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détourna par ce motif. D'ailleurs je ne prendrois certainement pas de place indigne de moi, ni d'une certaine subalternéité. Je suis capable (et j'ai été mis à cette épreuve) du courage necessaire pour gagner ma vie, mais je n'aurois pas celui d'être le stipendié d'un grand seigneur quelconque. Ajoutez que je ne laisse pas que d'être connu en Angleterre (le nom de mon père y a de la célébrité) que je le serois bientôt davantage par la nature des amis de votre nation que je me suis faits en France, et que j'y serai nécessairement un homme de convention; il ne me sera point permis d'y être l'homme de la nature, et c'est un grand malheur pour quiconque se sent un peu audessus des rêves de la vanité humaine.

"Voilà bien des inconvéniens, mon cher Elliot. Il y en auroit beaucoup de sauvés, je l'avoue, si vous aviez assez de crédit à la cour de Copenhague, ou chez tel autre prince du nord que ce puisse être pour me faire obtenir quelque emploi. La carrière est moins brillante qu'en Angleterre sans doute; mais elle est moins exclusive. En Angleterre il faut être Anglois; dans le Nord il ne faut souvent qu'être françois.

"Au reste, je conviendrai naïvement avec vous, mon cher ami, que toutes ces objections me pèsent peu en comparaison de la liberté garantie, et de la possibilité de me livrer à mon énergie naturelle; deux avantages que je ne puis guère trouver que loin de mon déplorable pays. Mais la nécessité! la nécessité! qui sait vaincre cet ennemi? peu d'hommes en ont le courage, et il ne me manque pas. Mais la possibilité? je ne la vois pas. Le bonheur? je suis payé pour ne pas compter sur le mien.

"Parlez moi donc desormais, mon cher Elliot, en conseil et en guide, après m'avoir appellé en ami et en bienfaiteur. Que me conseillez-vous? quelles avances me seroient nécessaires? quelle marche dois-je tenir? je puis espérer de mon oncle une somme d'argent qui m'aideroit à une expatriation; quelle doit-elle être? Mais je ne crois pas pouvoir raisonnablement compter sur une amélioration de fortune du vivant de mon père. Il est si dur et si dérangé, que ce seroit présumer que de s'en flatter. Il aime beaucoup mieux garder les 6100liv. qu'il retient sur mon revenu que de me payer les 40,000liv. qu'il me doit, et au moyen des quels n'ayant plus que 2000liv. d'intérêts à supporter sur mon revenu pour me mettre en regle vis à vis de mes créanciers, j'aurois 6500liv. annuelles, et avec cela l'on vit dans tous les pays du monde, surtout quand on a plus de 60,000liv. de rente substituées sur sa tête. Comment remédier à cela? En plaidant contre mon père? c'est une extrémité bien déplorable, et très loin d'être sans danger. Il faut donc se résigner, et combien cette résignation me seroit payée si j'achetois la liberté à ce prix !

"Ecrivez moi surtout ceci, mon cher ami, et pardonnez de bien longs et fastidieux détails et un fatigant griffonage. Vous n'auriez pas pu me conseiller si vous n'eussiez pas exactement connu mon étât de situation; et sur cette ébauche rapide, à peine, et bien à peine, pourrez vous en juger. Parlez moi nettement, et dites moi quelles ressources vous prévoyez pouvoir me ménager dans le pays quelconque où vous m'appellerez. Si vous me conseillez de partir, je partirai; ce sera ma

manière de vous remercier, et c'est la plus éloquente du moins pour mon coeur. Le votre est dès longtemps à l'unison, et vous n'aurez pas de peine à croire que celui, qui vous a tant aimé quand il n'étoit que votre polisson de camarade, sent doubler son dévouement pour vous, quand vous enchaînez toute son estime et toute sa reconnaissance. Vale et me ama.

"MIRABEAU fils.

"Donnez moi des nouvelles de votre respectable père, de votre aimable frère, et du bon Liston; si il vit, il ne vous est sûrement pas étranger. Prenez la voie la plus courte pour me répondre, et adressez moi par duplicata, 1ère enveloppe à M. Boyer, receveur des droits du greffe à Aix en Provence, et dessous, pour le Comte de Mirabeau; et au Duc de Mansfield, votre ambassadeur à Paris, avec prière de m'adresser le paquet à Aix en Provence, si je ne suis point à Paris, rue de Seine à l'hotel de Mirabeau. Donnez moi votre adresse direct.

"Si vous me faites partir, prescrivez moi ma route, et dites moi quelle sorte de lettres de recommandation il me faut pour Copenhague, ou pour Londres."

In the commencement of the foregoing letter the circumstances are related which caused it to be written. Mr. Elliot, however, appears to have understood from its contents that the writer had believed himself to be addressing Sir Gilbert, for in his reply, dated Copenhagen, 1st October 1783, he says:

"J'ai reçu, mon cher Mirabeau, votre lettre en date du 14 Aout.

J'y réponds avec la franchise de notre première

jeunesse. Vous avez cru écrire à mon frère, à l'ainé des deux qui étaient vos camarades à la Barrière St. Dominique. Vous l'aimiez mieux que moi, et vous aviez raison. Il était dans ce temps là le meilleur des enfants, il est aujourd'hui le plus estimable des hommes," etc. Mr. Elliot then goes on to explain to his friend how infinitely more limited were his own powers of helping another man to a political career than Mirabeau had been led to suppose them; that the nature of the English constitution did not admit of the bestowal of political appointments on foreigners; and that he had simply proposed to offer his friend a refuge under an English roof, though in a distant corner of Europe, from the persecutions to which he had been so long a victim.

The first result of M. Brac's visit to Copenhagen, and subsequent communications with Brissot de Warville, himself destined to become a conspicuous figure in the revolutionary drama, was a letter from Brissot to Mr. Elliot. In this letter, dated No. 1 Brompton Row, 17th July 1783, he says—

*

"Je ne puis vous dire rien de positif sur le sort de ce jeune homme plus connu par ses longs malheurs que par ses écrits. Je désirerois bien qu'il acceptât l'asile en Angleterre; c'est la seule contrée où il puisse donner l'essor à son âme. M'y fixant moi même j'aurais l'agrément d'y jonir de sa conversation," etc.

III.

EXTRACT FROM A LETTER OF THE KING OF SWEDEN TO MR. ELLIOT, PARTLY GIVEN AT P. 308.

"J'AI envoyé des ordres si sévères au Gouverneur de Gothenbourg qu'il n'osera pas se rendre; après demain le régiment des Gardes arrivera et le 8ième de Jeutland. La garnison sera alors de trois milles hommes. Je pars pour m'y rendre, et pour animer par ma présence la Bourgeoisie. Je n'y resterai qu'un jour, et j'irois m'établir à Skara où à Alingsas où je vais faire assembler les troupes que j'ai. Je crois avoir dans trois ou quatre jours deux mille hommes de cavalerie," etc.

The King must have drawn a somewhat flattered picture of his military resources in this letter to the English minister, for on the same day, the 2d of October, he wrote to Baron d'Armfelt, that "in about a week from that time he hoped to collect a garrison of 3000 men in Gothenbourg. On the 4th he wrote to the same correspondent from Gothenbourg that the Guards and other troops expected were still to come. On the 6th he described himself as having no troops at all, but added, that in eight or ten days he hoped to assemble

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