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La vague, lorsqu'il tend sa bouche suppliante,
Fuit; et la Danaïde, odieuse aux Amours,
Toujours remplit son urne où l'eau tarit toujours.
Dieux! punissez ainsi la noire perfidie

Du mortel qui voudrait me ravir ma Délie.

Ma Délie, à jamais conserve-moi ton cœur ;
Que l'esclave qui veille à ta sainte pudeur,
De ce chaste dépôt gardienne vigilante,
Le soir, à la clarté d'une lampe tremblante,
Guide un fil délié vers son léger fuseau,

Et trompe tes ennuis par un récit nouveau ;

Morphée alors, voilant tes beaux yeux

d'un nuage,

Doucement de tes mains fera glisser l'ouvrage.

Soudain j'arrive, j'entre, el je m'offre à tes yeux;
Je te parais tombé de la voûte des cieux.

Viens, vole dans mes bras: ah! ton sein nu, tes larmes,
Tes longs cheveux épars doublent encor tes charmes.

O Dieux ! quel doux rayon, parti de l'orient,
Amenera pour moi ce jour pur et riant!

ELEGIA QUARTA.

AD PRIAPUM.

Sicambrosa tibi contingant tecta, Priape,

Ne capiti soles, ne noceantque nives.

Quæ tua formosos cepit solertia? certe

Non tibi barba nitet, non tibi culta coma est;

Nudus et hibernæ producis frigora brumæ,
Nudus et æstivi tempora sicca Canis.

Sic ego; tum Bacchi respondet rustica proles,
Armatus curva sic mihi falce Deus :

Tu, puero quodcumque tuo tentare libebit,
Cedas. Obsequio plurima vincit amor.
Sed te ne capiant, primo si forte negarit,
Tædia; paulatim sub juga colla dabit.
Longa dies homini docuit parere leones;
Longa dies molli saxa peredit aqua.
Annus in apricis maturat collibus uvas;

Annus agit certa lucida signa vice.

ÉLÉGIE QUATRIÈME.

A PRIAPE.

PUISSENT, Dieu des jardins, ces voûtes de feuillage

Ecarter de ton front le soleil et l'orage!

Quel charme sous tes lois tient les cœurs engagés?
Ta barbe est sans éclat, tes cheveux négligés;

Nu, des sombres hivers tu ne crains point l'outrage,
Nu, du Chien enflammé tu méprises la rage.

Jeune mortel, répond la voix du Dieu puissant,
Qui d'une faux courbée arnie un bras menaçant,
Cède aux moindres désirs de l'objet qui t'enflamme;
La douce complaisance est la reine de l'âme.
Ris d'un premier refus; lentement à son tour
Son front se courbera sous le joug de l'amour.
Le temps du fier lion dompte l'humeur sauvage;
Le roc à l'onde même ouvre enfin un passage;
L'année avec lenteur, sur les monts parfumés,
Eifle, dore et mûrit les raisins embaumés ;

Nec jurare time; Veneris perjuria venti

Irrita per terras et freta summa ferunt. Gratia magna Jovi : vetuit pater ipse valere, Jurasset cupide quidquid ineptus amor. Perque suas impune sinit Dictynna sagittas Adfirmes, crines perque Minerva suos.

At si tardus eris, errabis. Transiit ætas
Quam cito ! non segnis stat remeatve dies.
Quam cito purpureos deperdit terra colores!
Quam cito formosas populus alta comas!
Quam jacet, infirmæ venere ubi fata senectæ
Qui prior Eleo est carcere missus equus!
Vidi jam juvenem, premeret cum serior ætas,
Moerentem stultos præteriisse dies.

Crudeles Divi! serpens novus exuit annos;
Formæ non ullamı fata dedere moram.

Solis æterna est Phobo Bacchoque juventa:

L'année avec lenteur et balance et promène
Les astres entraînés dans sa marche certaine.

Jurez d'aimer toujours, jurez, jeunes amans,
L'aile des aquilons emporte vos sermens.
Jupiter même absout l'indiscrète promesse
Qu'arrache à vos désirs l'impatiente ivresse ;
Diane vous permet de jurer par ses traits,
Et la sage Pallas par ses chastes attraits.

Crois-moi; mets à profit les jours de ta jeunesse.
Qu'il passe vite, hélas ! l'âge de la tendresse !
Qu'ils passent vite, hélas ! nos rapides amours!
L'infatigable temps n'arrête point son cours;
Il moissonne les fleurs, il flétrit la nature,
Arrache au peuplier sa verte chevelure;
Le coursier généreux que l'Elide nourrit,
Sous le fardeau des ans fléchit, tombe et périt.
Que j'ai vu d'insensés, sous les glaces de l'âge,
De leurs beaux jours perdus se reprocher l'usage!

Dieux cruels! le retour de la saison des fleurs

Du serpent rajeuni ranime les couleurs,

Et ne rajeunit point la vierge la plus belle!

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