Billeder på siden
PDF
ePub

fère (Salzthon), qui précède les amas de sel marin rupestre ou qui se montre quelquefois seul : on y place l'origine des sources d'eau salée, si communes dans des pays où on ne connaît encore aucune trace de sel marin, quoiqu'on l'y ait souvent cherché.

Le terrain salifère est souvent à peu près horizontal ou faiblement incliné. Non-seulement sa stratification n'est pas uniforme dans son épaisseur, mais elle est encore très-irrégulière dans son allure, offrant des amas puissants, purs et presque sphéroïdaux, à côté de dépôts brouillés, sinués même, où le sel marin ne se montre plus qu'en petites veines contournées. (Hallein près Salzbourg.)

Les roches et minéraux qui l'accompagnent, offrent un exemple remarquable de généralité et de constance. Ce sont, dans l'ordre de leur présence la plus habituelle :

1. La marne argileuse, et quelquefois la marne calcaire brunâtre. La première est susceptible de s'imprégner d'une grande quantité d'eau, lorsqu'elle est mise à découvert et en contact avec ce liquide. Alors elle se gonfle et augmente tellement de volume, qu'elle ferme en peu de temps les galeries et autres cavités qu'on a ouvertes dans les terrains de sel marin rupestre, et qu'elle exerce sur les parois verticales des grandes cavités une pression telle qu'elle peut former de vastes plafonds, qui se soutiennent d'eux-mêmes et sans aucune étaie. (Hallein près Salzbourg.)

:

Les marnes argileuses sont presque toujours colorées en brun ou en rougeâtre elles présentent de nombreuses ondulations; leurs lits mêmes sont très-fragmentaires, et leurs fragments offrent des surfaces com polies par le frottement.

comme

2. Le gypse sélénite, saccaroïde, fibreux ou compact, pur ou mêlé d'argile, gris ou rougeâtre, et le plus souvent de cette dernière couleur, en lits ou continus, ce qui est assez rare, ou interrompus par des renflements et des rétrécissements, en petits amas, en veinules ou rognons, enfin, dans une disposition qui paraît représenter en petit la manière d'être du sel marin en grand.

3. La karsténite, rougeâtre, laminaire et lamellaire, mêlée plus ou moins abondamment avec le gypse ou avec le sel marin lui-même. 4. Le mélange de toutes sortes de sels, qu'on a nommé polyhalite. 5. Le bitume, peu visible, mais manifestant sa présence par son odeur et ses autres propriétés dans toutes les roches et dans presque tous les minéraux de la formation.

6. Le lignite en petits morceaux ou amas, répandant une odeur particulière, qu'il communique au sel marin et qui lui a fait donner le nom de lignite à odeur de truffe. (Wieliczka.)

7. Le soufre en petits amas ou en cristaux.

On trouve encore associé au sel marin ou dans les roches, soit argileuses, soit gypseuses, qui l'accompagnent immédiatement, du quarı sinople (Almengranilla en Espagne), de l'arragonite, de l'epsomite capil. laire ou cristalline, de la glauberine (Villarubia près d'Ocaña ).

8. Quant à la question des débris organiques qui accompagnent ce minéral dans son propre gisement, elle est beaucoup plus difficile à résoudre, parce qu'il faut distinguer ceux qui se trouvent dans les terrains qui recouvrent les mines de sel marin rupestre, et qui n'ont aucun rapport avec le terrain salifère, de ceux qui font partie des terrains au milieu desquels la formation du sel marin est placée et qui se présentent très-naturellement dans ce terrain, tels que les gryphés, les végétaux filiciformes et autres débris organiques, qui appartiennent au lias et au grès bigarré, et de ceux qu'on peut rencontrer dans les argiles salifères, interposées entre ́les dépôts de sel marin ou dans le sel marin lui-même. Or, la présence de corps organiques dans cette roche est très-incertaine, et l'espèce de ceux qu'on y indique n'est pas toujours clairement déterminée.

Ainsi, les os d'éléphant qu'on cite dans les terrains des mines de sel marin paraissent appartenir aux terrains de transport. qui le recouvrent, et être sans relation géognostique avec la formation de sel marin.

Les coquilles marines qu'on cite dans d'autres mines, appartiennent probablement au lias ou au calcaire conchidien qui enveloppe le dépôt de sel marin.

Mais il n'est pas de même du lignite et des coquilles bivalves qu'on a trouvés dans les mines de sel marin de Wieliczka, etc. ces corps étaient bien évidemment dans la masse même du sel ou au moins dans les marnes salifères qui alternent avec lui, et ils appartenaient directement à l'époque et aux circonstances de sa formation.

On a remarqué que les plantes qui croissent généralement sur les bords de la mer, et qui sont principalement le triglochin maritimum, le salicornia, le salsola kali, l'aster tripolium, le glaux maritima, le chritmum maritimum, etc. se trouvent aussi dans le voisinage des mines et des sources de sel marin, même de celles qui sont le plus enfoncées dans l'intérieur des terres.

L'intérieur des mines de sel marin, lorsqu'on est arrivé à une certaine profondeur, et qu'on a dépassé, en creusant, les lits de marne argileuse, se fait remarquer par l'absence, quelquefois complète, de toute eau souterraine, au point que les masses de sel marin sont tellement sèches, que la poussière qui résulte de leur abattage devient in

commode pour les ouvriers. On a remarqué également que l'intérieur de ces mines n'avait aucune mauvaise influence sur la santé des ouvriers; elles passent même généralement pour être salubres.

Le sel marin fontinal (ou les sources salées), se présente à très-peu de chose près de la même manière que le sel marin rupestre, et dans des terrains qui ne diffèrent pas géologiquement de ceux qui renferment ce sel.

On croit avoir remarqué que les sources salées sortaient en général des parties les plus supérieures des terrains salifères, principalement des marnes argileuses salées (Salzthon). Il est facile d'en attribuer la cause à l'obstacle que ces marnes mettent au passage des eaux souterraines dans les parties inférieures du terrain : il paraît qu'il y a réellement des cas où les sources salées ne sont ni accompagnées ni même suivies de sel marin rupestre, et où elles prennent tout le sel qu'elles contiennent dans les marnes salées, qui constituent alors les seules roches de terrain salifère.

Tantôt les eaux pluviales ont une assez grande influence sur l'abondance et la force des eaux salées, tantôt elles n'en exercent presque aucune. Ces sources tarissent par un grand froid et augmentent par la chaleur, sans que la pluie ou la sécheresse paraissent influer sur ces différences. La pression atmosphérique paraît aussi modifier l'abondance ou la rareté de ces eaux. (STRUVE.)

Tels sont les phénomènes généraux et les particularités de la position du sel marin rupestre et fontinal, qui appartient aux formations de calcaire conchidien et de grès bigarré des terrains de sédiment inférieurs. Mais on croit avoir reconnu deux autres époques de formation de sel marin: l'une serait beaucoup plus ancienne et appartiendrait aux terrains primordiaux de sédiment; l'autre serait beaucoup plus nouvelle et ferait partie du terrain de sédiment inférieur.

On rapporte à la première le sel marin de Bex, celui de Cardonne, etc.

Le sel marin de Bex est en effet interposé dans des roches qui ont tous les caractères minéralogiques des calcaires et même des traumates des terrains primordiaux de sédiment, et M. de Charpentier n'hésite pas à les rapporter avec le sel marin et la karsténite qu'elles renferment, à cette époque géognostique. Mais si, comme cela paraît probable d'après les observations et l'opinion de M. Keferstein, de M. Studer, etc. et j'ose ajouter, d'après les observations que j'ai publiées sur les terrains de Fis et des Diablerets, tous les terrains des Alpes doivent être relevés, c'est-à-dire, rapportés à une époque géognostique beaucoup plus récente qu'on ne le présumait, les terrains de Bex ren

treraient alors dans la série des terrains de sédiment inférieurs et

moyens.

Quant à ceux de Cardonne, ils nous semblent encore trop peu connus pour qu'on puisse avoir une opinion plausible sur leur époque de formation.

M. Beudant rapporte aux terrains de sédiment supérieurs, mais à la partie la plus basse ou la plus ancienne de ces terrains, et par conséquent la plus voisine de la craie, le sel marin rupestre de Wieliczka et du pied des Carpathes : il le place dans la formation d'argile plastique et de lignite, qui appartient à ce terrain. Nous exposerons les faits qui font la base de cette opinion, en décrivant ces mines célèbres.

Les mines de sel marin rupestre ne paraissent pas avoir de position déterminée par rapport à leur élévation ou aux chaînes de montagnes.

On connaît des couches puissantes de ce minéral à une assez grande profondeur au-dessous du niveau de la mer (la mine de Wieliczka est creusée à 260 mètres au-dessous du sol); on en connaît d'autres à une élévation considérable (celle de Hallein près Salzbourg est à 1000 mè. tres au-dessus de la mer; le roc salé d'Arbonne en Savoie est à plus de 2000 mètres.)

On avait cru que ces dépôts étaient toujours situés au pied des chaînes de montagnes du terrain primordial, parce qu'en effet on connaît un bien plus grand nombre de terrains salifères dans cette position que dans les pays de plaine; mais ceux qu'on a découverts en Lorraine, dans le pays de Bade, dans le Wurtemberg, prouvent que leur position n'est point déterminée par un tel voisinage; et si on les trouve plus ordinairement près des hautes montagnes, cela vient de ce que le terrain qui les renferme est plus près de la surface de la terre, au pied des montagnes, que dans les plaines formées de terrains plus récents et recouverts quelquefois de terrains de transport très-épais.

Les généralités qu'on vient de présenter vont recevoir leur confirmation des détails de localités dans lesquels nous allons entrer.

Principales mines de sel marin rupestre et fontinal.

Nous confondrons dans cette énumeration géographique les sources ou fontaines salées avec les mines de sel marin, la position géognostique de ces deux manières d'être du sel marin étant la même.

L'Espagne présente un assez grand nombre de sources salées et quelques mines de sel marin rupestre. Bowles avait déja fait remarquer que ces terrains salifères étaient presque tous situés dans des lieux élevés et

que les sources sortaient généralement du pied des chaînes de montagnes, et notamment des Pyrénées.

Une des mines de sel marin les plus célèbres de l'Espagne est celle de Cardonne ou Cardonna en Catalogne, près la montagne de Montserrat. On a entièrement ignoré pendant long-temps sa position géognostique; on l'a attribuée d'abord à la formation primordiale cristalline, et ensuite à celle de sédiment, c'est-à-dire, aux terrains de transition. Cette opinion, qui était fondée sur la nature cristalline de la roche et des gypses qui l'accompagnent, et sur ses rapports apparents avec les terrains de sédiment des environs, est celle, ou du moins était celle de M. Cordier en 1816. Nous allons donner la description de ce gîte d'après lui: on examinera ensuite s'il convient de le rapporter à la formation générale du sel marin des terrains de sédiment inférieurs ou moyens.

La surface du plateau sur lequel est bâtie la petite ville de Cardonne est élevée, d'après les observations barométriques faites par M. Cordier, de 411 mètres au-dessus de la Méditerranée. La montagne de sel paraît comme isolée et indépendante au milieu d'une vaste étendue de terrain calcaire ou de grès de San-Miguel-del-Fay et du Montserrat. Ses formes tranchantes et ses couleurs rouge et blanche la font facilement distinguer du terrain de sédiment qui l'entoure en forme de fer à cheval ouvert à l'orient dans la vallée de Cardonero. Ce cirque, qui a environ 3 kilomètres de longueur sur un de large, présente presque partout des escarpements. La montagne de sel qui occupe les deux tiers de l'aire du cirque, surpasse à peine 100 mètres de hauteur. Sa forme générale est celle d'une masse irrégulière alongée en dedans, bordée d'escarpements et hérissée de pointes et de crêtes saillantes. Cette masse, presque dépourvue de végétaux, est composée : 1o de sel marin rupestre à structure lamellaire ou laminaire, tantôt limpide, tantôt coloré en rouge ou en brunâtre, tantôt mêlé de petits cristaux de gypse, ou souillé d'argile grise ou bleuâtre ; 2o de gypse mêlé de karsténite. Le sel marin limpide, qui est le plus pur, forme à peine le dixième de la masse. Le sel marin et le gypse sont disposés en couches verticales et parallèles courant de l'E. N. E. à l'O. S. O. c'est-à-dire, dans le sens de la plus grande longueur du cirque. Quelques renflements des couches et quelques sinuosités altèrent le parallélisme en petit, mais point en grand. Les bancs de gypse ne se mêlent pas avec le sel marin.

Les bancs de calcaire de sédiment qui l'entourent se relèvent de toutes parts vers la masse saline, comme pour s'appuyer sur elle; ils l'auraient enveloppée, s'ils eussent été prolongés, et dans le vallon circulaire qui sépare les deux terrains, on voit sur quelques points le terrain salin s'enfoncer sous le terrain de sédiment.

« ForrigeFortsæt »