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J

ÉLÉGIE NEUVIÈME.

A MARATHUS..

E conuais de l'amour le langage vainqueur,

Les doux sons que sa voix va porter jusqu'au cœur,.

Le destin, les oiseaux ou la fibre interprète,
M'auraient-ils révélé cette langue secrète?
Non, Vénus m'enseigna ces accens inconnus:
Et combien j'ai payé les leçons de Vénus!

Cesse de feindre encor : de flammes plus cruelles
L'amour brûle les coeurs à son culte rebelles.
Dis-moi, pourquoi parer tes cheveux inconstans,

Disposer avec art leurs longs anneaux flottans?
Pourquoi montrer ce teint qu'un suc brillant compose,
Polir l'extrémité de tes ongles de rose?

Tu changes vainement tes superbes atours,
Vainement de tes pieds tu presses les contours;
Ta Pholoé plaît mieux dans sa simple parure,
Quand se boucle au hasard sa belle chevelure.

Num te carminibus, num te pollentibus herbi

Devovit tacito tempore noctis anus?

Cantus vicinis fruges traducit ab agris;
Cantus et iratæ detinet angnis iter;
Cantus et e curru Lunam deducere tentat;
Et faceret, si non æra repulsa souent.

Quid queror, beu, misero carmen nocuisse? quid herbas?
Forma nihil magicis utitur auxiliis.

Sed corpus tetigisse nocet, sed longa dedisse
Oscula, sed femori conscruisse femur..

Nec tu difficilis puero tamen esse memento

"

Persequitur poenis tristia facta Venus.

Munera ne poscas : det munera canus amator,.
Ut foveas molli frigida membra sinu.
Carior est auro juvenis, cui lævia fulgent
Ora, nec amplexus aspera barba terit.
Huic tu candentes humero suppone lacertos,
Et regum magne despiciantur opes.
At Venus inveniet puero succumbere furtim,

Dum tumet, et teneros conserit usque sinus,
Et dare anhelanti pugnantibus humida linguis

Oscula, et in collo figere dente notas.

.

Est-ce au sein de la nuit, par un charme vainqueur, Qu'une magicienne aurait charmé ton cœur?

Ses cris aux champs voisins enlèvent leur verdure,

Du serpent furieux arrêtent la morsure,
Arracheraient Phoebé de son char pålissant

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Si le bras n'agitait l'airain retentissant.

Malheureux! pourquoi donc te plaindre des prodiges? La beauté n'use point de tous ces vains prestiges. Plains-toi des longs baisers qui te semblaient si doux, Des genoux frémissans que pressaient tes genoux.

Cependant, Pholoé, quitte ce front sévère,

Ou crains que

de Vénus il n'arme la colère.

Fuis surtout les présens: un vieillard langoureux,

Qui près d'un jeune objet vient rallumer ses feux,

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Doit payer les désirs de sa froide vieillesse.

Mais que ton cœur chariné préfère à la richesse
Le mortel en sa fleur, dont le duvet naissant
Ne repoussera point ton baiser carressant.
Enlace dans tes bras ses épaules d'albâtre,
Et des trésors des rois ne sois pas idolâtre.
Instruit par Cythérée au plus secret larcin,
Seul il saura presser les lis de ton beau sein ;

Non lapis hanc gemmæque juvent, quæ frigore sola

Dormiat ; et nulli sit cupienda viro.

Heu sero revocatur amor, seroque juventas,

Cum vetus infecit cana senecta caput.

Tum studium formæ ; coma tum mutatur, ut annos

Dissimulet viridi cortice tincta nucis.

Tollere tunc cura est albos a stirpe capillos,
Et faciem demta pelle referre novam..

At tu, dum primi floret tibi temporis ætas,
Utere: non tardo labitur illa pede.

Neu Marathum torque; puero quæ gloria victo est?
In veteres esto dura, puella, senes.

Parce, precor, tenero : non illi sontica causa est;
Sed nimius luto corpora tingit amor.

Veh miser! absenti mostas quam sæpe querelas
Conjicit, et lacrymis omnia plena madent!

Quid me spernis, ait? poterat custodia vinci :
Ipse dedit cupidis fallere posse Deus.

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Seul il imprimera sur le cou d'une amante
Les humides baisers de sa bouche brûlante.

Que sert à la beauté l'éclat des diamans,
Si sa couche glacée écarte les amans?
Trop tard elle t'invoque, ô Vénus! ô jeunesse!
Quand son front dépouillé présage la vieillesse.
En vain elle se pare, en vain un suc trompeur
Veut rendre à ses cheveux leur première couleur;
En vain, pour réparer les torts de la nature,
L'art cherche à rajeunir son antique figure.

O toi, qui vois briller la fleur de ton printemps,
Aime; hélas ! cette fleur passe en peu de temps
Pholoé, prends pitié d'un mortel qui succombe;
Sur de tristes vieillards que ta rigueur retombe.
Epargne un jeune amant : vois comme la douleur
Des lis de son beau front obscurcit la blancheur.
Hélas! le malheureux, en proie à ses alarmes,
Gémit de ton absence et répand bien des larmes.

« Pourquoi me repousser? Qu'importent tes verrous ?

» Vénus montre aux amans à tromper les jaloux :

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