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En 1233, Gérard de Pexammo et son frère, citoyens de Gênes, dont le commerce s'étendait non-seulement sur les côtes occidentales de la France, mais encore sur celles d'Angleterre, sont assaillis par une violente tempête en vue des côtes de la Saintonge. Leur navire, soulevé et battu par les flots, parvient à grand' peine à tenir tête à la tourmente; mais le sénéchal, son fils, les habitants de l'île d'Oléron et quelques Saintongeois ne veulent pas renoncer aux profits que leur promettait l'imminence du péril. Montés sur de nombreuses barques, ils assaillent le navire, qui suit de très-près la côte afin d'aller chercher dans le port de la Rochelle un abri et un remède à ses avaries. Leur violence arrache aux malheureux Génois une somme d'argent et divers objets de leur cargaison, sous prétexte qu'ils ont éprouvé un naufrage.

Ces détails sont constatés par une bulle du même pape, Grégoire IX', adressée, le 15 décembre 1233, à l'archiprêtre de la Rochelle, pour faire constater s'il y a eu naufrage réel ou simplement péril. Dans ce dernier cas, le sénéchal et ses complices devront rendre ce qu'ils ont extorqué aux marchands génois, à peine d'y être contraints par la censure ecclésiastique. « C'est une << chose indigne,» ajoute le souverain pontife, « de voir ceux que « la main du Sauveur a soutenus pour qu'ils ne fussent pas engloutis, éprouver de la part de méchantes gens des vexations contraires à la justice. »

1. Les deux bulles sont contenues dans le grand Bullaire anglais du musée britannique, Additionnal Manuscripts, no 15353. La dernière est imprimée dans la Revue des provinces de l'Ouest, 2o année, page 310.

P. MARCHEGAY.

NOTE

SUR

LES DEUX BARROIS,

SUR

LE PAYS DE LAÇOIS,

ET SUR

L'ANCIEN BASSIGNY.

Lorsque Prudence' et Nithard' nous donnent l'état de la part d'héritage assignée par Louis le Débonnaire à son fils Charles le Chauve dans l'assemblée d'Aix-la-Chapelle en 837, ils nous parlent des deux Barrois, utrosque Barrenses 3. Il est généralement admis que ces deux Barrois auraient été, l'un les environs de Bar-sur-Aube, l'autre les environs de Bar-sur-Seine; que, par conséquent, Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine auraient chacun donné leur nom à un pagus. Ce système est celui d'Hadrien de Valois; dom Bouquet l'a reproduit avec assentiment; M. Pertz et M. Pardessus l'ont adopté. Nous l'avons entendu professer par le regrettable M. Guérard dans un de ces cours si remarquables où il initiait les élèves de l'École des chartes aux procédés comme aux résultats de sa vaste érudition . Il n'existe pas de plus hautes autorités scientifiques. Cependant nous ne

1. Annales de Saint-Bertin, année 837.

2. Liv. Ier, chap. VI.

3. D. Bouquet, VI, 70 a, 199 b; VII, 14 a. Pertz, Scriptores, II, 431, 654. 4. Notitia Galliarum, p. 75.

5. VI, 70, note.

6. Scriptores, I, 431, note 14.

7. Diplomata, chartæ, II, 501.

8. Cf. Annuaire de la Société de l'histoire de France, 1836, p. 70.

pouvons croire à l'exactitude de l'interprétation qui s'offre à nous sous cet illustre patronage. Suivant nous, Bar-sur-Seine faisait partie du Laçois ; les deux Barrois sont les pays de Barle-Duc et de Bar-sur-Aube. Nous ne sommes pas les premiers qui l'ayons cru. Cette opinion est celle de D. Calmet, elle a pénétré dans une note du recueil de dom Bouquet 2, et, dans ces derniers temps, M. Desnoyers l'a suivie3. Ce travail aura pour objet de la défendre; il se divisera en quatre paragraphes, concernant chacun l'un des quatre pagi que nous serons obligé d'étudier à cet effet : le Laçois, le Barrois de Bar-sur-Aube, le Bassigny et le Barrois de Bar-le-Duc.

SI. Laçois.

Bar-sur-Seine, disons-nous, faisait partie du Laçois. Il nous paraît prouvé que le Laçois comprenait la portion de la vallée de la Seine qui s'étend de la limite méridionale de l'ancien diocèse de Troyes, c'est-à-dire de Fouchères (Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine), dernière localité de ce diocèse, exclusivement, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or), petite ville de l'ancien diocèse de Langres, inclusivement; la vallée de l'Ource, depuis la chute de cette rivière dans la Seine, en remontant jusqu'à Recey, et même peut-être une partie de la vallée de l'Aube, entre Lanty et Dancevoir. Le pagus de Laçois aurait correspondu à l'archidiaconé de même nom, en latin archidiaconatus Laticensis, appelé quelquefois dans les temps modernes archidiaconé de Chatillon ou de Bar-sur-Seine, et qui, dans un grand nombre de pouillés du diocèse de Langres, est désigné comme renfermant les deux doyennés de Bar-sur-Seine et de Chàtillon.

Le Laçois, ordinairement pagus Laticensis, et quelquefois, par retranchement d'une syllabe, Lastcensis, Ladsensis, Latsen

1. Histoire de Lorraine, 1re édition, t. I, p. 910.

2. II, p. 397.

3. Annuaire de la Société de l'histoire de France, 1853, p. 144.

4. Pontius était, en 1152, archidiacre de Laçois, archidiaconus Lacesiensis ; Arch. de l'Aube, fonds de Montieramey, charte de 1152. Dans le Cartulaire de Clairvaux nous voyons figurer deux personnages avec le titre d'archidiaconus Laticensis : 1o Guido, 1223 (Campigni, LVIII, LIX, LXI); 2o Hugo, 1239 (Campigni, Lv); 1249 (Fontarcia, LXXII; Bellus Mons, LI).

5. Diplomata chartæ, II, 231.

6. Ibid., 288.

sis', avait pour chef-lieu un castellum nommé d'abord Latisco, et ensuite, plus brièvement, Latss en roman, Lasco en latin. On en trouve encore quelques ruines sur la montagne qui domine le village de Vix (Côte-d'Or, arrondissement et canton de Châtillon-sur-Seine), à six kilomètres au Nord de Châtillon, sur la rive gauche de la Seine 2. La carte de France dressée par les officiers de l'état-major désigne cette montagne sous le nom de Mont-Lassois.

Saint Loup, évêque de Troyes, chassé par les habitants de sa ville épiscopale, se réfugia sur la montagne de Latisco, ad montis perfugium Latisconi, vers l'année 451 3. Un siècle après, sous Thierry Ier, saint Valentin naquit dans le même lieu, dont la situation est déterminée par le texte : in Laticensi suburbano Lingonensium. M. Camuzat de Vaugourdon, propriétaire à Troyes, numismatiste aussi instruit qu'obligeant, possède un monétaire mérovingien avec la légende Latascuone. J'ai signalé moi-même quatre deniers de Charles le Chauve avec la légende Castellum Latss. Il est encore question, non de la ville, mais de l'église de Latisco, ecclesiam montis Lasconis, au douzième siècle ".

6

Les chartes dont l'indication suit donnent les noms de quelques localités secondaires contenues dans le pagus Laticensis. 632, pour l'abbaye de Saint-Denis: Posciacum, Bissey-laPierre? Côte-d'Or, arrondissement de Châtillon, canton de Laignes; Fons Lagnis, Laignes 7.

694, pour Saint-Pierre de Sens: Retiacum, Recey-sur-Ource, Côte-d'Or, arrondissement de Châtillon, chef-lieu de canton;

1. D. Bouquet, VIII, 642.

2. Mignard et Coutant. Découverte d'une ville gallo-romaine, dite Landunum, p. 1, note.

3. D. Bouquet, 1, 645 a. Nous sommes ici en contradiction complète avec l'abbé Lebeuf, Recueil de divers écrits, t. I, p. 79. Ce savant veut qu'il soit question de Linçon (Aube, arr. et 3o canton de Troyes, commune de Saint-Germain), ancien diocèse de Troyes. Nous ferons observer que Linçon est en plaine. Enfin, les textes qui suivent fournissent trop d'arguments irréfutables en notre faveur pour que nous prenions la peine de les énumérer.

4. D. Bouquet, III, 410, e.

5. Bibliothèque de l'École des chartes, 4o série, t. III, p. 203.

6. Bulle d'Eugène III, 18 novembre 1145, ap. Mabillon, Ann. Bened., VI, 362. Cf. Lebeuf, Recueil de divers écrits, I, 79.

7. Pérard, Recueil, p. 7. Pardessus, Dipl. chart., II, p. 14. Cf. Chronique de S. Benigne, ap. D. Bouquet, VII, 229.

Pauliacum, Prusly-sur-Ource? Côte-d'Or, arrondissement et canton de Châtillon '.

711, pour Saint-Pierre de Sens: Bagnolum, Bagneux, Aube, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton du Ricey; Pauliacum, dont il vient d'être question 2.

721, pour l'abbaye de Flavigny : Villamauriana, Villemorien, Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine; Alta Ripa, Ricey-Haute-Rive, Aube, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton du Ricey 3.

753, pour l'abbaye de Montier-la-Celle: Ausa, la Chapelle d'Ose, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton de Chaource, commune de Lantage; Nantavia, Lantages; Vocratus, Vougrey, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton de Chaource; Villamaurianus, Villemorien déjà cité".

863, pour l'abbaye de Pothières: Pultariæ, Pothières, Côted'Or, arrondissement et canton de Châtillon 5.

872, pour l'abbaye de Montier-la-Celle: Bulgundio, Bourguignons, Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine; Ausa la Chapelle-d'Ose, déjà nommée".

Nous ajouterons Ladriacus, d'après le livre Ier, chapitre 40, des Miracles de saint Germain ; c'est Larrey, Côte-d'Or, arrondissement et canton de Châtillon-sur-Seine.

Une charte de l'année 881, imprimée par Pérard, place in comitatu Laticensi une localité appelée Villa, Ville-sur-Arce, Aube, arrondissement et canton de Bar-sur-Seine. Une correction de Lebeuf à l'histoire des évêques d'Auxerre publiée par Labbe, met dans le même comté Gayacum, Gyé-sur-Seine, Aube, arrondissement de Bar-sur-Seine, canton de Mussy. Enfin une charte de l'année 1068, en faveur de l'abbaye Saint-Michel de Tonnerre, atteste que Bar-sur-Seine lui-même se trouvait dans le comté de Laçois 10.

1. Pardessus, Dipl. chart., II, 231.

2. Ibid., p. 288.

3. Gall. christ. vet., IV, 384; Pardessus, Dipl. chart., II, 325.

4. Vallet de Viriville, Arch. hist. de l'Aube, p. 394.

5. Gall. Christ. nova, IV, pr. p. 132.

642

6. Camuzat, Prompt. sacr. ant. Tricassinæ diœcesis, fo 20, vo. D. Bouquet, VIII,

7. Labbe, Bibl. manuscript., I, 546.

8. Recueil, p. 1591.

9. Bibl. manuscript., I, 441. Cf. Lebeuf, Recueil de divers écrits, I, 82. 10. Coutant, Hist. de Bar-sur-Seine, p. 65, 375.

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