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Denys, près de Mons, le maréchal de Luxembourg, qui se reposait sur la foi d'un armistice (11 août 1678): il fut repoussé après un combat désespéré de six heures. « Je m'attendais bien, disait-il plus tard, à perdre du monde, mais cette perte devait être de peu de conséquence, puisque, aussi bien, la paix étant faite, il aurait fallu congédier les troupes. Quel mépris de la vie humaine ont tous ces batailleurs ! les hommes ne sont pour eux que les pièces d'un échiquier.

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La Hollande, l'Angleterre, l'Espagne et l'Empereur traitèrent à Nimègue, l'électeur de Brandebourg à Saint-Germain, le roi de Danemark à Fontainebleau (août 1678 à septembre 1679). Cette fois encore ce fut l'Espagne qui paya les frais de la guerre ; elle abandonna la Franche-Comté, et, aux PaysBas, les deux dernières villes de l'Artois, Aire et Saint-Omer, avec douze autres places, Valenciennes, Cambrai, Maubeuge, Condé, Bouchain, etc., que Vauban couvrit aussitôt de fortifications, pour en faire la barrière de la France. L'électeur

de Brandebourg et le roi de Danemark durent restituer tout ce qu'ils avaient enlevé aux Suédois nos alliés. Mais la France, déviant de la politique commerciale de Colbert, accorda aux Hollandais l'abolition du tarif de 1667, ce qui allait porter un rude coup à notre marine marchande, même à notre industrie.

Le traité de Nimègue marque l'apogée du règne de Louis XIV: c'est peu de temps après que les magistrats de Paris lui décernèrent le titre de GRAND (1680). Ils lui avaient élevé déjà, pour cette guerre, deux arcs de triomphe, les portes Saint-Martin et Saint-Denis.

Toute glorieuse qu'elle avait été, cette guerre fut cependant l'origine des malheurs de la fin du règne, car elle avait habitué l'Europe à se liguer contre nous et lui avait montré l'homme qu'elle devait prendre pour chef de ses conseils, le pays où elle devait placer le point d'appui de sa résistance. La guerre de Hollande prépara la fortune de Guillaume III et de l'Angleterre. Renversons les faits; supposons que Louis XIV fût resté comme son aïeul l'allié des Hollandais: une grande marine s'unissait à la nôtre pour disputer l'Océan aux Anglais, et cette marine appartenait à un pays que nous pouvions toujours atteindre par notre politique, nos alliances et nos armes. Quand elle eut émigré dans la Grande-Bretagne, au lieu d'un adversaire à portée de ses coups, la France eut, en face d'elle, un ennemi que jamais elle n'a pu saisir corps à corps.

CHAPITRE LII.

DERNIÈRE PARTIE DU RÈGNE DE LOUIS XIV (1679-1715) '.

Conquêtes de Louis XIV en pleine paix; Réunion de Strasbourg à la France. - Après le traité de Nimègue,

1. Le Gouvernement de Louis XIV, l'administration, les finances et le commerce de 1683 à 1689, par P. Clément; Quinze ans du règne de Louis XIV (1700-1715), par E. Moret et Sallart.

los nations licencièrent leurs troupes, Louis garda les siennes

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et fit de la paix un temps de conquêtes. Les derniers traités

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lui avaient livré un certain nombre de villes et de cantons, avec leurs dépendances. Pour rechercher quelles étaient ces dépendances, il établit à Tournay, à Metz, à Brisach et à Besançon des chambres dites de réunion, parce qu'elles furent chargées de réunir à la France les terres qu'on prétendait démembrées des villes de Flandre, des Trois-Evêchés, de l'Alsace et de la Franche-Comté. Des princes allemands, l'électeur palatin, le roi d'Espagne, durent comparaître par procureurs, pour justifier de leurs titres; et des arrêts, soutenus par la force, donnèrent à Louis XIV vingt villes importantes, Sarrebruck, Deux-Ponts, Luxembourg, Montbéliard, Strasbourg, qui devint si vite une de nos villes les plus françaises et dont Vauban fit le boulevard du royaume sur le Rhin (1681).

En Italie, Louis XIV acheta Casal, dans le Montferrat, au duc de Mantoue, pour dominer le nord de la Péninsule et le Piémont, qu'il tenait déjà par Pignerol (1681).

Sur d'autres

Bombardement d'Alger et de Gênes. points se montrait le drapeau de la France, et pour une cause plus légitime. Les Barbaresques avaient recommencé leurs pirateries. Le vieux Duquesne fut envoyé contre eux. Un marin obscur, Bernard Renau, venait d'inventer un engin terrible de destruction pour les places maritimes, les galiotes à bombes. Alger fut bombardé deux fois (1681-1683), détruit en partie et obligé de rendre ses prisonniers. Tunis et Tripoli éprouvèrent le même sort; la Méditerranée se trouva encore pour quelque temps purgée de corsaires.

Une ville chrétienne fut traitée comme ces repaires de pirates. Les Génois avaient vendu des armes et de la poudre aux Algériens, et ils construisaient, dans leurs chantiers, quatre vaisseaux de guerre pour l'Espagne, qui n'en avait plus. Louis XIV leur défendit d'armer ces galères; sur leur refus, Duquesne et Seignelay lancèrent en quelques jours 14 000 bombes, qui renversèrent une partie des somptueux palais de Gênes la Superbe (1684). Il fallut que le doge vînt à Versailles demander pardon au roi, malgré une loi ancienne qui ordonnait au premier magistrat de ne jamais s'absenter de la ville. On lui demanda ce qu'il trouvait de plus curieux à Versailles : « C'est de m'y voir, » répondit-il.

Le pape même fut encore une fois humilié comme prince et blessé comme pontife. Les ambassadeurs catholiques, à Rome, avaient étendu le droit d'asile et de franchise, affecté

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