandonnons à d'aimables carreffes,

Moins douces pour vous que pour

may.

Pour laiffer le cours libre à nos tendres foibleffes,

Il faudroit nous donner la foy.
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We blamez pas, de grace, un aven trop fincere

Du mal dont je ne puis querir. Je vous l'aurois caché fi j'avois pû le faire,

Mais il faut parler ou mourir.
&

Serez vous fans pitié pour une malbeureuse

Qui vous rend maifire de fon

fort,

Et croirez vous qu'il foit d'une ame genereule

Deftre la caufe de famort?

Il ne faut point chercher cette Epiftre parmi celles qu on appelle ordinairement les Heroïdes. Elle est tirée du neuviéme livre des Metamorpho fes, où Ovide a décrit avec un art admirable, toute l'avanture de Biblis, fes differentes agitations fur un amour qu' elle condamne elle-mefme fon defespoir aprés que fon Frerea refufé de lire falettre, & fon changement en Fon. taine, caufé par les larmes continuelles qu'elle répandit. C'eft, je croy, une agreable nouvelle à vous donner, que

de vous apprendre que Mr Corneille a enfin achevé la Traduction de ce grand Ouvrage. Je me fouviens que quand il en fit imprimer les fix premiers livres, il y a plus de vingt ans, vous prêtes tant de plaifir à cette lecture, que vous medemandâtesplufieurs fois fi l'on en pouvoit elpe rer la fuite. Il a revû ces fix premiers livres, & mis auffi en Vers les neuf autres, de forte que cette Traduction paroiftra entiere au commencement du mois prochain, divifée en trois volumes, dont

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chacun contient cinq livres. Non-feulement il a pris foin que l'impreflon en fast auffy belle que correcte, mais il n'a épargné aucune dépense pour donner à cet Ouvrage toute la beauté qu'il peut recevoir. Ainfi il a fait graver prés de deux cens Planches, afin qu'il yen air une au commencement de chaque Fable, pour reprefenter d'abord aux yeux ce que les Vers expliquent enfuite. De tout ce que les Anciens Poëtes nous ont laiffé rien n'eftoit plus propre noftre Poëfic, que les Meta

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