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Nous commençàmes par examiner si la méthode employée pour cette analyse élémentaire, n'était pas susceptible de perfectionnement, et si surtout, elle s'appuyait sur des principes généraux d'analyse, et en particulier sur les deux suivants :

1o. Dans tous les genres d'analyse, avoir toujours à sa disposition des moyens súrs d'en contrôler directement ou indirectement les résultats, et éviter autant que possible un dosage par différence.

Klaproth n'eût pas découvert la potasse dans les silicates, s'il ne se fût astreint à contrôler les résultats de ses analyses, ni Vauquelin la glucine dans l'émeraude, s'il s'était contenté de doser l'alumine par différence.

De même, si les premières analyses organiques, faites par les deux illustrations dont la France s'honore, sont restées sans modification, à cela près de l'eau, ne le doiton pas aussi à l'obligation que ces deux chimistes s'étaient imposée de contrôler leurs résultats par une évaluation rigoureuse de l'oxigène employé pour opérer la combustion de la substance soumise à l'analyse, et qui manquait à cette substance pour pouvoir être transformée en eau et en acide carbonique.

Si les analyses de M. Chevreul font encore aujourd'hui l'admiration des chimistes, tant en raison des difficultés inhérentes à la nature des matières sur lesquelles il a opéré que par le cachet de vérité qu'elles ont conservé, c'est que lui aussi s'astreignait à un contrôle, en évaluant encore, mais par une autre méthode, la quantité d'oxigène nécessaire à la combustion de la matière organique. En se demandant pourquoi les analyses de M. Berzélius ont acquis une si grande et si juste célébrité, n'est-il pas fa

cile de reconnaître que cela tient à ce que, dans toutes celles qu'il a faites, il a toujours cherché un moyen de contrôle, et, qu'à cet effet, il a eu l'heureuse idée de se servir de la capacité de saturation des corps.

Enfin, si les substances organiques volatiles sont celles dont les proportions des éléments semblent les mieux établies, ne le doit-on pas encore à ce puissant moyen de contrôle imaginé par M. Gay-Lussac, et qui consiste à vérifier la composition élémentaire d'un corps par la densité de sa vapeur. Ce moyen a été employé souvent, et avec beaucoup de succès par plusieurs chimistes distingués, et entre autres par M. Dumas.

2o. Doser autant que possible une substance à l'état gazeux, et méme, s'il se peut, engager un corps gazeux dans une combinaison définie et encore gazeuse, mais dans laquelle le corps que l'on veut évaluer occupe un volume plus considérable.

MM. Gay-Lussac et Thenard ont beaucoup insisté sur les avantages qu'il y a à doser les corps à l'état gazeux. Voici comment ils s'expriment dans leur ouvrage intitulé : Recherches physico-chimiques, tome II, p. 286.

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« Nous pourrions ajouter que l'exactitude d'une analyse consiste bien plus dans la précision des instruments » et des méthodes qu'on emploie que dans la quantité de » matière sur laquelle on opère. L'analyse de l'air est plus exacte qu'aucune analyse de sels, et cependant elle » se fait sur 2 à 300 fois moins de matière que celle-ci. » C'est quedans la première, où l'on juge des poids par les >> volumes qui sont très considérables, les erreurs que >> l'on peut commettre sont peut-être 1000 ou 1200 fois » moins sensibles que dans la seconde, où l'on est privé de » cette ressource. Or, comme nous transformons en gaz

>> les substances que nous analysons, nous ramenons nos » analyses non pas à la certitude des analyses minérales » ordinaires, mais à celles des analyses minérales les plus

>>> exactes. >>

M. Gay-Lussac, en particulier, a obtenu de trop nombreux et trop importants résultats, en procédant en vertu de ce principe, pour qu'il soit nécessaire d'en développer davantage l'utilité.

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Si par la méthode d'analyse actuellement en usage, on se contente de brûler une substance par l'oxide cuivrique, pour la transformer en eau et en acide carbonique, de peser isolément ces deux combinaisons pour en défalquer d'une part la quantité de charbon, et de l'autre la quantité d'hydrogène, puis de faire la somme de ces deux derniers corps pour la retrancher du poids de la matière employée et obtenir par différence la quantité d'oxigène que la matière organique contient; il n'y a que le charbon de rigoureusement dosé, parce que rien ne prouve qu'une portion plus ou moins grande d'hydrogène n'existât déjà dans la substance à l'état d'eau, ou que même une partie de l'eau recueillie et pesée n'ait été fournie par l'oxide cuivrique ou par l'appareil même imparfaitement desséchés.

Or donc, s'il n'y a aucun moyen direct de contrôler les résultats qu'on obtient, en suivant cette méthode, il est évident que sous ce rapport déjà, elle ne s'appuie pas sur le premier principe que nous avons énoncé, si bien établi par l'expérience. Elle perd en outre les avantages que l'on a toujours trouvés dans les applications du second, en mettant l'opérateur dans le cas d'évaluer par des pesées la quantité d'acide carbonique dégagé, au lieu de mesurer ce composé à l'état gazeux.

De plus en plus pénétré de la nécessité de trouver un moyen quelconque de contrôler la quantité d'hydrogène libre qui peut se trouver dans une substance organique, je tentai à cet effet un assez grand nombre d'expériences qui n'ont pas eu toutes le succès que j'en attendais.

Et par exemple, j'avais espéré d'abord, qu'en évaluant exactement la quantité de plomb obtenu par la réduction

de la litharge au moyen d'un poids donné de substance organique, je connaîtrais la quantité de matière réductible, de laquelle, pour connaître le poids de l'hydrogène, il n'y aurait plus eu qu'à retrancher la quantité de charbon. Ces calculs pouvaient s'établir en admettant que 125,48 d'hydrogène fourniraient 12945,50 de plomb, tandis que 76,44 de charbon donneraient au contraire 1294,50 de plomb 2=2589,00.

J'ai dû néanmoins renoncer à ce procédé, parce que, soit que je plaçasse les creusets, dans lesquels la réduction s'opérait, tous ensemble, dans un seul fourneau, ou isolément dans plusieurs fourneaux du même genre, les résultats n'étaient pas les mêmes, ainsi qu'on pourra en juger par le tableau suivant, où se trouvent les résultats de six expériences faites sur 1 gramme de sucre exactement mélangé avec 30 à 35 grammes de litharge:

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J'essayai aussi de déterminer le pouvoir réducteur des

matières organiques en mélangeant celles-ci avec du sul

fate potassique, ou du sulfate barytique, et en les calcinant ensuite dans une cornue, à l'abri du contact de l'air.

Pendant la calcination, l'hydrogène et le charbon devaient réduire en sulfure des quantités proportionnelles de sulfate; quantités qui me semblaient pouvoir être évaluées, pour le sulfate potassique, en établissant la valeur alcalimétrique du sulfure formé pendant la calcination; et pour le sulfate barytique, en dissolvant le sulfure barytique, dans l'acide hydro-chlorique, et en régénérant le sulfate barytique par de l'acide sulfurique.

Mais cette fois-ci encore, l'inégalité des résultats obtenus me fit renoncer à ce second moyen.

Je fus un peu plus heureux en faisant usage d'oxide mercurique, parce que outre l'avantage de pouvoir faci-lement brûler la matière organique, j'y trouvai encore celui d'être à même d'évaluer l'oxigène fourni à la combustion de la matière organique.

Ce premier succès m'encouragea à poursuivre le genre de recherches que j'avais entrepris, et je ne tardai pas à obtenir des résultats qui me parurent surtout intéressants par leur exactitude. Je les devais à l'emploi du sulfate mercurique. Ce sel, outre la propriété dont il jouit, de brûler les matières organiques à une basse température, offre surtout, dans les produits de sa décomposition par l'hydrogène et le charbon, plusieurs moyens de contrôler la composition des matières organiques. En effet, en faisant réagir deux volumes d'hydrogène sur du sulfate mercurique, il ne se dégage qu'un volume d'acide sulfureux, parce que, comme je m'en suis assuré par une expérience directe, la réduction se faisant simultanément sur l'acide et sur la base, et deux volumes d'hydrogène n'absorbant qu'un volume d'oxigène, il en résulte qu'il

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