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Nous croyons donc utile de relever ici une erreur échappée à M. Massiou dans 'son Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, vol. I. A propos d'une charte de Louis VIII, imprimée dans l'Amplissima collectio de D. Martène, vol. I, p. 1191, et dans laquelle le roi de France dit : « Nos, pro reverentia B. Thomæ martyris, dedimus ecclesiæ Cantuariensi et venerabili patri Stephano, Cantuariensi archiepiscopo, in perpetuum, homagium et servitium Aimerici de Chanurcio', burgensis de Rupella, et hæredum suorum: ita quod iidem sint in perpetuum intendentes et respondentes prædicto Stephano et successoribus suis, tanquam dominis suis, et eis serviant, etc. » M. Massiou se récrie sur ce que le roi de France donnait, comme de vils troupeaux, à l'archevêque Étienne, un bourgeois Rochelais et toute sa postérité, pour vivre en état de servage sous la suzeraineté de ce prêtre Anglais et de ses successeurs. L'auteur s'est trompé en traduisant servitium par servage. Il s'agit seulement ici du service, impôt ou toute autre redevance, que le bourgeois devait à Louis VIII comme à son souverain immédiat. Le prince a pu donner à l'archevêque de Cantorbéry tous les droits qu'il avait sur Aimery de Cahors, sans que la condition de ce dernier éprouvât aucune modification, et surtout sans que sa liberté et celle de ses descendants subissent aucune atteinte. Le seul résultat de cette lettre a été de transmettre à l'archevêque de Cantorbéry les droits du roi, qui n'a plus compté dorénavant Aimery ni les siens au nombre de ses sujets.

Par les chartes de la reine Alienor concernant Pierre de Ruffec et Pierre Foucher, on a pu déjà reconnaître qu'elle ne confondait pas les bourgeois et les serfs.

Outre les personnages cités plus haut, les chartes de SainteCatherine nomment seize maires. Elles nous permettent ainsi de confirmer, rectifier et compléter la liste de ces magistrats communaux, imprimée par le P. Arcère.

La matricule des maires de la Rochelle publiée par le savant oratorien, comme la plus authentique, est celle qui fut dressée en 1468 par Jean Mérichon 2. Cet historien y attribue à plusieurs chefs municipaux une administration de trois et même de six années, ce qui ne paraît guère vraisemblable, surtout depuis la réunion de la Rochelle à la France, en 1224, et par suite de l'an

1. Sans doute Cahors.

2. Seigneur d'Uré, de la Gort et du Breuil-Bertin, conseiller du roi et bailli d'Aunis.

tagonisme de l'autorité royale et du pouvoir populaire. La liste de Mérichon présente en outre, de 1206 à 1225, des lacunes que le P. Arcère n'a pas cru devoir combler, même à l'aide des autres matricules, conservées en manuscrit à la bibliothèque de la Rochelle. Si Mérichon n'a pas rempli les vides « c'est, dit-il, une « preuve qu'il n'a rien trouvé de bien certain à cet égard dans << les archives de la ville; et je ne vois pas comment ceux qui << sont venus après ont pu y suppléer

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Constatons d'abord, d'après deux lettres du roi Jean SansTerre, imprimées dans les Rotuli Litterarum Clausarum, page 142, que le maire de la Rochelle était, en 1213 et 1214, Hubert du Bourg, depuis sénéchal de Poitou, puis grand justicier d'Angleterre. D'après un titre conservé dans les manuscrits de Jean Besly, l'historien du Poitou, en 1216 le maire se nommait Gautier; et en 1218 et 1219, Jean Junan, qui a fait apposer le sceau de la commnne à la quatrième des chartes latines de Fontevraud analysée ci-dessus. Enfin, en 1224 et 1225, la mairie était administrée par Peres Fouchers, comme le prouve la première de nos chartes françaises, et la liste des habitants qui ont juré d'être fidèles à Louis VIII. Ces quatre noms manquent à la liste du P. Arcère.

Sauf quelques fautes dans les noms, elle est exacte pour les années 1225, Willames de Mausé; 1242 et 1243, Nicholes de Gloecestre; 1249 et 1250, Girart Vender; 1250 et 1251, Willa mes de Faye; 1259 et 1260, Pasquaut de Mastaz; 1269 et 1270, Thomas de Laygua ou de Laygue; 1270 et 1271, Johans Aymeris; 1271 et 1272, Gillebert Vender.

Voici maintenant les années pour lesquelles les titres de Sainte-Catherine rectifient Mérichon.

En 1199, la commune de la Rochelle avait pour chef Guillaume de Montmirail. Arcère le nomme Robert, dit qu'il fut le premier maire de la ville et exerça ces fonctions jusqu'en 1206. Il est possible que cette famille de Montmirail ait donné deux maires à la commune de la Rochelle; mais on ne peut hésiter à

1. Celles de Bruneau, conseiller au présidial de la Rochelle; de Jaillot, de Merlin, ministre protestant, de Mervault, et deux autres sans noms d'auteur, dont la plus ancienne est écrite sur parchemin.

2. Arcère a pourtant complété la liste de Mérichon, en attribuant au maire indiqué pour une année, les années suivantes pour lesquelles il n'y a pas de nom.

3. Bibl. Impériale, Mss. de Dupuy, vol. 499, fol. 57.

dire, d'après la charte de la reine Alienor, que pour l'avant-dernière année du douzième siècle, il y a lieu de remplacer le nom de Robert par celui de Guillaume.

En 1229 et 1230, le maire était Johans de Jart, et non Guillaume Arbert, dont les fonctions sont prolongées, à tort, pendant trois années consécutives par Mérichon;

En 1231 et 1232, Peres de Rofflac, au lieu de Guillaume Arbert;

En 1234, Peres Greller, au lieu de Jean de Jart;

En 1235, Peres des Brandes, au lieu de Hervé de Ribedoe; En 1245, Arnaut de Feissac, au lieu de Philippe de Faye; En 1260, le même, au lieu de Philippe de Glocester;

Enfin, en 1268, Poynz de Pont, au lieu du susdit Glocester. Il n'existe pas de chartes de Sainte-Catherine passées sous le sceau de la commune de la Rochelle à partir de l'année 1272, et nous ne pouvons pousser plus loin les rectifications qu'il y aurait probablement lieu d'introduire dans la liste imprimée par le P. Arcère pour les années postérieures. M. l'abbé Chollet complétera sans doute notre travail, sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres, à l'aide des titres de l'Aumônerie d'Alexandre Aufredi, ou Aufroi, dont la découverte est due à ses savantes et actives recherches '.

Les maires sont nommés à la fin des actes, dans la formule relative à l'apposition du sceau, généralement conçue en ces termes: E por ce que ceste chouse seit plus ferme e plus estable, a la requeste de l'une partie e de l'autre, sire..., qui adonques esteit maires de la Rochelle, saela e conferma iceste presente chartre dau seau de la commune de la Rochelle, en testimoine de verité. Ce titre de sire était exclusivement réservé au magistrat chargé de l'administration de la commune et du maintien ou de la réforme de ses Us e Costumes.

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Un autre privilége honorifique était accordé au maire de la Rochelle. Le sceau de la commune, dont la dimension est grande et la forme ronde, représente d'un côté la ville et son principal caractère par un navire qui, la voile tendue, navigue bardiment sur une mer agitée. La légende de cette face est SIGIL

1 V. Bibliothèque de l'École des Charles, IVe série, vol. II, p. 510 et 511. 2. Il a soixante-quinze millimètres de diamètre.

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LVM COMMUNIE DE ROCHELLA. L'autre face portait : SIGILLVM MAIORIS DE ROCHELLA. Le maire est représenté sur un cheval marchant au pas. Il porte l'habit bourgeois. Il a la tête nue, mais haute; et il brandit fièrement un bâton, la seule arme permise alors à ceux qui n'étaient ni nobles de naissance ni payés par un seigneur pour garder son château ou le suivre à la guerre.

Plusieurs de ces sceaux, en cire verte, sont encore suspendus sur un cordon de fil de diverses couleurs au bas des chartes de Sainte-Catherine. Il y en a de trois types: l'un dont la gravure est, du côté qui représente le maire, lourde et défectueuse, tant pour le cavalier que pour sa monture; l'autre dans lequel l'homme, et surtout le cheval, sont remarquables de forme et d'expression :

1. Notamment celui de la charte imprimée plus haut, no 9.

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2. Dans les archives de Maine-et-Loire, il n'existe qu'au bas de la charte no 2.

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Enfin le troisième, d'un module inférieur à celui des précédents, mais d'un assez beau caractère, a été apposé, en janvier 1269 (vieux style) au vidimus de la charte de l'abbesse de Fontevraud (1218) que nous avons analysée ci-dessus. Au revers, le navire formant alors, et encore aujourd'hui, les armoiries de la ville de la Rochelle, est remplacé par le sceau privé, Secretum, du maire Thomas de Laygue. Sur un écu de petite dimension et traversé par une bande, on y voit un lion rampant.

Les gravures sur bois qui représentent le second type ont été faites d'après l'exemplaire d'Angers. Il existe anssi aux Archives de l'empire à la charte du serment des bourgeois (12 août 1224) dont nous avons publié le texte plus haut. Il est assez difficile d'expliquer pourquoi on a abandonné le plus beau type, avant 1230, pour se servir presque constamment depuis, tout au moins jusqu'au milieu du quinzième siècle, de celui dont le dessin et la gravure sont infiniment moins beaux et dont il existe, aux

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