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Que sert d'armer nos trirèmes pesantes,
« De becs d'airain, de pousser tant de bras
« Sur des brigands, sur des bandes errantes,
« Si cet esclave est tribun des soldats? (1) »

<< Othone contempto, sedet.

« Quid attinet tot ora navium gravi
<< Rostrata duci pondere

<< Contrà latrones atque servilem manum,
<< Hoc, hoc tribuno militum ? »

NOTE.

(1) On voit éclater dans cette pièce l'indignation de l'honnête homme. Horace qui, après la bataille de Philippes et la défaite de Brutus, s'était rattaché au parti de César Octave, ne pouvait supporter la trahison chez les serviteurs naturels et les clients du grand Pompée et de ses fils, adversaires d'Octave.-Nous avons considéré comme un seul mot la dénomination de Voie-Sacrée, si souvent citée dans l'histoire de Rome, en élidant l'e intermédiaire, comme on élide cette lettre pour la versification, dans les mots je vous prierais bien fort, ou moi je ne m'y fierais, vers qui se rencontrent souvent dans Molière. Si c'est une licence, nous espérons qu'elle pourra être excusée.

HORACE ET LYDIE.

(LIVRE III, ODE IX.).

ARGUMENT. Cette pièce, tableau gracieux des querelles ordinaires entre deux amants, pourrait être intitulée la Brouille et le Raccommodement. Elle a fourni à M. Alfred de Musset, de l'Académie française, une pièce agréable pour le Théâtre-Français, dans le goût de l'Epreuve nouvelle, ou de la Gageure imprévue, et qui a été représentée avec succès. On a déjà remarqué qu'Horace se donne le beau rôle dans cette pièce, selon le sentiment qu'il a de son pouvoir, de sa renommée et de son talent, qui honorent celle qu'il a distinguée; et il se borne à dire à l'aimable affran. chie grecque, Lydia, qu'il pourrait peut-être la rappeler près de lui; Celle-ci, flattée dans son amour-propre, accepte avec bonheur cette lueur d'espérance.

HORACE.

Tant que je pensais à te plaire
Et que sans rival, sur mon cœur

Donec gratus eram tibi,

Nec quisquam potior brachia candida

Je pressais ta tête si chère,
Des rois j'égalai le bonheur.

LYDIE.

Tant que je fus ta bien-aimée,

Qu'un feu pur tous deux nous brùla, Lydie heureuse et renommée

Marcha l'égale d'Ilia (1).

HORACE.

De Chloé je subis l'empire,

Au doux luth elle unit sa voix;
Si la Parque veut que j'expire,
Je mourrais content sous ses lois.

LYDIE.

D'une ardeur par lui ressentie
Calaïs me touche aujourd'hui;
Si le sort menaçait sa vie,
Je donnerais mes jours pour lui!

HORACE.

Mais quoi? pour Horace et Lydie
Si Vénus ramenait l'Amour;
De Chloé si je me délie,

Si je te rappelle à mon tour...?

Cervici juvenis dabat Persarum vigui rege beatior.

Donec non aliâ magis

Arsisti, neque erat Lydia post Chloen,
Multi Lydia nominis

Romanâ vigui clarior Iliâ.

Me nunc Thressa Chloë regit
Dulces docta modos et cytharæ sciens,
Pro quâ non metuam mori

Si parcent animæ fata superstiti!
Me torret face mutuâ

Turini Calaïs filius Ornythi;
Pro quo bis patiar mori

Si parcent puero fata superstiti!
Quid, si prisca redit Venus
Biductosque jugo cogit aheneo;
Si flava excutitur Chloe
Rejectæque patet janua Lydiæ ?

C

LYDIE.

Ton cœur de colère s'enivre,
Des zéphyrs moins sûre est la foi;
Qu'importe? avec toi je veux vivre,
Et je veux mourir avec toi!

Quanquàm sidere pulchrior

Ille est, tu levior cortice et improbo
Iracundior Hadrià,

Tecum vivere amem, tecum obeam libens !

NOTE.

(1) Ilia est la même que la prêtresse du dieu Mars, Rhéa Sylvia, mère de Romulus, et célèbre chez les Romains.

REMARQUE.

Nous rappelons ici une observation déjà faite, c'est que les odes d'Horace sont formées de stances ou de strophes distinctes, et il faut absolument faire attention à ces repos, si l'on veut bien comprendre la marche du poëte, surtout dans les odes du genre élevé et majestueux. Nous avons marqué ces repos par des alinéas; mais un espace entre chaque stance eût été préférable. Cette séparation est nécessaire à remarquer, parce que dans la traduction quelques-unes des strophes, telles que dans l'ode à Calliope, finissent et commencent en rimes de même nature, ce qui est régulier pour des fragments distincts comme des stances, et le serait moins pour une pièce suivie, sans aucun repos. Nons répétons aussi ce qui a été indiqué sur les odes de la Providence et de Pindare (pages 122 et suiv.). Le traducteur s'étudiant à modeler le rhythme et à représenter la physionomie grave et antique de l'auteur, sans introduire les enjolivements modernes, a cherché à imiter le róle de la sculpture ou de la gravure, et a essayé de donner comme une répétition réduite et en petit de cette œuvre magistrale de l'antiquité.

L'ÉNÉIDE

PRINCIPAUX ÉPISODES ET FRAGMENTS PRIS DANS L'ACTION DU POEME SUR L'ÉTABLISSEMENT DES TROYENS EN ITALIE, ET RELATIFS AUX ORIGINES ET ILLUSTRATIONS DE ROME.

AVERTISSEMENT.

C'est sur les fondements de l'histoire de son pays et sur des origines traditionnelles que Virgile a composé ce poëme épique, dont Énée, fils de Vénus et d'Anchise, et père de Jules, est le héros. Iules fonda la ville d'Albe, qui précéda celle de Rome. Ce poëme était ainsi pour les Romains une œuvre nationale; il célébrait en même temps César Auguste comme descendant d'Énée, car la famille de Jules César prétendait remonter jusqu'à Iules, fils d'Énée. Ce bel ouvrage fut donc accueilli avec le plus vif intérêt par le peuple romain, dont il chantait la gloire avec celle de son chef. II serait à désirer qu'en France un vrai poëte pût choisir un sujet national pour le pays, et son œuvre serait accueillie avec la même faveur que le fut celle de Virgilc, si le talent se tenait à la hauteur du sujet.

Les épisodes et fragments que nous donnons de l'Eneide sont pris dans les parties qui constituent l'action véritable du poëme; d'abord l'exposition et l'invocation dans le premier livre, et la tempête suscitée par Junon, ennemie des Troyens. Ensuite, au sixième livre, l'arrivée du héros en Italie et sa descente aux enfers; enfin les divers épisodes de ses guerres contre les peuples de l'Ausonie, sur les bords

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AVERTISSEMENT DE L'ÉNÉEIDE.

du Tibre, où il réussit à s'établir par une alliance avec le roi Latinus. Nous avons écarté les divers récits des faits antérieurs ou étrangers à l'action, et qui sont rapportés dans les chants intermédiaires, du livre II au livre V.

Cette action du poëme est renfermée dans l'espace de moins d'un an; car selon les principes des anciens sur le poëme épique, elle ne devait pas excéder les limites de l'année; de même, pour les œuvres dramatiques de la scène, l'action devait se renfermer dans un seul jour et un même lieu, et pour un seul fait principal. C'est ce que Boileau a exprimé dans ces deux vers:

Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli

Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.

Ces règles nous paraissent fondées sur d'excellentes raisons, et leur oubli est peut-être l'une des causes pour lesquelles notre poëme national de la Henriade a été qualifié quelquefois, par des critiques sévères, de gazette rimée, quoiqu'il renferme de magnifiques passages.

Virgile s'est exactement conformé à la règle, et son ouvrage y a gagné en rapidité et en énergie. Le poëme commence au moment où, après sept années de navigation depuis la chute de Troie, et sur le point d'aborder en Italie, il est assailli par une tempête qui le jette sur les côtes d'Afrique.

C'est seulement au sixième livre que le héros aborde en Italie et commence son établissement, sujet unique du poëme. Il s'est à peine écoulé deux mois depuis l'ouverture de l'épopée. On a calculé que les opérations militaires d'Enée en Italie jusqu'à la mort de Turnus, chef des peuples ennemis, sont contenues dans l'espace d'environ sept mois; ainsi l'action entière ne comporte que neuf mois de durée.

Ces essais de poésie sur l'œuvre principale de Virgile ont été faits dans le but de suivre un point milieu entre deux systèmes celui ancien, qui donnait trop de latitude, et celui nouveau, quis'astreint trop littéralement au sens des termes. L'un développait trop les formes et les affaiblissait, l'autre les restreint tellement qu'il les détruit. Des esprits supé

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