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Archives de l'empire, un exemplaire très-bien conservé au bas d'un acte original du 10 juillet 1437'.

Les Archives de l'empire possèdent encore au bas d'une charte du 2 décembre 1308, contenant nomination des députés de la ville aux états généraux 2, un autre seau de maire de la Rochelle, rond comme les précédents, du même module que celui de Thomas de Laygue et portant comme lui un petit contre-sceau. D'après l'acte auquel il est suspendu, on voit que le contre-sceau, dont les armoiries représentent un loup courant devant un arbre, est celui du maire Pierre de Loupsault. Du côté principal, la cire est tellement écrasée qu'on ne peut guère apprécier le mérite de la gravure 3.

Il serait à désirer que la mairie de la Rochelle fit exécuter en bas-relief, et sur des proportions assez grandes, les deux faces du sceau antérieur à 1230. Ces bas-reliefs orneraient et compléteraient la façade de son bel hôtel de ville (nommé encore aujourd'hui la Commune), admiré des étrangers, et souvent reproduit par la gravure et la lithographie.

Au bas d'actes de l'an 1271, 1272 et 1288, sont aussi conservés les sceaux, de format très-petit, dont se servaient divers bourgeois. Nous ne les avons pas examinés avec assez de soin pour en parler ici, et nous dirons seulement que Peres le Penchener, portait sur le sien un peigne, signe de sa profession, avec une fleur de lis, indiquant qu'il était bourgeois du roi de France.

Ces chartes de Sainte-Catherine, sur lesquelles on nous pardonnera d'être entré dans des détails aussi longs et minutieux, prouvent la prospérité de la Rochelle, la puissance, la richesse * et

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1. Archives de l'Empire, Collection des moulages de sceaux, no 302. L'acte auquel il est suspendu, sur double queue, porte au dos la curieuse note suivante, qui nous a été communiquée par M. Douët d’Arq : « Obligacion des maire, eschevins, pers « et conseillers de la communité de la Rochelle, touchant une place à eulx baillée par a le roy, pour augmenter leur havre, dont ils doivent paier au roy, chascun an, deux « marcs d'argent en une tasse d'argent vairée ou bas et martelée ou fons. Séellées du grant séel de nostredicte communité. »

2. Ibid., no 5422.

3. Aucun des sceaux de la commune de la Rochelle n'a été dessiné par Gaignières, à la suite des copies et extraits des chartes du prieuré de Sainte-Catherine, et des titres concernant les rentes de Fontevraud, dans la capitale de l'Aunis (Biblioth. Impér., anc. F. lat., no 5480, vol. I).

4. Les autres sont ceux d'Étienne de Cahors, Pierre de la Chambre et Pierre de Rofflac.

5. Par bulle du 16 décembre 1216, le pape Honorius III accorda les indulgences

même l'instruction de ses habitants dès le commencement du treizième siècle. Les communes du moyen âge n'obtenaient ces résultats qu'après de longues années, à force d'or, de sueurs et même de sang; mais quelques localités privilégiées n'ont pas eu à subir ces traverses : la Rochelle entre autres, grâce à l'initiation du dernier Guillaume, duc d'Aquitaine, à l'heureuse influence de la domination anglaise, sous Henri II, Richard Cœur de Lion, Jean sans Terre et Henri III, et aux faveurs accordées par les fils et le petit-fils d'Alienor d'Aquitaine aux bourgeois dont le port servait d'asile à leurs flottes ainsi qu'aux navires de leurs sujets anglais et normands.

La première mention de cette ville dans les documents historiques ne paraît pas remonter au delà de l'an 921', date à laquelle la Rochelle est nommée comme limite d'une région soumise à certains droits maritimes. Elle n'est guère citée depuis qu'en 1139, à propos de moulins donnés par Louis VII, roi de France, premier mari d'Alienor, aux Templiers établis dans cette localité, pour le malheur des habitants et de ceux des campagnes voisines 2. Enfin, le 20 février 1153, son existence. se manifeste d'une manière plus positive. Une seule église avait suffi pour l'exercice du culte. Desservie par les moines de Cluni et située à une assez grande distance du rivage, Notre-Dame de Cougnes

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des croisés aux bourgeois qui, retenus par leurs affaires, enverraient à leur place et à leurs frais des combattants au secours de la terre sainte. « Honorius episcopus, servus servorum Dei,... burgensibus de Rupella, salutem et apostolicam benedictionem. Ad nostram noveritis audientiam pervenisse quod quidam vestrum, qui propter varia impedimenta in personis propriis proficisci non possunt in subsidium Terræ Sanctæ, pro se disponunt ad ejusdem Terræ succursum viros transmittere bellicosos, ut indulgentiam crucesignatis (concessam) valeant obtinere. Volentes igitur ut super hoc per nos reddamini certiores, præsentibus litteris vobis duximus intimandum quod quicumque non in propriis personis illuc accesserint, sed in suis dumtaxat expensis, juxta facultatem et qualitatem suam, viros idoneos destinarint, de sacri concessione concilii, plenam suorum peccatorum veniam obtinebunt.

Datum Romæ, apud Sanctum Petrum, xvii kalendas januarii, pontificatus nostri anno primo. (Bibl. Imp., Mss. Recueil des lettres papales.)

1 Arcère, vol. I, p. 95. Les romans de Mélusine lui attribuent la fondation de la Rochelle, comme celle d'un grand nombre d'autres villes du Poitou : « En cel an fonda la Rochelle. »>«< Puis fonda à la Rochelle les tours de la garde de la mer et le chastel, et commença une partie de la ville. »

2. V. la bulle d'Honoré III, De insolentia Templariorum reprimenda, Arcère, vol. II, p. 662.

3. Cette église existe encore, entre les portes Royale et Dauphine, et est la plus éloignée de la mer. Cougnes est probablement le nom qui a précédé celui de la Ro

était maintenant insuffisante, surtout trop éloignée du nouveau centre d'activité. L'intérêt des mariniers et des commerçants réclamait donc une nouvelle paroisse. Les seigneurs de la Rochelle, heureux de voir son importance augmenter chaque jour, par le nombre et l'industrie des nouveaux habitants, se montraient tout disposés à satisfaire à ce besoin. Bernard, évêque de Saintes, y apportait seul de puissants obstacles, par jalousie contre les moines de Cluny, qui devaient desservir la nouvelle église comme celle de Notre-Dame. Le pape Eugène III imposa silence au prélat récalcitrant, et l'église de Saint-Barthélemy fut construite '; puis celles de Saint-Sauveur, Saint-Nicolas et SaintJean vinrent compléter successivement le nombre des paroisses de la ville.

Avant cette époque, la Rochelle était une des plus obscures bourgades du fief de Chatelaillon et de la paroisse de Cougnes. Elle paraît avoir pris son nom soit des roches ou banches calcaires sur lesquelles la ville s'est étendue, soit d'une petite forteresse 2, construite sur la plage par les suzerains pour assurer la perception des impôts qu'ils levaient sur les navires. Du reste, considérée comme point maritime, la Rochelle n'avait encore, au douzième siècle qu'une importance secondaire. Le véritable port, comme la capitale de l'Aunis était Chatelaillon. Bâtie sur un cap assez étendu, au pied duquel les navigateurs trouvaient un abri naturel, cette ville, riche et peuplée, était d'ailleurs un marché important, d'où les denrées apportées des côtes et des îles voisines pénétraient dans l'intérieur des terres. Pour que la Rochelle fùt florissante, il fallait que la puissance de ses suzerains périt sous le poids des excommunications; que les comtes de Poitou, instruments ou complices des moines de Cluny et du Saint-Siége, renversassent les redoutables fortifications que la tradition faisait remonter jusqu'à la conquête des Gaules par les Romains ; que

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chelle. Le faubourg situé au delà des fortifications actuelles porte le nom de CougneHors.

1. Arcère, vol. II, p. 690.

2. Rupella et Rochella, diminutif de Rupes et Rocha. Rupes Bernardi, Rocha Fulcaldi, le château de Bernard, de Foucauld. Arcère donne la préférence à l'étymologie tirée de la nature du sol, vol. I, p. 104.

3. « Et avoit une tour grosse à trois lieues près (de la Rochelle), que Julius Cesar fist faire, et l'appeloit l'en pour lors la tour Aigle, pour ce que Jules portoit l'aigle en sa bannière, comme l'empereur. Et celle tour fist la dite dame (Melusine) anvironner

le fief des Ebles et des Isembert, tombé aux mains de collatéraux avides et se déchirant entre eux, devint pour les rois d'Angleterre la clef de leurs possessions au midi de la Loire, et qu'enfin l'Océan, déchaînant sa fureur contre la malheureuse cité, engloutit à la fois dans ses ondes Chatelaillon, ses édifices, et même le sol sur lequel ils étaient construits. A ces conditions seulement la Rochelle pouvait devenir une ville puissante et populeuse, une capitale de province, un port fréquenté et riche. Ces conditions étaient déjà réalisées à la fin du douzième siècle; il ne restait plus qu'à en profiter : les bourgeois rochelais ont su le faire.

de grosses tours et de fors murs, et la fist nommer Chastel Aiglon, » Roman de Mélusine.

Les chartes des onzième, douzième et treizième siècles donnent plus souvent le nom de Castrum Allionis que celui de Castrum Julii.

P. MARCHEGAY.

(La fin à un prochain numéro.)

SUR LE CARTULAIRE

DES TEMPLIERS DE PROVINS

(XII ET XIII SIÈCLE).

La publication du procès des Templiers, par M. Michelet, a rappelé dernièrement l'attention sur l'histoire de cet ordre célèbre. C'est ce qui m'engage à dire quelques mots d'un cartulaire des Templiers de Provins, aujourd'hui conservé aux Archives de l'empire, et qui contient des actes remontant à la première époque de l'établissement des chevaliers du Temple en France, et des notions intéressantes sur leurs possessions et leurs richesses au douzième et au treizième siècle.

En fait de cartulaires d'ordres religieux militaires, le grand dépôt des Archives de l'empire possède ceux de Fieffes, dans la Picardie, renfermant des chartes de 1150 à 1218; de Mésy, contenant des actes de 1292 à 1294; d'Orléans, ayant des actes de 1148 à 1365, qui se rapportent tous trois aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem; et celui de Provins, renfermant des actes de 1133 à 1243, qui concerne les chevaliers du Temple. On trouve à la Bibliothèque impériale (fonds des cartul., n° 70) le cartulaire des Templiers de Roaix (département de Vaucluse, arrondissement d'Orange, canton de Vaison), dont les pièces ont pour dates extrêmes 1138 et 1227. Enfin, le Catalogue des Cartulaires, publié par la Commission des archives, indique dans les départements, à Troyes, à Strasbourg, à Colmar, à Dijon, à Marseille, à Toulouse, à Alby, une douzaine de cartulaires d'ordres religieux militaires, dont la moitié seulement appartient aux Templiers et dont la plus ancienne pièce est de 1135. Le nombre restreint de recueils de ce genre ajoute à l'intérêt

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