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de Bochnia, qui en paraissent une dépendance, sont célèbres par les relations souvent trop brillantes qu'en ont données presque tous les voyageurs. Elles sont très-anciennes, étant exploitées depuis l'an 1251. Elles n'ont d'ailleurs rien de plus remarquable que les autres, si ce n'est d'offrir une exploitation très-étendue dans les masses de sel gemme dont les dimensions sont encore inconnues.

Ce terrain salifère, situé dans une plaine, n'étant recouvert que par des terrains meubles qui n'offrent aucun caractère précis ni géologique, ni zoologique, n'ayant jamais été entièrement traversé, en sorte qu'on ignore sur quelle roche il est immédiatement placé, ne peut être rapporté avec certitude à aucune époque géologique déterminée.

Le terrain salifère proprement dit est recouvert par un terrain meuble, composé de sable, de cailloux roulés et de marne sablease. C'est dans ce terrain, étranger à la formation salifère, qu'on a trouvé quelquefois des débris de grands mammifères.

Au-dessous paraît immédiatement la masse de marne argileuse salifère qui renferme le sel marin en blocs plus ou moins volumineux, disséminés dans la marne.

On y reconnaît trois dépôts principaux : le premier, en descendant, ne renferme que des masses de sel souillées d'argile et de sable, on l'appelle sel vert; le second est composé de masses de sel marin plus pur, qu'on nomme spiza; le troisième, qui n'a jamais été traversé complètement, est composé de masses de sel marin encore plus pur, à structure laminaire : on le nomme szibik.

Les marnes argileuses, placées entre le premiers et deuxième dépôts, renferment en débris organiques des coquilles marines bivalves, qui ressemblent à des tellines, et des coquilles microscopiques, analogues aux genres Rotalite, Rénulite, etc.

Si le sel renferme des débris organiques d'animaux, ils doivent y être très-rares, puisque M. Beudant n'a pu avoir une connaissance précise d'aucun exemple authentique, mais il contient une très-grande quantité de fragments de lignite, ou bois bitumineux, passant à l'état de jayet. La masse de sel sur place, et les échantillons qu'on en a extraits depuis peu de temps, répandent une odeur nauséabonde d'animaux mollusques que M. Beudant compare à celles des truffes.

Ce terrain salifère contient peu de minéraux étrangers; le gypse y est rare, la karsténite y est aussi rare et s'y montre sous une forme particulière, qui lui a fait donner le nom ridicule de pierre de tripes; elle est en plaques minces, à texture compacte et repliée sur elle-même en nombreuses sinuosités.

On ne trouve pas de soufre dans ces mines, mais on en cite a quelque

distance, et on assure même qu'il est combiné avec la chaux, à l'état de sulfure dissoluble dans l'eau.

M. Beudant rapporte les grès des montagnes voisines au grès houillier, et comme leurs couches paraissent plonger sous le terrain salifère, il place ce terrain immédiatement au-dessus du terrain houillier. Il considère le terrain meuble supérieur comme analogue au macigno molasse des terrains de sédiment supérieur. Les coquilles bivalves, les coquilles microscopiques de la marne argileuse salifère, et les lignites du sel marin, semblent rappeler les débris organiques du calcaire grossier et de l'argile plastique, et il présume, d'après ces circonstances, que le terrain salifère de Wialiczka appartient aux assises inférieures du terrain de sédiment supérieur.

Ces circonstances sont en effet assez remarquables et d'une assez grande valeur pour appuyer l'opinion de M. Beudant; cependant je me permettrai de demander si la valeur de ces caractères est assez grande pour donner à cette immense formation de sel marin une position géologique tout-à-fait différente de celle qu'on lui a reconnu dans le reste de l'Europe. D'abord, rien ne paraît prouver évidemment que les grès des montagnes voisines appartiennent à la formation de houille filicifère; mais, en admettant ce rapprochement, en admettant même que ce grès plonge sous la masse de sel marin, cela ne donne à cette masse aucun titre à une ancienneté différente de celle des autres terrains salifères. Les marnes argileuses supérieures, le gypse et la karsténite qui les accompagnent, le lignite du sel, peuvent être tout aussi bien rapportés aux marnes bigarrées et aux lignites du lias qu'aux argiles plastiques. Le lias renferme dans ses lits marneux des lignites en morceaux épars, comme ceux que l'on cite dans le sel marin de Wieliczka, et l'odeur de truffes a été retrouvée dans des roches calcaréo-charbonneuses, qui appartiennent précisément aux terrains de cette grande époque géognostique, puisqu'ils font partie du terrain oolithique, qui est de peu supérieur au lias.

Dans la mine de Bochnia, le sel se présente en couches dès le com mencement, et non sous la forme de rognons. Les couches d'argile ou de sel sont ondulées, et ne sont pas d'une épaisseur égale. Le sel est tantôt brun, tantôt rougeâtre, et quelquefois limpide; ces couleurs ne sont pas non plus disposées en zones parallèles. On y trouve du sel marin fibreux en très-beaux échantillons. (TOWNSON.)

A Thorda, la masse de sel est divisée en couches horizontales, mais ondulées. Ces couches ont de deux à trois centimètres d'épaisseur. Les plus inférieures sont aussi les plus sinueuses. ( J. ESMARK.)

On descend dans les mines de Wieliczka par six puits qui ont quatre

a cinq mètres de diamètre. Ces puits ne vont que jusqu'à soixante-quatre mètres de profondeur ; la mine a été approfondie jusqu'à trois cent douze mètres, ce qui établit son fond à cinquante mètres au-dessous du niveau actuel de la mer.

Le terrain est en général assez solide pour se soutenir sans boisage. On a pratiqué dans la masse même du sel des travaux nombreux. On voit dans ces mines une écurie, des chapelles, des chambres, dont toutes les parties, telles que colonnes, autels, statues, etc. sont en sel. Les puits et les galeries sont parfaitement secs et on y trouve plutôt de la poussière que de la boue. Il y a cependant des sources d'eau douce et d'eau salée (TOWNSON), et surtout des espèces de lacs résultant de l'accumulation des eaux souterraines; ces lacs sont assez grands pour qu'on puisse les parcourir en bateaux. Il paraît que l'air n'y est point aussi mauvais que dans la plupart des mines de sel; mais les ouvriers n'y demeurent pas, comme l'ont dit quelques personnes (Townson). Il s'amasse dans certaines parties de la mine du gaz hydrogène, qui s'y enflamme (GUETTARD ).

Le sel s'exploite en gradins montants. On en forme des parallélépipèdes du poids de quarante à quarante-cinq kilogrammes, ou des cylindres que l'on met dans des tonneaux (GUETTARD). Cette mine produit environ cent vingt mille quintaux de sel par an.

On cite près d'Okna, en Moldavie, une montagne de sel qui laisse voir ce minéral à nu dans plusieurs points.

Les mines du sud-ouest de la chaîne des Carpaths paraissent plus multipliées et dispersées sur une plus grande surface de terrain que celles du nord-ouest. Elles sont en général très-superficielles; quelques-unes même de celles de la Transylvanie le sont tellement, que des gardes sont chargés de recouvrir le sel de gazon, lorsqu'il est mis à découvert par les pluies. Cependant ces masses sont si épaisses, qu'on n'en a jamais atteint le fond. Quand on cesse l'exploitation à cent soixante mètres, c'est que l'extraction du sel devient trop coûteuse. On a poussé l'exploitation jusqu'à cent quatre-vingt-dix mètres dans le comté de Marmarosch. Ces mines contiennent aussi beaucoup de pétrole; et le sol qui les renferme est sillonné de toutes parts de rivières : le limon qui est interposé entre l'eau et le sel s'oppose, dit-on, à la dissolution de ce dernier.

A Paraïde en Transylvanie, il y a une vallée dont les bords et le fond sont de sel pur. On y voit des murs de sel de soixante mètres et plus d'élévation. La mine d'Éperies a cent quatre-vingts brasses de profondeur, c'est-à-dire, environ trois cents mètres. On a trouvé, dans les mines de sel de Marmarosch, de l'eau renfermée dans la masse même du sel.

Les mines au sud-ouest des Carpaths sont généralement exploitées par des puits. Il y en a toujours au moins deux dans chaque mine; l'un pour les ouvriers, l'autre pour l'extraction du sel. La masse de sel est exploitée en gradins montants; ce qui produit des cônes vides au milieu des couches. Les échelles se prolongent perpendiculairement jusqu'à la base de ces cônes, en sorte qu'elles sont dans cette partie absolument isolées. La plus grande partie de la masse s'extrait ainsi, en laissant des espaces vides qui sont coniques, et qui communiquent entre eux par des galeries. Le sel y est si abondant, qu'on ne paie aux mineurs que les masses de sel qui passent quarante kilogrammes ; les autres sont rejetées comme inutiles (DE BORN). Quand l'eau incommode les ouvriers, on l'extrait dans des sacs de cuir pour la jeter hors la mine.

Les Transylvaniens et les Moldaviens retirent le sel des fontaines salées, comme le faisaient autrefois les Gaulois et les Germains, en jetant l'eau de ces fontaines sur des brasiers ardents (Townson).

SCANDINAVIE. On ne connaît aucune mine de sel, ni source salée, en Suède et en Norwège.

RUSSIE. La Russie d'Europe et la Russie d'Asie renferment un grand nombre de sources salées, de mines de sel, et principalement de lacs salés. Ce dernier gisement est particulier au sel de ce pays; on ne l'observe pas dans les autres parties de l'Europe.

Nous citerons, dans la Russie d'Europe, les salines très-riches de Balachna, sur les bords du Volga; le lac salé de Tor, au nord et vers les limites de la petite Tartarie; les lacs salés semblables dans la Crimée, et qui paraissent appartenir au même système.

Dans la Russie d'Asie, les salines très-nombreuses de Permie, au pied des monts Poyas ; une mine de sel gemme, à quatre-vingts kilomètres (environ quatre-vingts werstes) de Yena-Tayevska, dans le désert qui est entre le Volga et les monts Ourals.

RUSSIE D'ASIE et SIBÉRIE. Dans le gouvernement d'Astracan, au nord de la mer Caspienne, aux environs d'Orenbourg et dans le pays des Baschkirs, les lacs salés sont très-communs; l'eau, en s'évaporant pendant l'été, offre le sel cristallisé à leur surface et sur leurs bords. Lorsque cette eau est très-concentrée, elle a une couleur d'un rouge foncé. Le sel qui s'y forme a souvent cette couleur. Il répand alors une odeur de violette assez remarquable. Tel est le lac salé d'Elton, situé au-dessus d'Astracan, dans l'angle rentrant que fait le Volga. Les Kalmouks le nomment lac doré, parce qu'il paraît tout rouge lorsque le soleil frappe dessus. Le lac de Bogdo, situé à peu près dans le même lieu, donne un sel parfaitement blanc, qui ne contient point de sulfate de magnésie, et que l'on préfère à celui du lac d'Elton (PALLAS). C'est aussi près

d'Astracan qu'est la mine d'Iletzki, célèbre par la quantité de sel qu'elle fournit. Le sel est situé à peu de profondeur; l'argile sur laquelle il repose est très-dure. Le terrain qui le recouvre est sablonneux, et criblé de trous remplis d'une eau saturée de sel (PALLAS). On trouve en Sibérie une mine de sel gemme sur la rive droite du Kaptendei, et quatorze salines sur celle du Kawda. On en trouve d'autres dans le gouvernement de Kolivan et aux environs d'Irkoutsk, près le lac Baikal, dans le milieu même de la Russie d'Asie. Enfin, les pays voisins de la mer Caspienne sont tellement imprégnés de sel marin, qu'aux environs de Gourief, les brouillards, la rosée qui s'attache aux habits et le suc des plantes sont salés (PALLAS).

TARTARIE. Chez les Tartares Mongols, le sol est pénétré de sel marin; ces peuples le lessivent, et font évaporer la dissolution pour en obtenir le sel.

CHINE La partie de la Chine qui avoisine la Tartarie, contient des mines de sel marin; le terrain est aussi fortement imprégné de cette

substance.

On trouve du sel disposé de la même manière sur presque tout le plateau de la grande Tartarie, au Tibet, dans l'Inde, et surtout en Perse, où l'on voit des plaines très-étendues couvertes partout d'efflorescences salines, notamment auprès de Bender-Congoun.

PERSE. L'île d'Ormus, à l'embouchure du golfe Persique, paraît être un rocher de sel. On trouve cette substance en masses solides, près de Balach, sur les frontières orientales de la Perse ; dans la Médie, aux environs d'Ispahan; dans les montagnes qui environnent Komm, au nord d'Ispahan, etc.

TURQUIE D'ASIE. Il y a encore du sel marin en Géorgie, près de Teflis; on y exploite les carrières de sel comme celles de pierres de taille, et les blocs qu'on en retire se transportent sur le dos des buffles (TOURNEFORT) en Arménie. En Caramanie: celui-ci est si dur, qu'on l'emploie dans la construction des maisons des pauvres gens (CHARDIN). En Na tolie: le sel de ce dernier pays provient d'un lac qui se dessèche en certaines saisons.

ARABIE. L'Arabie, comme toutes les plaines arides, ne manque pas de sel; on le trouve même, dit Pline, en masses si solides, près de Gerris, qu'on en bâtit des maisons, en humectant ces masses au moyen d'un peu d'eau, afin de les coller ensemble.

AFRIQUE. Quoique le sel soit très-abondant dans les pays que nous venons de citer, on peut dire qu'il est encore plus répandu en Afrique; ce qui contribue à faire présumer que les plaines arides des pays chauds ont quelque influence sur la formation de cette substance.

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