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Aujourd'huy que ton fils, imitant ton courage, Nous rend de sa valeur un si grand tesmoignage. Que, jeune, de ses mains la rage il déconfit, Estouffant les serpents ainsi qu'Hercule fit; Et, domtant la discorde à la gueule sanglante', D'impiété, d'horreur, encore frémissante, Il luy trousse les bras de meurtres entachez, De cent chaisnes d'acier sur le dos attachez; Sous des monceaux de fer dans ses armes l'enterre, Et ferme pour jamais le temple de la guerre ;

5 Le Dauphin, qui fut ensuite le roi Louis XIII, né à Fontainebleau, le 27 septembre 1601.

6 Cette fable est racontée de diverses manières par les mythologues. Selon Apollodore, ce fut Amphitryon lui-même qui, pour reconnaître son véritable fils entre les deux enfants jumeaux que lui avoit donnés Alemène, fit porter deux serpents dans leur berceau. L'opinion la plus commune, cependant, est que ce fut Junon qui, par haine pour Alemène, suscita ces deux monstres, víctimes du jeune courage d'Hercule. Théocrite a composé sur ce sujet une idylle admirable; c'est sa vingt-quatrième.

7 Et domtant la Discorde....] La naissance du Dauphin apaisa les troubles, en étouffant les projets auxquels la stérilité de Marguerite de Valois, première femme "d'Henri IV, avoit donné lieu.

Ce sera vous qui de nos villes

Ferez la beauté refleurir,
Vous qui de nos haines civiles
Ferez la racine mourir;

Et par vous la paix assurée

N'aura pas la courte durée 2 av 51

Qu'esperent infidellement,

Non lassez de notre souffrance

Ces François, qui n'ont de la France

Que la langue et l'habillement.

Par vous un Daufin nous va naître, etc.

C'est la prédiction que Malherbe faisoit dans une ode qu'il présenta, en 1600, à Marie de Médicis, quand elle vint en France épouser Henri-le-Grand.

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ma muse

lit qu'en Ethiopie il y avoit une statue qui rendoit un son armonieux toutes les fois que le soleil levant la regardoit. Ce mesme miracle (Sire) avezvous faict en moy, qui, touché de l'astre de Vostre Majesté, ay receu la voix et la parole. On ne trouvera donc estrange si, me ressentant de cet honneur, prend la hardiesse de se mettre à l'abry de vos palmes, et si témerairement elle ose vous offrir ce qui par droict est desjà vostre, puisque vous l'avez fait naistre dans un sujet qui n'est animé que de vous, et qui aura éternellement le cœur et la bouche ouverte à vos louanges; faisant des vœux et des prières continuelles à Dieu, qu'il vous rende là haut dans le ciel autant de biens que vous en faites ça bas en terre.

Vostre tres-humble, et tres-obeïssant, et tres-obligé sujet et serviteur,

REGNIER.

3 La statue de Memnon.

4 Ça bas.] On a commencé à mettre ici-bas dans l'édition de 1642.

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P

Fait voir

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[zards,

par sa vertu que la grandeur de France Ne pouvoit succomber souz une autre vaillance; Vray fils de la valeur de tes pères, qui sont Ombragez des lauriers qui couronnent leur front, Et qui, depuis mille ans, indomptables en guerre, Furent transmis du ciel pour gouverner la terre : Attendant qu'à ton rang ton courage t'eust mis, En leur trosne eslevé dessus tes ennemis;

1 Ce Discours, adressé à Henri IV, et composé après l'entière extinction de la Ligue, n'est pas le premier ouvrage de Regnier : il avoit déjà fait quelques satires, comme il le dit lui-même dans la suite. Mais, à l'imitation de La Fresnaye-Vauquelin, qui avoit adressé à Henri II la première de ses satires, Regnier voulut faire précéder les siennes d'un Discours au roy; et Boileau suivit l'exemple de ses devan

Jamais autre que toy n'eust, avecque prudence,
Vaincu de ton suject l'ingrate outrecuidance,
Et ne l'eust, comme toy, du danger préservé :
Car estant ce miracle à toy seul réservé,

2

Comme au Dieu du pays en ses desseins parjures, Tu faits que tes bontez excedent ses injures.

[ment,

Or après tant d'exploicts finis heureusement, Laissant aux cours des tiens, comme un vif monuAvecque ta valeur ta clémence vivante, Dedans l'éternité de la race suivante : Puisse-tu, comme Auguste, admirable en tes faits, Rouller tes jours heureux en une heureuse paix; Ores que la justice icy bas descenduë,

[renduë; Aux petits comme aux grands par tes mains est Que, sans peur du larron, trafique le marchand; Que l'innocent ne tombe aux aguets3 du meschant; Et que de ta couronne, en palmes si fertile,

Le miel abondamment et la manne distile,
Comme des chesnes vieux aux jours du siècle d'or*,
Qui renaissant sous toy reverdissent encor.

2 Comme au Dieu du pays....] Ce vers forme une amphibologie que Regnier eût évitée s'il eût mis (vers 12) vaincu de tes sujets au lieu de vaincu de ton sujet, en construisant sa phrase de cette manière:

Jamais autre que toy n'eust avecque prudence,
Vaincu de tes sujets l'ingrate outrecuidance,

Ne les eust, comme toy, du danger préservé :
Car étant ce miracle à toy seul réservé,

Comme au Dieu du pays, en leurs desseins parjures,

Tu fais que tes bontés excèdent leurs injures.

3 Aguets, vieux mot qui signifioit embûches; d'où vient le terme de guet-appens, formé de l'ancienne expression aguetappensé.. On dit encore être aux aguets, pour guetter.

• Comme des chesnes vieux.]

Et duræ quercus sudabunt roscida mella.

VIRG., égl., IV.

Aujourd'huy que ton fils, imitant ton courage, Nous rend de sa valeur un si grand tesmoignage, Que, jeune, de ses mains la rage il déconfit, Estouffant les serpents ainsi qu'Hercule fit; Et, domtant la discorde à la gueule sanglante', D'impiété, d'horreur, encore frémissante, Il luy trousse les bras de meurtres entachez, De cent chaisnes d'acier sur le dos attachez; Sous des monceaux de fer dans ses armes l'enterre, Et ferme pour jamais le temple de la guerre ;

5 Le Dauphin, qui fut ensuite le roi Louis XIII, né à Fontainebleau, le 27 septembre 1601% 2 7

Cette fable est racontée de diverses manières par les mythologues. Selon Apollodore, ce fut Amphitryon lui-même qui, pour reconnaître son véritable fils entre les deux enfants jumeaux que lui avoit donnés Alemène, fit porter deux serpents dans leur berceau. L'opinion la plus commune, cependant, est que ce fut Junon qui, par haine pour Alemène, suscita ces deux monstres, victimes du jeune courage d'Hercule. Théocrite a composé sur ce sujet une idylle admirable; c'est sa vingt-quatrième.

7 Et domtant la Discorde....] La naissance du Dauphin apaisa les troubles, en étouffant les projets auxquels la stérilité de Marguerite de Valois, première femme d'Henri IV, avoit donné lieu.

Ce sera vous qui de nos villes

Ferez la beauté refleurir,

Vous qui de nos haines civiles
Ferez la racine mourir;

Et par vous la paix assurée,

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N'aura pas la courte durée envy of
Qu'esperent infidellement,

Non lassez de notre souffrance,

Ces François, qui n'ont de la France

Que la langue et l'habillement.

Par vous un Daufin nous va naître, etc.

C'est la prédiction que Malherbe faisoit dans une ode qu'il présenta, en 1600, à Marie de Médicis, quand elle vint en France épouser Henri-le-Grand,, :

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